Fraichement élu président de l’étoile filante de Garoua, club mythique de la région du nord, Abdouraman Hamadou fait peur. S’ils ne sont pas connus, ses détracteurs utilisent de gros moyens pour freiner son projet sportif. Refus d’affiliation, intimidations diverses et de tentatives de déstabilisation des membres du conseil d’administration du club sont quelques exemples. Des inconvenances qui n’altèrent pas son ambition principal de « faire d’Etoile filante un club pro ».
Dans un entretien accordé au quotidien Le Jour, l’ancien cadre de la Fécafoot précise ses ambitions.
Pourquoi le dossier d’affiliation d’Etoile filante de Garoua, dont vous êtes le président, n’a-t-il pas été reçu par le président de la ligue départementale de la Bénoué ?
Je n’ai aucune idée des raisons qui ont motivé ce refus. Sur ce point précis, il est mieux placé pour vous répondre.
Selon le président Amadou Madi, vous n’avez pas déposé le dossier au siège de la ligue, mais à son domicile privé…
Malheureusement, la ligue départementale de la Bénoué n’a tout simplement pas d’adresse identifiée. Le seul choix que nous avions, c’était de localiser son président et de lui donner les documents en mains propres.
Apparemment, votre arrivée à la tête de ce club crée quelques remous…
Effectivement, ces derniers jours, plusieurs membres du conseil d’administration du club ont fait l’objet d’intimidations diverses et de tentatives de déstabilisation de la part de certaines personnes notoirement connues comme des membres d’un autre club de la ville de Garoua. Je voudrais inviter ces personnes qui cherchent de l’extérieur à orienter certains choix au sein de notre club de venir tout simplement prendre leurs cartes de membres dans Étoile filante et d’utiliser tous les droits que confèrent nos statuts à ses membres afin de participer sainement à la vie du club. Je voudrais une fois de plus rappeler que notre seule ambition est de faire d’Etoile filante de Garoua un vrai club professionnel avec toutes les infrastructures qu’il faut d’ici quatre à cinq ans. Au vu des persécutions que nous subissons depuis notre assemblée générale du 4 février dernier, deux questions sans réponses hantent mon esprit en permanence : qui a peur de la renaissance d’Etoile filante de Garoua ? Et pourquoi ?
Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir président d’Etoile filante de Garoua ?
J’ai été pendant plus de 10 ans à la Fédération camerounaise de football où j’ai travaillé sur tous les aspects du fonctionnement du football camerounais. Le football fait partie de ma vie. Pas forcément sur le terrain, mais dans les bureaux. 70% du football se joue dans les bureaux. Je n’ai fait que ça pendant plus de 10 ans et je me suis dit que je pouvais mettre mon expérience au profit d’une cause. C’est surtout avec le football des clubs qu’on peut être au contact d’un certain nombre de réalités. Le Cameroun est entré dans une ère de professionnalisation de son football. Et comme vous le savez, j’ai été au premier plan de ce processus de professionnalisation avec la Fifa en 2007 dans le cadre de l’initiative « Gagner en Afrique avec l’Afrique », jusqu’au comité inter ministériel créé en avril dernier et qui a validé tous les textes de la ligue. C’est donc toute cette expérience que je souhaite mettre au service de l’Etoile filante de Garoua, l’équipe de mon enfance, le club que je suis toujours allé supporter. Cette équipe était en berne et nous voulons la relever avec les anciens membres du bureau.
Votre club va-t-il pouvoir exister dans une ville où il y a déjà un mastodonte : Coton sport ?
On n’en est pas encore là. Coton sport est au sein de l’élite alors qu’Etoile filante commence encore au niveau du championnat départemental. Si le football est ce qu’il est aujourd’hui dans le Nord, c’est aussi en grande partie grâce à ces clubs mythiques comme l’Etoile filante de Garoua, Entente de Ngaoundéré, Kohi club de Maroua, qui ont animé le foot dans cette partie du pays dans les années 70 et 80. On a eu Roumdé Adjia, qui malheureusement est redescendu, on a eu Scorpion de Mbé. Il y a de la place pour tout le monde et ce serait une bonne chose que la ville ait plusieurs grands clubs comme cela se voit ailleurs. Si le football a survécu au Nord, c’est surtout grâce à Coton sport qui a gagné des titres au Cameroun et qui a rivalisé avec des grands sur la scène continentale. Il y aura une saine concurrence. Mais, nous voulons créer un club populaire.
De quels moyens disposez-vous ?
Nous avons des membres et des personnalités avec lesquels nous avons discuté. Il y a aussi le sponsoring. Mais pour le début, nous avons les moyens qu’il faut. Nous allons dévoiler notre budget pour cette saison au cours des prochains jours. Tout sera transparent et les gens comprendront comment nous allons nous y prendre pour finir la saison. Nous n’avons aucune crainte parce qu’Etoile filante a beaucoup de supporters. Nous aurons des soutiens nationaux et internationaux. Nous n’avons pas de doute qu’avec une structure fonctionnelle et transparente, les gens vont nous suivre.
D’aucuns pensent qu’Etoile filante n’est qu’un tremplin qui vous permettra de conquérir la présidence de la Fécafoot…
Même s’il y avait une telle ambition, elle serait légitime. Je ne vois pas pourquoi je n’aurai pas le droit d’exister dans le milieu du football de mon pays. J’ai les moyens d’entrer à la Fécafoot sans nécessairement passer par ma région d’origine. Les années que j’ai passées à la Fécafoot, le niveau des responsabilités que j’ai occupées, me permettent aujourd’hui d’entrer dans cette fédération sans toutefois rentrer à Garoua. Non. Mon objectif c’est de montrer qu’il est toujours possible, avec mes collaborateurs, de redonner vie à un club mythique. Il est question de rendre aux gens leur fierté, parce qu’Etoile filante a toujours été le club de cœur de nombreuses personnes.