Roger Milla était ce samedi à Buéa pour vivre la traditionnelle Ascension du Mont Cameroun. L’ambassadeur itinérant du Cameroun a bien voulu commenter la dernière actualité survenue dans la tanière des Lions Indomptables et évoquer l’avenir de cette sélection camerounaise en vue de la prochaine Coupe du monde.
Quel commentaire vous inspire le dernier changement survenu dans le staff avec limogeage de l’entraîneur des gardiens Thomas Nkono, au profit de Jacques Songo’o ?
Si on a changé Nkono aujourd’hui, c’est parce que le moment était arrivée de le faire ! Personne n’est éternel dans cette sélection. Pourquoi demain on ne peut pas changer aussi certains joueurs ? Il y en a qui pense que c’est leur boutique, qu’ils y ont le titre foncier, qu’ils sont inamovibles au sein de cette équipe. L’équipe nationale appartient aux 22 millions de Camerounais. Donc, personne ne peut venir là, fut-il milliardaire, et faire le bras de fer avec qui que ce soit.
Apres avoir critiqué les Lions de retour de la CAN angolaise, vous avez soutenu William Andem pour succéder à Nkono. Pourquoi le choix s’est-il finalement porté sur quelqu’un d’autre ?
Le ministre a tranché. Je crois avec le concours de la Fécafoot. Maintenant William Andem doit comprendre, il ne doit pas s’impatienter, qu’il attende son tour. Avant il n’était pas là, maintenant qu’on sait qu’il réside au Cameroun je crois qu’on pensera à lui. Il n’est pas exclu qu’il commence avec soit les juniors ou les espoirs ou les cadets, question de voir comment il travaille. Mais, je pense au dessus de tout que William a tout son temps, il est en bonne santé, il est fort, il peut attendre. Surtout que ce n’est pas quelqu’un qui verse dans la polémique, c’est pas quelqu’un de mafieux.
Vous avez exigé aussi le départ d’Alexandre Ribeiro, le coordinateur sportif auprès des sélections…
Ce que je vois ce monsieur faire au sein de l’encadrement technique est une façon de ridiculiser notre pays. On ne peut pas aller prendre des Européens pour venir gérer et exploiter notre sélection comme ça. Ils font entrer de l’argent qu’ils récupèrent par la suite pour eux-mêmes. Si Ribeiro est encore là, on s’asseoira après la Coupe du monde pour régler tout ce désordre. Les attributions de Ribeiro au sein des Lions, un Camerounais pourrait les occuper.
De plus en plus, vous vous éloignez ou on vous éloigne des Lions. Pour quelle raison ?
Je n’ai pas de poste dans cette équipe. Je ne peux en être proche que si le ministre me demande de l’accompagner. Sincèrement, si j’avais un poste là-bas, le désordre qu’il y règne aujourd’hui n’aurait pas cours. Je ne suis pas quelqu’un de désordonné. Mes anciens coéquipiers et moi avions travaillé dans la discipline pour que les lions du Cameroun soit ce qu’ils sont aujourd’hui au niveau football mondial. On doit respecter cela. Il est inadmissible de ridiculiser tout un pays comme pendant la CAN. Partout où on passe maintenant, c’est la honte. Je reviens du Maroc pour un événement Coca Cola, il n y a que le nom du Cameroun partout, on parle de nous en mal. Alors que les Marocains nous respectaient assez. Pour l’histoire du Togo, c’est la CAF qui a suspendu le Togo mais on raconte que c’est le Cameroun. Tout ceci déshonore notre pays et il faut que ça cesse.
Il y a vingt ans, vous avez donné au football africain un visage à la Coupe du monde en Italie. A votre avis, à quatre mois d’un autre mondial, que peuvent tirer vos successeurs de votre succès de 90 ?
Pour en profiter, il faut d’abord que cette équipe soit disciplinée. A notre époque c’était le cas, on ne faisait pas de chantage comme certains joueurs le font aujourd’hui.
Pour redorer le blason du Cameroun, il faut faire une bonne Coupe du monde. A votre avis, comment la préparer ?
Il faut déjà faire de très bons matches amicaux avec des adversaires solides. Je pense que si on fait des matches de haut niveau, on va retrouver notre prestige parce que pour l’instant notre image est ternie. Déjà, c’est bien comme le Cameroun commence sa préparation le 3 mars contre l’Italie. Maintenant il faut attendre voir comment ça va se passer là bas pour faire le point sur la valeur de cette équipe après sa triste CAN en Angola.
Propos recueillis à Buéa par Paul Nana