Nous vous présentons la troisième partie de la conférence de presse des dirigeants techniques de l’équipe nationale du Cameroun du dimanche 11 Avril 2010.
Troisième partie : Stage des joueurs Locaux
1- On constate que vous préparez en même temps la coupe du monde et vous voulez rajeunir cette équipe. Avez-vous eu suffisamment de temps pour ces deux objectifs ?
Paul Le Guen : L’objectif de la coupe du monde est suffisamment fort pour qu’on se préoccupe de ça et rien que de ça. Après, cet objectif de la coupe du monde n’est pas incompatible avec un esprit de responsabilité. Je vous disais tout à l’heure, les cas de Joël Matip, Gaétan Bong, Choupo-Moting sont compatibles avec cet objectif. Si ces joueurs sont logiquement dans les 23, pourquoi on va s’en priver ? On fait coup double, on prépare la coupe du monde et en même temps on protège l’avenir de l’équipe nationale. Est-ce que c’est mieux de les laisser partir faire une sélection à l’équipe d’Allemagne ou de France ? C’est mieux de viser la coupe du monde et protéger l’avenir de l’équipe nationale.
2- Quel est l’objectif précis de ce stage. Est-ce simplement pour faire plaisir à certaines personnes qui souhaitent que les joueurs locaux soient sur la liste de la coupe du monde, où alors vous pensez sincèrement que les joueurs amateurs ont leur place dans cette équipe ?
Paul Le Guen : Nous, on est guidé par l’unique objectif de faire la meilleure équipe et la meilleure sélection possible, et surtout avoir le meilleur résultat possible, et pour avoir le meilleur résultat c’est constituer la liste la plus équilibrée. Ll’objectif de ce stage est d’avoir une belle découverte, une ou deux belles surprises. Je trouve que c’est la moindre des choses de donner leur chance aux meilleurs joueurs du pays, et après si on juge que les 23 sont à l’étranger on ne va pas se gêner. Je n’ai pas de problème avec d’éventuelles critiques, ou d’éventuelles prises de position. Ça ne me gène pas. Je trouve normal que chacun ait son avis. Au final, ce seront les meilleurs qui seront sélectionnés. Nous, on va se placer en observateur, on va les faire travailler, on va les faire évoluer à travers des matches, des exercices d’évaluation et en fonction de ça, on choisira. Je n’en prendrai pas cinq pour contenter le peuple camerounais. Pas forcement. Je ferais en fonction de ce que j’estime bon pour l’équipe nationale.
3- En février dernier lors de la conférence de presse après la CAN, vous avez dit que le Cameroun n’atteindra pas l’étape des quarts de finale de la coupe du monde ?
Paul Le Guen : Il y a eu un mal entendu. Effectivement, j’ai dis si on va en quart de finale, ce serait un bon résultat. Je n’ai pas dit qu’on n’atteindrait pas les quarts de finale. On a une divergence de point de vue. Je continue à penser ça. Vous pensez qu’un bon résultat c’est atteindre la finale ? ce serait un résultat encore meilleur ; mais je trouve que les quarts de finale, ce serait déjà un bon résultat pour moi. Mais on va essayer de faire mieux, mais c’est déjà pas mal.
4- La coupe du monde se joue en Afrique du sud en plein hiver et vous préparez la coupe du monde en Europe en plein été. Ne pensez vous pas que les joueurs auront quelques soucis en Afrique du Sud ?
Paul Le Guen : On a réfléchi à ça, mais on ne va pas se mettre dans la région la plus chaude. Je remarque qu’on va se mettre à un endroit ou beaucoup de sélections vont s’établir, en Autriche. Ce sont des régions calmes, les terrains sont bons, on peut faire des matches amicaux. Je suis content du programme qu’on a réussi à établir. Le programme est équilibré. On va passer par Yaoundé avant de partir en Afrique du sud. Je suis content du programme qu’on a réussi à établir. On va le détailler vendredi en conférence de presse. Je vais reparler au ministre avant de valider définitivement. Je suis content de ce qu’on a réussi à mettre en place, il faut tenir compte aussi des aspects financiers.
5- Vous avez quelques matches amicaux, ce qui est bien pour notre sélection nationale. Mais les matches arrivent à un moment où nos joueurs sortent de leur championnat. Est-ce qu’on ne court pas le risque d’arriver en Afrique du Sud avec les joueurs complètement fatigués ?
Paul Le Guen : C’est une donnée qu’on prend en compte. C’est une remarque juste. Certains sont plus fatigués que d’autres. Je pense à Samuel Eto’o qui peut aller jusqu’en finale de l a Champions League qui se joue plus tard que la fin des championnats. On fera au cas par cas. Si Samuel avait le bonheur de jouer la finale de la Champions League, on en tiendra compte, on le ménagera au début de la série des matches amicaux.
6- Yves Colleu disait dans une récente interview que le niveau de notre championnat est bas. Vous pensez qu’à l’issue de ce stage, on peut trouver un bon joueur ?
