On l’avait quitté déconfit à l’issue de la piètre élimination des Lions Indomptables au premier tour de la Coupe du monde (3 matchs, 3 défaites), on l’a retrouvé hier à Paris avec le sourire au côté de
son ami Usain Bolt. Encore en vacances, l’attaquant de l’Inter Milan
revient sur cette énorme déception, mais affirme qu’il ne quittera pas la
sélection.
Pourquoi une équipe africaine n’a-t-elle pas été championne du monde ?
C’était pourtant le souhait de tous les Africains. D’autant qu’on était vraiment « chez nous ». Le peuple sud-africain a mis le paquet pour que tout se passe bien et le Ghana a dignement représenté l’Afrique.Mais, dans le foot, il y a toujours un petit facteur chance.
L’élimination du Cameroun a été une grosse déception…
J’espère que Dieu me donnera les forces de m’en relever. Je ne parlerai
pas de revanche, mais je jouerai toujours pour mon pays tant que mes
jambes me le permettront.
Le retour au pays a dû être compliqué…
C’est normal, car il y avait une grosse attente. Il faut comprendre le peuple camerounais. Surtout que pour une fois, on ne pourra pas dire que les dirigeants ont bouffé l’argent. On aurait pu faire de belles choses.
A qui la faute ?
Je ne citerai personne, mais les joueurs ont le devoir et le pouvoir de
changer les choses. Certains ont tiré sur moi et j’ai assumé. Car, en tant que capitaine, je suis le dernier à descendre du bateau. Mais il ne faut pas accuser les gens. Arsène Wenger a déclaré au sujet de l’équipe de France qu’il ne fallait pas passer l’éponge. Chez nous, c’est pareil.
Quelle est la part de responsabilité de Paul Le Guen, le sélectionneur ?
Je n’ai rien à lui reprocher et je le lui ai dit. Que les gens l’aime ou pas, il a pris ses responsabilités. Je ne suis pas contre le fait qu’il continue. J’ai essayé de l’aider sans rien lui imposer.
Mais vous lui avez demandé de rejouer dans l’axe après le premier match contre le japon (défaite 1-0)…
Jamais. A l’Inter Milan, j’ai quasiment joué toute la saison sur le côté
droit et, avant le Coupe du monde, j’ai eu une discussion avec le coach
sur mon positionnement. Il m’a dit : « Samuel, on a un coup à jouer si tu joues à droite. » Je lui ai répondu : « Si le Cameroun doit gagner et que Samuel Eto’o doit passer au second plan, c’est ce coup-là que je veux jouer et peu importe où je jouerai. »
L’Espagne est-elle un beau champion du monde ?
Oui. Mais, c’est dommage, car j’avais des amis dans les deux équipes de la finale. J’étais peiné pour certains, mais heureux pour d’autres. L’Espagne est mon deuxième pays.
Qu’avez-vous pensé du fiasco de l’équipe de France ?
Je n’ai pas à juger. De l’extérieur, on peut tout dire. Mais on n’était pas là pour savoir ce qu’il s’est passé. J’ai discuté avec Titi (Thierry Henry). Je n’ai jamais entendu qu’il avait boudé. Le coach a fait ses choix.
Allez-vous suivre votre entraîneur José Mourinho au Real Madrid ?
José est un grand monsieur, mais je suis encore en vacances. Je parlerai de ma carrière dans deux semaines, quand je reprendrai l’entraînement avec l’Inter.
Deviendrez-vous un jour sélectionneur du Cameroun ?
Oui, devenir un jour sélectionneur, c’est l’un de mes souhaits. Au début
de ma carrière, j’avais deux objectifs : remplir mes devoirs de joueur avec la sélection et créer un centre pour qu’il y ait une relève. Je les ai atteints tous les deux. Maintenant, j’attends que mes jeunes frères arrivent en équipe nationale pour pouvoir partir.
PROPOS RECUEILLIS PAR FARID ZOUAOUI ET AURÉLIEN PHILIPPE-GÉRARD