Difficile par ces temps d’y échapper. Dans tous les quartiers et toutes les régions du pays, ils fleurissent, prospèrent et toujours rameutent une foule impressionnante de fans mordus de ballon rond.
Sur des terrains vagues pour l’essentiel, ces championnats à la pratique fort courue, se déclinent en des formules diverses:- compétition en phase aller et retour pour celles débutant un peu plus tôt dès les premiers jours du mois de juin avec cependant des effectifs n’excédant pas plus de 20 équipes;
– tournoi direct par éliminations successives;
– et bien aussi, tournoi de prestige pour équipes allégées.
Dans tous les cas, le temps est compté et il est question de l’exploiter favorablement pour garantir le spectacle, occuper les jeunes et arriver à l’apothéose qui est toujours une finale devant se jouer impérativement avant la fin de la première semaine de septembre, date conventionnelle des rentrées scolaires.
Une petite institution…
Vieille pratique devenue au fil du temps une véritable institution, les championnats de vacances sont pour ne pas le cacher, ce qu’on pourrait appeler l’autenthique championnat des jeunes. Ils pallient dans un laps de temps bien déterminé, à l’échec des pouvoirs publics, d’asseoir et affirmer comme cela se devait, une compétition organisée, dédiée à la jeunesse et conçue comme une plateforme de détection des talents.
Faute de ne l’avoir donc pas fait, ces championnats s’organisent à qui mieux mieux. En l’absence d’une réglementation précise, chaque promoteur codifie à sa manière son événement, fixe librement le prix des affiliations et juge par simple bon sens si compte tenu de l’ampleur que pourra prendre ledit événement, une assurance est opportune et la sécurité de mise pour calmer les ardeurs, les inévitables passions et les débordements probables. Et ils sont bien là, ces ferments de l’engagement populaire, alibi inavoué de l’organisation de ces championnats de vacances. Puisqu’ici, là ou ailleurs, ce sont la fierté, l’honneur, la grandeur ou l’importance supposée d’un quartier voire un village tout entier qui sont en jeu.
…pleine de symbolisme
Aucune surprise donc, le temps des vacances venu, de voir nos cités vibrer au rythme d’un tel championnat de vraie proximité. Douala seule en compte plus d’une centaine dont les plus populaires ont pour nom Akwa-foot, Happy-foot de Bonabéri et évidemment Relance-foot de la cité Cicam. La modicité des coûts de billets quand il y en a et la gratuité de principe des stades, favorisent une participation et un engouement que lui envie le championnat national d’élite. Stratégies, calculs et autres contraintes de compétition qui brident l’imagination n’ont pas droit de cité ici. Le football se veut total et l’esthétique du geste toujours recherchée. Et pour cause, les enjeux sont fort éloignés du mercantilisme rageur des compétitions de haute facture. Ils tiennent simplement en la joie à fournir à tout un quartier ou un village, la fierté à voir briller les yeux des proches et sympathisants et surtout, la vraie popularité de contact qu’offre la chaleur des spectateurs anonymes qui ne manqueront pas de colporter à des lieux à la ronde, les exploits réalisés. Le feed-back est automatique et n’attend pas une quelconque appréciation qui viendra bien longtemps a posteroiri de la part des spécialistes institués. Il se mesure en temps réel sur les vivats et les applaudissements de la masse et se prolonge autour des commentaires d’après match auquel il est impossible d’échapper. Les joueurs sont à la fois des plénipotentiaires et des propriétés d’un groupe assimilable à une famille directe. On n’est pas en club où le sentiment d’appartenance et de provenance reste quoiqu’on fasse diffus.
C’est peut-être ce qui explique aussi que les sirènes de l’appel à la participation de ces championnats soient si forts qu’ils deviennent irrésistibles pour nombre de joueurs de l’élite; attirés malgré les risques courus, par le seul élan émotionnel de la proximité partagée avec le club engagé. De même, l’on ne s’étonnera pas non plus que ceux qui ont connu une certaine réussite, n’hésitent pas pour s’illustrer au pays, à revenir dans leur localité d’origine pour promouvoir de semblables tournois. Il y a dans ces gestes, une vérité indiscutable: l’envie de raviver les souvenirs, affirmer aussi qu’après tout, c’est bien ici à la base que tout a commencé et où tout doit se réécrire.