L’analyse du sélectionneur national des Lions Juniors première année qui dissèque le jeu des adversaires des Lions indomptables lors des ¼ de finale qui se joue ce lundi.
Camfoot.com : Quel bilan faites-vous du premier tour des Lions indomptables qui se sont qualifiés pour les ¼ de finale de la Coupe d’Afrique des nations ?
Etienne Sockeng : Nous avons fait une phase de poule palpitante. On a fait une défaite, une victoire et un nul qui nous ont permis de nous qualifier pour le second tour. On constate que Paul Le Guen a fait tourner tout son effectif. En dehors de Kameni, Alexandre Son et Eto’o, tout le monde a été remplacé parmi les joueurs utilisés. Il a utilisé plusieurs joueurs parce que certains d’entre eux utilisés ne lui ont pas donné satisfaction et donc, il cherchait l’équipe type. On a constaté qu’il y a une crise de confiance avec le gardien et les défenseurs centraux, un milieu qui recherche ses repères, en dehors d’Alexandre Song, le reste des joueurs ne sont pas au mieux de leur forme. L’attaque se construit progressivement au fil des matches. Bref, je crois que si nous avions eu un temps de préparation un peu plus grand, on aurait certainement eu une équipe homogène et plus efficace. Je crois que les trois matches livrés par les Lions ont permis de redresser la barre au fur et à mesure.
Camfoot.com : Que faut-il faire avant le match des ¼ de finale contre l’Égypte ?
Etienne Sockeng : Il faut remettre les joueurs en confiance. Lorsqu’on voit les trois matches des Lions indomptables, on constate qu’il y a une crise de confiance entre les différents compartiments. Lorsqu’on voit le comportement de Kameni et de ses défenseurs centraux, on sent qu’il y a une crise de confiance. Il faut remettre ces joueurs en confiance puisque le football est un sport collectif. Par rapport au système de jeu, jusqu’ici, on a utilisé plusieurs systèmes de jeu avec plusieurs joueurs. A cette phase de la compétition, la première chose à faire, c’est de mettre en place un système de jeu en fonction de la qualité des joueurs que nous avons sous la main. Les joueurs ne s’adaptent pas au dispositif qui est en place, mais c’est le dispositif qui doit s’adapter aux joueurs qu’on a sous la main. Le reste, nous laissons l’entraineur faire son travail et nous savons qu’il va le faire.
Camfoot.com : Les forces de l’Égypte ?
Etienne Sockeng : C’est une équipe qui joue ensemble depuis plusieurs années. Et c’est un atout puisque les automatismes sont déjà bien huilés. Les joueurs peuvent se faire les passes les yeux parce qu’ils se connaissent bien. L’Égypte est une équipe qui allie le spectacle avec l’efficacité. C’est des gars très percutants sur les côtés et qui pressent d’entrée de jeu jusqu’à ce qu’ils marquent un but avant de rentrer dans leur base et procéder par contre.
Camfoot.com : Leurs faiblesses ?
Etienne Sockeng : Lorsque vous pressez longtemps sans inscrire un but, vous commencez à douter. Du coup, le système de jeu que vous avez mis en place commence à s’effriter et vous commencez à être moins concentré et brouillon dans le jeu. C’est là la faiblesse des Égyptiens qui ne sont pas forts sur le plan mental. Il suffit de les prendre à la gorge pour qu’ils perdent leur bonne humeur.
Camfoot.com : Quelle est la clé de la rencontre contre l’Égypte ?
Etienne Sockeng : C’est une rencontre déterminante pour la suite de la compétition. Il faut d’abord rester très concentré et complémentaire, car le football est un sport collectif. Il faut avoir confiance en son partenaire et le soutenir. Il faut éviter de prendre un but avant les Égyptiens. Il ne faut surtout pas leur donner espoir, car lorsqu’ils espèrent, ils nous mettront la pression pour nous obliger à commettre la faute. S’ils doutent, nous pouvons gagner.
Camfoot.com : L’Égypte nous a barré la route du mondial en 2005 à Yaoundé. Après ils nous ont humilié en match de poule à la Can Ghana 2008 avant de nous vaincre à la finale. Tous ces ingrédients ne constituent-ils pas un avantage psychologique pour les Égyptiens ?
Etienne Sockeng : C’est un handicap psychologique certes pour nous. Mais à un moment, il faut changer la donne. Nous devons nous venger, qui sait peut-être avec l’esprit revanchard, nous aurons plus faim qu’eux et donc plus motivés. Nous sommes capables, avec notre mental, de leur faire douter. Et s’ils doutent, c’est un avantage pour nous.
Camfoot.com : Y a-t-il des solutions de rechange sur le banc de touche des Lions indomptables ?
Etienne Sockeng : Au premier tour, Paul Le Guen a fait tourner son effectif. Il sait aujourd’hui sur quel joueur il peut trouver son compte. Et donc, forcément, il a des solutions de rechange sur le banc de touche.
Camfoot.com : Pourquoi, à votre avis, Paul Le Guen n’a-t-il pas utilisé Paul Alo’o Efoulpou ?
Etienne Sockeng : C’est le travail du coach. Il connait les joueurs à l’entrainement et il sait ce que chaque joueur peut lui apporter. C’est l’entraineur qui est mieux placé que nous qui sommes hors de son groupe pour savoir qui peut faire quoi. Il ne faut pas soulever la polémique sur tel ou tel choix. Il faut faire confiance à l’entraineur qui peut trouver les mots justes pour galvaniser ses joueurs avant de prendre la revanche sur l’Égypte.
Entretien mené par Eric Roland Kongou