Diego Forlan a marqué de son empreinte ce Mondial 2010. Ses cinq buts, sa classe et sa combativité ont permis à l’Uruguay de retrouver les sommets. Et il a été élu meilleur joueur du tournoi.
Avec ses cinq buts marqués lors du Mondial, Diego Forlan finit la saison avec un total de 36 réalisations toutes compétitions confondues.
Il n’était pas le plus attendu. Pourtant Diego Forlan a bien été l’une des stars du Mondial sud-africain. Parmi les Messi, Ronaldo, Rooney, Kaka et autre (…), c’est bien lui qui a crevé l’écran. Avec cinq buts marqués en sept matches et une place de quatrième avec l’Uruguay, l’attaquant de la Celeste se souviendra longtemps de sa deuxième Coupe du monde. A 31 ans, il s’agit sans doute de sa dernière. L’apothéose d’une carrière riche mais chaotique, durant laquelle le buteur a constamment progressé. Et pourtant, au début, ils étaient peu nombreux à croire en lui.
Issu d’une famille de footballeurs (un grand-père sélectionneur et un père international), le petit Diego s’est d’abord essayé au tennis, jusqu’à l’âge de 14 ans. Lorsqu’il a été rattrapé par la passion familiale. Penarol puis l’Independiente en Argentine lui ont permis de s’aguerrir avant de débarquer en Europe, à Manchester United, là où tout à commencer. Là où tout a bien failli s’arrêter aussi.
En Angleterre, sa première saison a tourné au calvaire : aucun but marqué, une association avec Van Nistelrooy qui ne fonctionne pas, des supporters qui le prennent en grippe, la déprime n’est pas loin. Quatre ans durant, Forlan va tenter de se faire un nom mais jamais il n’y parviendra. Heureusement l’Espagne ne lui en tient pas rigueur. Il rebondit à Villarreal, où il affole les compteurs, avant de rejoindre la capitale, Madrid, et son Altetico irrégulière au possible. Le pari est risqué mais gagnant. Là encore, il enfile les buts à la pelle (il est élu Soulier d’Or en 2005 et 2009) et devient «Le Sorcier», surnom attribué pour ses prouesses à répétition avec le ballon. S’il ne possède pas un gabarit impressionnant (1,81m, 75 kg) ni une technique foudroyante, Forlan est en revanche un joueur complet, qui ne rechigne pas devant l’effort et capable d’un exploit à tout moment.
«Il est rapide et peut frapper des deux pieds. Beaucoup de gens ne savent pas s’il est gaucher ou droitier. (Alex) Ferguson l’ignorait après avoir regardé des vidéos sur lui», se souvient notamment son père, Pablo Forlan, qui sait de quoi il parle pour avoir disputé les éditions 1966 et 1974 du Mondial. De loin, le blondinet, plutôt « beau gosse », ne ferait pas peur à une mouche. Mais à y regarder de plus près, ses adversaires ont souffert pendant un mois. C’est bien simple, Forlan était partout ! Outre ses cinq réalisations, qui portent son total à six buts en huit matches de Coupe du monde (avec celui inscrit contre le Sénégal en 2002), l’attaquant a surtout pesé sur les défenses et beaucoup tenté. Quelle que soit la distance. Sa grosse frappe de balle, il l’a utilisée à maintes reprises. Derrière Lionel Messi (22), il est deuxième joueur à avoir le plus tiré hors de la surface (21). Derrière Asamoah Gyan (33), il est aussi le deuxième à avoir le plus frappé (32), tout simplement. Avec 10 coups francs directs tapés, mais aussi 35 corners et 50 centres, «El Cachavacha» s’est démultiplié pour le bien de son équipe. Signalé hors-jeu seulement quatre fois durant toute la compétition, son repositionnement légèrement en retrait des deux pointes, après le match d’ouverture face à la France, l’a sans doute aidé. En partant de loin, il a aussi pu faire valoir son excellent jeu de passes. 54% d’entre elles ont trouvé preneur.
«Plus qu’un excellent footballeur et un grand professionnel»
Mais s’il est une autre qualité que Diego Forlan possède également, c’est son tempérament. Moins hargneux que ses compères sud-américains, il est néanmoins très combatif. Jusqu’au bout par exemple, dans la finale pour la troisième place, il s’est battu pour arracher le match nul face à l’Allemagne (2-3). Malgré une blessure à une cuisse, il a serré les dents. Et si son ultime coup franc n’avait pas trouvé la barre transversale à la dernière minute, qui sait si Forlan n’aurait pas fini meilleur buteur de la compétition… «Il y a beaucoup de bien à dire de Diego, qui est beaucoup plus qu’un excellent footballeur et un grand professionnel, il est là dans les grands matches», témoignait son entraîneur, Oscar Tabarez, quelques heures plus tôt. Lui au moins, il a répondu présent. Tout le monde ne peut pas en dire autant.
Hugues SIONIS