Rigobert Song et Geremi Njitap figureront-ils parmi les joueurs retenus par Paul Le Guen en vue de la prochaine Coupe du monde ? Alors que le sélectionneur des Lions doit communiquer lundi une première liste, la question se pose au Cameroun. Décryptage.
Lundi prochain, Paul Le Guen révélera au cours d’une conférence de presse, la liste des joueurs présélectionnés pour le Mondial. Une trentaine de joueurs seront convoqué dans la deuxième moitié du mois en cours pour un stage préparatoire à la phase finale de la Coupe du monde. De source bien introduite, les noms de Geremi Njitap et Rigobert Song Bahanag devraient y figurer. Apres une phase finale de la CAN au bilan catastrophique, leur absence le 3 mars, pour l’amical face aux champions du monde italiens (0-0), avait été interprétée comme la retraite forcée et anticipée de ces deux qui ont régné au sein de la tanière pendant environ une décennie. C’était d’ailleurs l’exigence de bons nombres de fans des Lions.
Un peu plus d’un mois après, Paul Le Guen avait profité d’une conférence de presse à Douala pour tirer au clair la polémique suscitée par l’absence des deux joueurs à Monaco, face à l’Italie. « Je tiens à préciser une fois de plus que ces deux ne sont pas totalement mis à l’écart de l’équipe. Ils sont simplement en situation de concurrence, le temps d’essayer d’autres joueurs à ce poste et d’avoir une bonne visibilité au moment de faire des choix définitifs », avait déclaré le technicien français. A cette même occasion, le sélectionneur s’était dit satisfait du fait que Geremi Njitap avait beaucoup de temps de jeu dans sa nouvelle équipe d’Ankaragucu, en Turquie, contrairement à l’ancien capitaine des Lions, devenu un abonné du banc de Trabzonspor.
Le week-end dernier, de retour d’un voyage de « supervision » où il a vu jouer les deux intéressés, l’entraîneur des Lions avait publiquement fait savoir que « Geremi a fait un bon match ». Suffisant pour annoncer la couleur du retour de ces deux footballeurs en sélection nationale ? Dans tous les cas, notre source proche de l’entraîneur affirme que Song et Njitap figurent dans la liste des joueurs qui seront convoqués pour préparer le rendez-vous sud-africain. « Ils feront même partie de la liste définitive. »
Un déplacement folklorique ?
La décision de Le Guen de se rendre en Turquie pour superviser Song et Njitap, annoncée par la Fécafoot, sur son site officiel, est qualifiée de ridicule et de folklorique par certains observateurs avertis du football camerounais. « A un moment donné le staff des Lions fait plus de folklore que l’essentiel. Qu’on nous dise aujourd’hui à la veille du Mondial, qu’on est aller superviser Song et Geremi, il y a mieux à faire, on n’a pas besoin d’aller sur place pour savoir ce qu’ils sont devenus alors qu’on pouvait mettre ce temps à profit pour découvrir des perles rares ailleurs. Song et Geremi sont des joueurs que Le Guen connaît, avec leurs forces et leurs faiblesses. S’il est question de les sélectionner qu’on le fasse sans chercher des alibis », estime Jean Youdom, adjoint de Pierre Lechantre lors de la conquête de la CAN 2000.
Joseph-Antoine Bell, ancien capitaine de la sélection camerounaise, est du même avis. L’ex-portier présume que Paul Le Guen aurait fait le voyage pour d’autres buts. « Je pense que l’entraîneur n’est pas allé en Turquie dans l’objectif de superviser le joueur, a jugé l’ancien joueur de l’OM. Je ne crois pas. Je pense qu’il y avait d’autres raisons. (…) Il est logique d’aller voir des footballeurs à l’occasion d’un match mais dire qu’on va superviser Song et Njitap, superviser n’est pas le bon mot. Cependant, il n’est pas tenu non plus de divulguer tous les détails de ce qu’il fait. Il est allé en Turquie, oui, il a rencontré ces joueurs-là, oui, mais est-il allé voir ce qu’ils vaillent ? Non, je ne pense pas », conclut Bell.
L’influence d’Eto’o en question
Selon une source au sein de la tanière des Lions, l’expédition de Paul Le Guen en Turquie aurait eu pour réel prétexte « une causerie franche et sérieuse avec ces deux joueurs qui ont encore de l’influence sur le groupe. » La rivalité entre les clans au sein de la sélection ayant été l’une des causes de l’échec des anciens champions d’Afrique en Angola. « Il est donc question pour Le Guen, de trouver des voies et moyens pour ramener la sérénité dans les rangs. C’est le prix à payer pour un Mondial sans tempête. »
L’ambiance au sein de la tanière des Lions avait déjà été évoquée lors de la dernière sortie du technicien français face à la presse à Douala pour savoir le véritable rôle du capitaine Samuel Eto’o. On attribue fréquemment au joueur de l’Inter un rôle dans le choix des hommes sélectionnés et alignés par Paul Le Guen. Une attitude qui aurait créé des scissions au sein de l’équipe où existe une rivalité entre des clans. « Le capitaine ne décide en rien du onze entrant, même pas du choix des joueurs à convoquer, avait rétorqué le Breton. Certes, je m’appuie sur lui et échange avec lui quand c’est nécessaire pour la gestion du groupe, mais je suis le seul qui décide de la tactique et du choix des hommes à aligner. Parlant des clans, oui, il en existe comme dans toutes les équipes au monde. Mais avec une bonne communication, on parvient à orienter tout le monde dans le sens du résultat escompté. » Paul Le Guen et son staff devront passer de la théorie à la pratique durant le Mondial, au cours duquel le Cameroun affrontera le Japon (14 juin), le Danemark (19 juin) et les Pays-Bas (24 juin) dans le groupe E.
Paul Nana )