Les quelques sélections nationales comme le Cameroun qui vivront au bord de la mer lors du Mondial-2010 devraient être handicapées lors des matches à 1.700 mètres, selon des médecins, sans pour autant être condamnées à l’échec à cette altitude plutôt moyenne.
Avec l’altitude, l’oxygène se raréfie (hypoxie) et la consommation maximale d’oxygène, directement liée aux performances d’un individu, diminue simultanément. Ainsi, à 1.700 mètres, altitude proche de celle de Johannesburg, ville hôte la plus élevée (1.753 m) qui accueillera notamment la finale le 11 juillet, « on est entre 5 à 10% de baisse de performance », indique le Pr Jean-Paul Richalet, médecin du sport à l’hôpital Avicenne de Bobigny et spécialiste de l’altitude.
Mais l’impact n’est pas le même sur tous et l’adaptation à l’altitude est déterminante pour la performance. « Si vous restez tout le temps au niveau de la mer et que le jour de la compétition, même à 1.700 mètres, vous montez, vous serez handicapés par rapport à une équipe qui aura séjourné à cette altitude », estime ainsi le Pr Richalet, pour qui un « temps d’acclimatation est nécessaire pour que l’organisme développe l’accélération du coeur, de la respiration et un peu de globules rouges en plus » pour compenser le manque d’oxygène.
C’est pourtant le choix qu’ont fait les sélections française, japonaise, danoise, algérienne, nigériane, grecque, camerounaise et ivoirienne, qui installeront leur camp de base sur la côte sud-africaine.
D’autres facteurs plus importants
Peut-être comptent-elles en échange sur un climat plus doux pendant l’hiver austral, sur une meilleure récupération et un entraînement plus efficace. « En s’entraînant en altitude, on va s’adapter mais on va pouvoir moins pousser l’entraînement. Au niveau de la mer, on pourra fournir des entraînements maximaux, donc c’est une balance qui est difficile à faire », explique ainsi Andy Marc, de l’Institut de recherche bio-médicale et d’épidémiologie du sport.
Côté français, où les trois premiers matches seront disputés entre 0 et 1.400 mètres, on doute des effets d’une altitude jugée « modérée ». « On sait très bien que les effets de l’altitude, c’est le plus souvent à partir de 1.800-2.000 mètres. En dessous il n’y a quasiment aucun effet », assure ainsi le professeur Pierre Rochcongar, médecin de la Fédération française de football, mettant en avant d’autres facteurs du choix du camp de base, en particulier « la vie du groupe ».
Il a malgré tout recommandé aux Bleus un stage en altitude pour se préparer: à Tignes, du 18 au 25 mai. « Sur une durée aussi courte, ça n’a aucun effet sur les bénéfices potentiels qu’on attend d’un stage en altitude », conteste Grégoire Millet, professeur à l’Institut des sciences du sport de l’université de Lausanne et expert en hypoxie pour l’équipe d’Algérie.
Le camp de base des Fennecs sera aussi au niveau de la mer, mais « ils n’ont pas eu le choix » et sont « conscients du fait que ça peut potentiellement poser des problèmes », indique M. Millet. D’où un stage -plus long- de deux semaines à Crans-Montana (Suisse), pour s’habituer également aux trajectoires du ballon, « sensiblement différentes » en altitude.
Dans tous les cas, « il ne faut pas non plus exagérer l’importance de l’altitude dans cette compétition. A La Paz (3.500 m), ce serait le facteur déterminant, mais à 1.700 m, on est à une altitude moyenne », reconnaît le Pr Richalet, évoquant d’autres « facteurs plus importants » comme la technique des joueurs, la tactique, la condition physique…