Paul Le Guen : On a quand même cet espoir. Après, vous savez un bon joueur a plus de chance de s’exprimer avantageusement avec d’autres bons joueurs. Le conteste d’expression d’un joueur est essentiel. Nous, c’est ce que nous voulons sentir à travers cette semaine. On veut voir les 26 joueurs retenus dans un autre contexte. Ça va être aussi notre objectif de se dire ce joueur là si on le met avec nos 22, 23 très bons joueurs, est ce qu’il peut s’y intégrer ? Est-ce qu’il peut avoir le niveau et même le niveau supérieur à celui qui pourrait venir ? Moi je suis convaincu que les contextes d’expression sont essentiels. Il faut qu’on arrive à travers cette semaine à sentir la marge de progression, la capacité d’un joueur, à faire des choses différentes dans un autre conteste avec d’autres joueurs, sentir tout simplement le talent et le potentiel.
7- Dans le programme de préparation vous allez revenir au pays dire au revoir au peuple, ce que vous n’acceptiez pas il y a quelques mois. Est-ce dire que vous avez compris qu’il y a des réalités différentes en Afrique ? L’immense majorité des camerounais pensent qu’il faut donner la chance à Rigobert Song de jouer sa dernière et quatrième coupe du monde. Est-ce que vous êtes sensible à ce genre de chose ou alors vous vous dites, s’il n’est pas le meilleur à son poste, il reste à la maison ?
Paul Le Guen : J’essaie, quand je prends une décision, de prendre tous les éléments. Il y a la valeur du joueur, tout ce qu’il apporte à un groupe, son expérience, sa fraîcheur, sa valeur intrinsèque. J’essaie de prendre tout ça en compte et au bout du compte je choisis. Le cas de Rigo sera traité de la même façon, c’est-à-dire que je prendrais tous les éléments, sa saison, son parcours avec l’équipe nationale qui est exceptionnelle, la possibilité de faire une quatrième coupe du monde, son apport au groupe. J’espère qu’il va jouer d’ici la fin de la saison. J’essaie de prendre tout ça en compte et à la fin je choisis. Nous sommes le 11 avril, je choisirai tranquillement début mai. Évidemment qu’il sera le premier informé. Je ferais les choses vraiment comme il faut de façon précise. On ne traite pas le cas de Rigobert Song comme certains autres. On fait attention, on prend toute la dimension du joueur, du personnage, du capitaine qu’il était, qui a tellement apporté à cette équipe du Cameroun.
8- Comment vous vous êtes sentis sur un plateau de Canal+ avec votre capitaine en train de parler de stratégie de guerre de cette équipe nationale du Cameroun ? Est-ce que vous trouvez cela normal, de dévoiler nos stratégies à mondo vision ?
Paul Le Guen : On n’a pas parlé de stratégie de guerre. On a simplement fait le débriefing d’un match. J’étais très content de le féliciter. Il a fait un très bon match contre Chelsea. J’étais content de le féliciter, j’étais heureux pour lui, je faisais mon travail de relation avec mon capitaine, de supervision d’un joueur majeur de la sélection. J’ai vu beaucoup d’autres matches, mais je ne voudrais surtout pas délaisser le travail qu’il fait lui. Je pense qu’un sélectionneur doit avoir un lien particulier avec son capitaine, après chacun à sa place. Je suis entraineur, il est joueur, il est capitaine, je suis content de l’avoir salué, d’avoir pu le féliciter après ce match.
9- Au départ on vous présentait comme un mercenaire. Aujourd’hui on a l’impression que vous êtes un citoyen. Après la coupe du monde vous allez rester construire cette équipe nationale du Cameroun qui joue les éliminatoires de la Can 2012 en septembre ?
Paul Le Guen : Je me sens bien ici. Je suis heureux d’être là. Après c’est très tôt pour parler de ça. j’ai envie de dire on verra bien.
10- Pour le stage qui démarre demain, est-ce que vous cherchez des joueurs à des postes spécifiques ?
Paul Le Guen : On a ciblé des postes, mais ici je ne vais pas les donner en conférence de presse, parce qu’après, c’est compliqué pour les autres. Nous sommes attentifs à certains postes. Après, c’est un travail d’ensemble. Mais plus que tout ça, on est attentif à un talent particulier. Les superviseurs européens viennent régulièrement, si on sent qu’il y a un truc qui a échappé à l’œil avisé d’un recruteur européen, si on sent un potentiel, on n’hésitera pas. Notre façon de travailler est la suivante : on complète chaque poste avec trois à quatre noms. Pendant la semaine, on va comparer les joueurs qu’on aura l’occasion de superviser, on va les comparer avec la valeur des joueurs qu’on a à chaque poste. En clair, on va voir les arrières droits, on va se dire est-ce qu’il est meilleur que Mbia, Geremi ? On va procéder sur chaque poste comme ça.
Yves Colleu : (sur la question) Pour faire un bon stage, il faut faire un stage équilibré avec des joueurs à différents postes. C’était une évidence. Ce qui me semble essentiel, c’est d’avoir 26 bons joueurs et dans les 26 bons joueurs, peut être les 4 ou 5 très bons joueurs qui sont susceptibles de venir bousculer la hiérarchie qui existe au niveau de l’équipe nationale. Je pense que les 4, 5 meilleurs joueurs du championnat seront présents durant le stage, et c’est ça l’essentiel à mon avis.
Par Guy Nsigué à Yaoundé