En matière palmarès de football, il faudra désormais faire le tri de la façon suivante: Samuel Eto’o et le reste. Et pour cause, en remportant la finale de la League des Champions avec l’Inter de Milan au stade Bernabeù de Madrid le samedi 22 mai 2010, Samuel Eto’o Fils est définitivement entré dans l’histoire. Il est le premier joueur de la galaxie football à réaliser deux triplés (championnat, coupe et champion’s league européenne) de suite dans deux clubs différents. Le capitaine des Lions indomptables du Cameroun avait réalisé la même performance avec le FC Barcelone la saison dernière. Et last but not the least, c’est la quatrième Ligue des champions européenne que remporte Samuel Eto’o après ceux de 2000 au Real Madrid, 2006 et 2009 avec le FC Barcelone, même s’il se plait à oublier sciemment celui de 2000.
Et pourtant, en début de saison, beaucoup avaient enterré vivant le goleador camerounais qui sortait pourtant auréolé du titre de meilleur buteur en championnat du FC Barcelone (30 buts). Malgré cet impressionnant apport offensif, l’attaquant camerounais sera littéralement chassé et échangé par le Barça contre Zlatan Ibrahimovic avec en prime 46 millions d’euros versés à l’Inter. Barcelone l’ayant carecaturé à tort comme individualiste, l’international Camerounais va travailler d’arrache-pied d’un commun accord avec son entraîneur portugais José Mourinho, pour impliquer le reste du groupe dans la stratégie de la gagne. Il montrera l’exemple en délaissant l’axe (la pomme de discorde avec Pep Guardiola au Barça) pour un rôle ingrat : celui de attaquant-milieu-excentré-bloqueur. Il n’hésite pas, quand c’est nécessaire, à revenir jouer latéral-ailier (à l’ancienne). Ce qui ne l’a pas empêché d’inscrire 12 buts en championnat (second meilleur buteur derrière Milito à qui Eto’o laissait même la charge de tirer les penalties !) et deux buts en champion’s league.
Pour Paul Le Guen, ce repositionnement de Samuel Eto’o par Mourinho est un plus : « C’est une évolution assez logique de sa carrière. A Barcelone déjà, il commençait à jouer assez souvent sur le côté. Quand on avance dans la carrière, c’est dur de tenir la position d’avant centre sur la durée des matchs. Là, il joue attaquant de côté et je trouve que ça lui correspond bien ».
Pour clôturer une saison bien pleine, Eto’o a été décisif contre la Juventus et la Roma en championnat ou contre Chelsea à Stamford Bridge (l’unique buteur des quart de finale retour). Maillon indispensable dans le « catenacio » mis en place par Mourinho pour barrer la route au FC Barcelone lors des demi-finales retour (0-1) au Camp Nou, Eto’o a ainsi fermé le clapet à Pep Guardiola qui a vu ses rêves s’écrouler, tel un château de carte et cela avec une humilité qu’on ne lui connaissait pas.
Réputé l’homme des finales des champion’s league européenne, Eto’o avait été buteur contre Arsenal en 2006 au Stade de France, puis de nouveau l’an dernier contre Manchester United au Stadio Olimpico de Rome, Eto’o a joué un rôle capital dans ces deux finales gagnés par le Barça, un autre but à Santiago Bernabeu pour l’Inter le 22 mai dernier devrait lui permettre de réduire l’écart avec Alfredo Di Stefano qui a réussi l’exploit de marquer dans les cinq finales qu’il a gagnées.
Notre jugement sur le ballon d’or européen? Trop étroit pour lui
Avec ce troisième champion’s league, Eto’o garnit davantage son tableau de chasse déjà bien riche d’un titre olympique en 2000 et de deux éditions de Coupe d’Afrique des nations (CAN), remportées en 2000 et 2002 avec le Cameroun. Eto’o a également à son actif trois Ballon d’or de meilleur footballeur africain (2003, 2004 et 2005) et aurait logiquement mérité un autre en 2009 si la CAF se voulait conséquente. Pour 2010, on verra même si c’est encore trop tôt. Le capitaine des Lions indomptables est aussi le meilleur buteur de l’histoire de la CAN avec 16 réalisations en cinq éditions. Et surtout, il est le seul joueur au monde à avoir gagné deux triplés d’affilée dans deux championnat différents.
A 29 ans, Eto’o devrait prendre part à sa troisième Coupe du monde à partir 11 juin 2010. Qui dit mieux ? Aucun joueur en activité ne peut prétendre brandir un tel palmarès. Un seul mot peut résumer un palmarès si gargantuesque : LÉGENDE.
Cette légende vivante ne rêve plus que d’un trophée. Et celui-là ne peut s’obtenir qu’au bout d’un sacrifice énorme, un sacrifice bien plus méritoire que celui qu’il a accompli avec l’Inter. Le seul trophée qu’il aurait aimé décrocher, pour lui, pour sa famille, pour ses amis, pour son peuple. Et celui là, c’est sa prochaine mission. La Coupe du Monde de la FIFA.
Un proverbe dit de donner à César ce qui appartient à César. Eto’o a mérité ses trophées en club et c’est à juste titre qu’il faut le féliciter. Dès l’instant d’après, il devra tout aussi se rendre disponible pour le groupe Cameroun.