Au moment où le sport camerounais bat des records de médiocrité et de contre-performance, le bruyant concert des chantiers de reconstruction des grandes nations de football semble, paradoxalement, ne plus avoir d’effet sur le sommeil profond des responsables en charge de ce qu’on a souvent qualifié d’unique fierté nationale.
Treize mois après l’arrivée de Javier Clemente sur le banc de touche des lions indomptables, le technicien basque et son staff ont été priés, par courrier électronique, de plier bagage. Il est reproché à ces derniers la non qualification du Cameroun à la prochaine coupe d’Afrique des nations qui se disputera conjointement au Gabon et en Guinée Équatoriale.
On pensait avoir touché le fond après la campagne désastreuse CAN – Coupe du monde 2010. Sous les commandes de Paul Le Guen, le Cameroun présentait un bilan catastrophique avec 5 défaites en 7 matchs lors des deux compétitions majeures. La faute, semble t-il, à un conflit installé et entretenu par les différents ténors de l’équipe.
Contrairement aux autres nations engouffrées dans le même genre de problèmes, aucun bilan ne sera fait sur les deux sorties manquées des lions. Des sanctions arbitraires viendront diviser davantage le groupe. Certains joueurs sont mis à l’écart sans qu’aucune explication ne soit donnée. Alexandre Song, Idriss Carlos Kameni, Achille Emana… vont à eux seuls porter la lourde charge de notre échec pendant la coupe du monde 2010.
Le contrat de sélectionneur de Paul Le Guen sera rompu unilatéralement et précocement par la Fécafoot et Jacques Songo’o assumera l’intérim. Le Cameroun débute sa nouvelle période par une victoire nette et sans bavure face à la Pologne (3-0) le 11 août 2010. Un groupe homogène voit le jour et Javier Clemente devient le nouveau sélectionneur du Cameroun. Il reçoit pour consigne de ne plus convoquer le trio composé par Alexandre Song, Idriss Carlos Kameni et Achille Emana.
Avec une organisation abracadabrantesque, Samuel Eto’o et ses coéquipiers vont faire match nul contre la modeste équipe du Congo à Garoua. La revendication populaire montante, la Fecafoot et le Minsep se lancent dans une lourde négociation en vue de ramener les bannis dans la tanière. L’autorité du coach espagnol est contestée par la tutelle dans la confection des listes des joueurs. Une grande distraction est organisée entre les multiples voyages en Europe et le très moderne tribunal de la Fecafoot. La perte de temps et d’énergie autour des lions aura enfin raison des performances et résultats. Mieux organisé, le Sénégal peut enfin regarder dans un rétroviseur les lions amaigris de la forêt.
Comme d’habitude, la responsabilité de ce nouvel échec est rapidement décidé. Le staff technique doit s’en aller. Le sixième entraineur depuis le départ d’Artur Jorge (il y a cinq ans) doit aussi plier ses bagages sans aucune forme de procès. Le technicien basque ajoute son nom à une longue liste composée par Arie Haan (2006), Jules Nyongha (2006-2007), Otto Pfister (2007-2008), Thomas Nkono (2009), Paul Le Guen (2010).
Conscientes de l’inefficacité des solutions à court terme, plusieurs nations africaines se sont pourtant tournées vers l’avenir en bâtissant, avec des infrastructures conséquentes, de vraies équipes conquérantes. Les indicateurs internationaux renvoyant les lions dans son passé sombre où les victoires étaient plus la résultante des exploits individuels que l’harmonisation d’un travail ne font pas bouger d’un cran le stoïcisme de nos dirigeants.
Et si c’était finalement la Fecafoot le problème du football camerounais ?