Ballon de «volleyball de plage» ou de «supermarché»? Le coup d’envoi du Mondial 2010 n’a pas encore été donné que son ballon officiel, le Jabulani, a déjà été vertement critiqué par les principaux gardiens pour sa trajectoire capricieuse, que son concepteur met sur le compte de l’altitude.
En isiZulu, le mot «jabulani» signifie «faire la fête». Et les gardiens ont la désagréable impression qu’en Afrique du Sud, ce sera leur fête, justement. D’où le cri du coeur des trois portiers se disputant a priori le titre officieux de meilleur gardien du monde.
Iker Casillas, capitaine de l’Espagne: «C’est déjà triste qu’une compétition aussi importante qu’un Mondial ait quelques jours avant ses débuts comme protagoniste un ballon à cause de ses très mauvaises caractéristiques».
Julio Cesar, le numéro 1 du Brésil, autre grand favori de la Coupe du monde: «Ce ballon est horrible, on dirait un de ces ballons qu’on achète au supermarché». Le champion du monde en titre Gianluigi Buffon a quant à lui carrément lancé que c’était «une honte de jouer un tournoi aussi important avec ce ballon».
Pourquoi? «C’est un ballon très spécial, similaire à un ballon de volleyball de plage, détaille le portier chilien Claudio Bravo. Au moment du contact avec les mains, on sent plus de poids, il bouge plus qu’un ballon normal».
Tout bénéfice pour les buteurs? Pas forcément. «Le ballon est surnaturel, estime l’attaquant brésilien Luis Fabiano. Quand on tire, on ne sait jamais où il va aller. Il décrit une trajectoire très bizarre».
«Vol d’une stabilité inégalée»
Adidas, qui le commercialise, avait pourtant parlé lors de sa présentation en décembre d’«un ballon à la fois petit et lourd, ce qui lui confère un maximum de précision, d’accroche et un vol d’une stabilité inégalée».
Le porte-parole de l’équipementier allemand, Thomas Van Schaik, s’est depuis dit «assez surpris» par les critiques: «Nous avons commencé à l’utiliser en décembre dans de nombreux championnats et toutes les réactions ont été positives. Nous l’avons en outre distribué à toutes les sélections pour qu’elles s’y habituent, mais on dirait qu’elles n’en ont pas profité».
Ce ballon marque une rupture technologique, étant composé de huit panneaux soudés thermiquement, selon l’équipementier. Pour la première fois, ces panneaux sont parfaitement sphériques, ce qui fait du Jabulani le ballon le plus rond possible.
Mais peu importe la technologie, selon son concepteur: «La ballon est utilisé depuis décembre et a suscité très peu de commentaires», rappelle Andy Harland, de l’Institut de technologie des sports à l’université britannique de Loughborough. «Les équipes sont allées en altitude et c’est à ce moment-là que les commentaires sont apparus», poursuit-il.
«Nous avons toujours dit que cela affecterait le ballon, mais il faut dire que n’importe quel ballon est affecté quand on joue avec en altitude, a-t-il ajouté sur Sky Sports News.
Pourtant, Adidas avait souligné que cette technologie garantissait «une stabilité exceptionnelle au ballon et un contrôle optimal compte tenu des conditions climatiques particulières que rencontreront les joueurs en Afrique du Sud»…