Roger Milla que l’on ne présente plus s’est recemment confié à nos confrères du quotidien Le Jour. Il commente la récente nomination des dirigeants de la Ligue Professionnelle de Football. Milla est aussi le Président d’Honneur de la Fédération Camerounaise de Football et est un salarié de cette structure.
Roger Milla, pourquoi votre nom ne figure-t-il pas dans la liste des dirigeants de la Ligue de football professionnelle, alors que vous avez été approché par Pierre Semengue, le président de cette instance, pour y travailler ?
Je continue à le dire, je ne suis pas pour cette Ligue de football professionnelle, parce que nous n’avons pas encore les moyens pour avoir un championnat professionnel au Cameroun.
Vous n’avez peut-être pas vu mon nom, mais le général Semengue m’a appelé avant-hier (jeudi dernier, Ndlr) pour me dire que j’étais le vice-président de la commission des infrastructures. Il veut peut-être m’utiliser pour trouver des infrastructures, mais je ne le ferai jamais pour des gens qui ne veulent pas comprendre ce que je leur dis concernant le football. Je ne ferai pas partie de cette Ligue professionnelle, parce qu’elle ne m’intéresse pas. Si rien n’est fait, je ne le ferai pas.
Vous refusez la main tendue de Pierre Semengue…
Il n’est pas question pour moi de refuser l’appel de Semengue. Le général Pierre Semengue est pour moi un père. Quand je suis arrivé à Yaoundé au Tonnerre, il fait partie de ceux qui m’ont accueilli. Cependant, un père doit aussi écouter son fils. Je ne voudrais pas que Semengue se retrouve une deuxième fois dans une aventure négative, foireuse. On lui a donné la Ligue nationale de football, il a échoué, tout le monde l’a insulté. A présent, on lui donne la Ligue de football professionnelle, et après, il recevra des insultes. Je ne peux pas accepter ça. Il faut aussi qu’il comprenne qu’il est un général des forces armées, le premier général du Cameroun. Il mérite du respect, il ne doit pas être traîné dans la boue. Pour qu’on lui donne cette Ligue, il faut au préalable avoir tout mis en place, que nous ayons des arbitres, des stades, que tout soit professionnel.
Qui est responsable de cet échec que vous annoncez ?
C’est ceux qui gèrent notre football, vous les connaissez. Je n’ai pas besoin de citer des noms ou une association.
Plusieurs dirigeants de la Fécafoot comptent parmi les dirigeants de la Ligue de football professionnelle…
Vous comprenez bien que c’est toujours la Fédération qui pilote. Si le général Semengue se permet de prendre ces gens de la Fédération avec lui, c’est pour qu’on le mette dans la boue. Je suis vraiment remonté contre cela. J’espère que la Ligue professionnelle ne va pas démarrer. De toutes les façons, je n’ai pas encore dit mon dernier mot ; ma position reste maintenue, je vais tout faire pour que cette Ligue ne démarre pas, je vais le faire. Il n’est pas question que des gens préparent tranquillement des magouilles pour que, quand tout le monde aura oublié, ils mettent leurs batteries en marche. Ce n’est pas bien, ce n’est pas gentil pour tout ceux qui aiment le football depuis des années. Ce n’est pas sérieux.
Pensez-vous que les joueurs puissent trouver leur compte dans cette initiative ?
Il est évident que dans cette initiative, ce sont les joueurs qui vont souffrir ; ils doivent refuser cela. Ils ne doivent pas être pris pour des clowns, pour des esclaves. Ils ne doivent pas aller se tuer sur les terrains pour recevoir des salaires de 50. 000 Fcfa, je ne suis pas d’accord ! Je demande à tous les footballeurs camerounais de première et deuxième division de refuser la Ligue de football professionnelle. Ils ont le droit de le faire, de refuser le démarrage du championnat.
Après la victoire des Lions Indomptables le 5 septembre dernier, certains estiment que la sérénité est retrouvée dans cette équipe. Vous aussi ?
Quelle sérénité, en remportant la victoire contre l’Ile-Maurice ? Même Coton sport de Garoua qui est engagé en Ligue africaine des clubs champions pouvait battre l’Ile-Maurice. Il ne faut pas fermer les yeux aux Camerounais, il ne faut pas leur faire croire que la sérénité est revenue dans leur équipe nationale. C’est une situation malheureuse, car, il ne s’agit pas seulement de la honte des dirigeants de la Fécafoot ou du ministère, mais la mienne aussi. Je suis montré du doigt partout où je passe à cause de cette déchéance. J’aimerais que ce football retrouve sa gloire d’antan, ses meilleurs moments. Mais si on n’impose pas la discipline aux dirigeants de notre football, qu’on ne pense pas qu’on pourra avoir une bonne équipe, l’année prochaine.
Propos recueillis par Ateba Biwolé à Ekoum-Douma