Toute la planète du football donnait la Côte d’Ivoire hyper favorite du tournoi. Et suivait dans l’ordre le Sénégal et le Ghana. Egypte, Cameroun et Nigéria avaient auparavant raté leur rendez-vous équato-gabonais. Les bookmakers n’avaient pas plus de choix.
Mais les Zambiens ont refusé de se faire imposer quoi que ce soit. Ils ont gardé le cap, malgré les obstacles, malgré les coups du sort. Corps et âmes dévoués à leur « mission » : écrire à Libreville une nouvelle page de l’histoire de leur pays, plus joyeuse celle-ci. Dix-neuf ans après le décès de plusieurs de leurs prédécesseurs en sélection nationale, les joueurs de la Zambie ont réussi l’exploit de venir à bout de la Côte d’Ivoire en finale de la CAN (0-0, 8 tab à 7). Ils ont surmonté la blessure de l’un de leurs cadres, Musanda, dès les premières minutes. Ils ont poussé un «ouf» de soulagement lorsque le penalty de Drogba s’est envolé loin au-dessus du cadre (70e). Et n’ont pas abdiqué lorsque la chance semblait leur tourner le dos après le tir de C. Kalongo, repoussé par le poteau au début de la prolongation (95e).
Malgré leur jeunesse, malgré l’état piteux du terrain au fil des minutes et des chutes de pluie, les Zambiens ont fait preuve de courage et de sang-froid, notamment lors de la séance décisive. Alors que Gervinho a traîné les pieds, pas sûr de son fait, et finalement frappé à côté, alors que Kolo Touré a trouvé Mweene sur la trajectoire, Sunzu n’a pas tremblé. La Zambie pouvait fêter (tous) ses héros. Un rôle de sauveur qui semblait dévolu à Drogba. S’il a raté l’ouverture du score sur penalty, donc, s’il a peiné face à la vitesse de la défense zambienne, le futur attaquant de Shanghaï a tenté de guider les siens jusqu’au bout. Il avait offert une passe magique à Yaya Touré (30e), pour un tir de peu à côté, et a résisté à la pression lorsqu’il a fallu défier à nouveau Mweene, pour le cinquième tir au but de la Côte d’Ivoire.
La Côte d’Ivoire repart invaincue, sans avoir encaissé le moindre but, mais sans le trophée…Mais comme en 2006 (déjà aux tirs au but), Drogba a vu le titre lui filer entre les doigts. «On peut être battus sans prendre de but», disait avant le match Hervé Renard, le sélectionneur zambien. Ce constat a finalement pris corps du côté de la Côte d’Ivoire : sans avoir concédé de but, sans avoir été battue dans le tournoi (finale comprise), elle repart du Gabon sans le trophée derrière lequel elle court depuis 1992. La génération Drogba pourrait ne pas avoir le temps d’écrire une page à nouveau glorieuse. Le flambeau sera peut-être repris par son héritière. Ce ne serait pas une première.
J.Te.