Depuis la tentative de rébellion avortée de la coupe du monde 1990, aucun clan ne s’était dévoilé aussi publiquement pour naviguer à contre courant comme l’a été « le groupe des rebelles » de la coupe du monde 2010. Un groupe qui a été soudé par les tâtonnements, la méconnaissance des us et coutumes camerounais du sélectionneur, leur récrimination personnelle, mais surtout par le peu de respect qu’ils vouent en la personne de Samuel Eto’o, le nouveau capitaine.
Si la marmite bouillait depuis le début du stage en Autriche, le groupe s’était passé le mot d’attendre l’échéance de la FIFA et le choix des 23 avant de se manifester.
L’absence du nouveau capitaine à Lienz a aussi décrispé les mœurs, même si les motifs de ses vacances prolongés n’ont pas plu. Le plan de déstabilisation était donc planté, mais nul ne se doutait de la tournure des évènements.
Pourquoi se sont-ils rebellés ?
Difficile d’y répondre avec précision puisqu’ils n’y arrivent pas non plus. Mais tout tournerait autour de la mainmise de Samuel Eto’o auprès de Paul Le Guen. De la mise à l’écart de certains « titulaires » au choix des hommes, le groupe est convaincu que le coach n’est qu’un faire-valoir. Eto’o le manipulerait comme il manipulerait tous ceux qui lui résiste.
Les jeunes recrues sont pointés du doigt. On les accuse de n’avoir accepté de jouer pour le Cameroun qu’après la qualification pour le mondial alors que les « vrais camerounais » sont ceux qui ont « transpiré » pour qualifier l’équipe. L’ambiance se gâte, les jeunes sont pris au piège, Paul Le Guen et son staff sont esseulés. La fissure s’agrandit, la cassure est consommée.
Alexandre Song Billong et Achille Emana sont ceux qui se sont mis le plus en évidence. En arrière plan, les administrateurs voient la main invisible de Rigobert Song qui voulait, selon eux, se venger de la perte de « son » brassard.
Entre les hésitations des uns, les peurs des autres et de silence de certains, le déballage attendu se fera encore attendre. Probablement pour très longtemps encore.