La lettre et l’esprit des dernières nominations au sein des commissions de l’instance fédérale font jaser. D’aucuns y voient une tentative de caporalisation et de confiscation du football national par le clan nordiste. Le service de communication de la Fécafoot relativise et invoque une cabale contre le président Iya Mohammed…
Le fait est passé inaperçu. Mais dans les coulisses pourtant, il fait jaser. C’est que, depuis quelques années, les nominations au sein des commissions nationales fait apparaître une tentative de caporalisation du football par le clan du président Iya Mohammed. C’est en tout cas la lecture qu’en font les détracteurs du patron du palais de Tsinga, lesquels s’appuient sur les dernières nominations du 27 janvier dernier, invoquant «les faits qui parlent d’eux-mêmes. Sur les dix commissions les plus-en vue (sur les vingt-cinq existantes), neuf sont dirigées par des présidents issus du Grand nord. Autrement dit, près de 60% (15 sur 25) des commissions de la Fécafoot sont gérées par des ressortissants issus des régions septentrionales», calcule un observateur.
Selon les tenants de la thèse d’une tentative de caporalisation du football national par le clan Iya, une telle démarche vise à renforcer la position du président de la Fécafoot au moment où sa gestion est de plus en plus décriée, même de l’intérieur. Dans ce cadre, insistent-ils, l’échéance électorale d’avril 2013 n’est pas étrangère à cette manœuvre dont l’objectif serait de verrouiller le pouvoir de Iya Mohammed. «La purge a commencé au début des années 2.000. Chaque année, il prenait le soin d’écarter un ou deux membres gênants. Dans le désordre, on peut citer pêle-mêle, Jean-René Atangana Mballa, Robert Penné, Eugène Ekéké, Nguidjol, Colonel Tchatchou, Prince Ndoki Mukété, et récemment, Charles Emedec, David Mayébi,… De la cuvée de la coupe du inonde 1998, il n’en reste que deux: Alioum Alhadji et Essomba Eyenga, note un détracteur. Mais pour combien de temps encore?»
Mauvaise foi
Autre enjeu avancé, le contrôle de la manne de la Fifa représentant les retombées de la coupe du monde 2010. Ce trésor de guerre, quelque 3 milliards FCFA, devrait servir si on en croit des sources informées, à la construction d’un siège de la fédération digne du Cameroun (2,1 milliard FCFA), à la construction d’un hôtel au centre technique de Mbankomo dans la banlieue de Yaoundé (400 millions FCFA) et à la construction des plateformes dans certains stades du Cameroun (500 millions FCFA). Jusque-là président de la commission de marketing, Alim Konaté, sera un maillon essentiel à la gestion de cette cagnotte en sa nouvelle qualité de président de la commission de passation des marchés. Simple coïncidence? Beaucoup se refusent à le croire d’autant qu’a la commission des finances trône désormais, un autre affidé, par ailleurs collaborateur à la Sodecoton en tant que directeur chargé des finances… Ce qui donne un schéma où on retrouve comme maître d’ouvrage, Iya Mohammed, président de la commission de passation des marchés, Aboubakar Alim Konaté et président de la commission des finances, Sali Oumarou, tous les deux proches parents du président de la Fécafoot.
A la Fécafoot, on balaie ces allégations d’un revers de la main. «Le postulat sur lequel ces gens (détracteurs, ndlr) assoient leurs convictions est faux. Le résultat final ne peut qu’en être biaisé. Pourquoi? Eh bien, se limiter à faire la recension des noms à consonance nordiste au sein des commissions et ne pas le faire pour les ressortissants du Centre-Sud-Est ne peut être que le fruit d’une mauvaise foi manifeste. S’ils le faisaient, ils se rendraient évidemment compte que autant le Grand nord compte comme présidents dix personnalités dont la consonance des noms renvoie aux régions septentrionales autant le même décompte attribue neuf présidents de commissions au Grand sud que les mêmes détracteurs se refusent à réunir dans le même paquet», relativise Junior Binyam. De même l’intéressé botte-t-il en touche la question liée à l’importance supposée des commissions attribuées aux affidés de Iya Mohammed. «De quoi tiendrait cette importance? Il faut savoir qu’il n y a aucune hiérarchie formelle établie entre les commissions. Ce qu’il faut simplement retenir, c’est qu’il y a des organes juridictionnels et de recours et des commissions permanentes qui jouent toutes un rôle de conseil et d’accompagnement auprès du président de la fédération.», conclut notre interlocuteur.
Frédéric BOUNGOU