Peu avant le coup d’envoi de la palpitante rencontre qui a opposé ce dimanche les Chipolopolos zambiens aux Lions indomptables du Cameroun, les pronostiques allaient dans tous les sens. A en croire Huguette K., enseignante, «au regard du match aller, il y a de forte chance que le Cameroun perde cette rencontre» ; avant-elle, sans toutefois donner le score.
Etudiante en faculté des sciences juridiques et politiques à l’université de Dschang, Michèle Sojip est en week-end à Bafoussam. Pour elle, «le Cameroun va perdre par un score de 0 but contre 1.» Non loin de là, Robert Tchoumbi croit savoir que le Cameroun, au regard de sa prestation contre le Gabon, «va battre la Zambie par 3 buts à 1.» Et Quentin Ouafo, d’ajouter que «le Cameroun rentre vainqueur dans cette partie.» Tous les pronostics sont permis ; surtout que beaucoup ne vendaient pas chère la peau de la Zambie.
Quand la Zambie commence à mettre le pied sur l’accélérateur dès la première minute, beaucoup de fans des Lions avec qui nous avons regardé la partie étaient très confiant. «Le Cameroun joue sans concrétisation. Ça a été le cas contre le Gabon, avec trop d’individualisme», lance un téléspectateur après 5 minutes de jeu. Quand Mulenga, sur une erreur de Rigobert Song coiffe Carlos Kameni au poteau à la 7e minute, c’est un silence de mort qui règne au quartier Tamdja. Pas un seul cri dans la rue, les bars et autres domiciles privés.
Devant l’écran de télévision, la mine est triste. Bien que l’espoir de voir les Lions revenir au score ne soit pas perdu. Lorsque Gérémi Njitap trouve le chemin des buts à la 67e minute, la ville est en effervescence totale. «Comme le Cameroun a égalisé, vous allez maintenant voir le beau football. Il ne restait plus que cela pour le déclic», clame dans l’euphorie, un téléspectateur.
Le deuxième but, inscrit par Samuel Eto’o Fils, rassure, jusqu’à ce qu’intervienne le penalty causé par Kameni. «Qui fait qu’il rate !», souhaite Caroline quand Mulenga prend le départ de l’exécution. A 2 buts partout, le doute s’installe une fois de plus. Avec les assauts zambiens, ils étaient nombreux à parier pour une seconde défaite camerounaise. Chemin faisant, Idrissou Mohamadou, redonne la joie dans les chaumières avec le 3e but camerounais, sur un coup de tête, à la suite d’un centre de Gérémi Njitap que d’aucuns considèrent comme l’artificier de la victoire du Cameroun.
Ce n’est que le coup de sifflet final de l’arbitre central Alghamdi Khali Ibrahim qui viendra libérer les fans des lions de Bafoussam. «Le Cameroun revient de loin. J’espère que nous allons vaincre la Tunisie pour passer au second tour et pourquoi pas arriver en finale», projette André, conducteur de moto taxi. La satisfaction d’un autre supporter des Lions est venu du fait que «Samuel Eto’o a rattrapé l’Ivoirien, Didier Drogba, au compteur des buts.» Une perpétuelle rivalité entre les deux stars du football africain qui est loin d’être terminée.
Des coups de klaxons, des motos et taxis, ont retenti dans les artères de la ville, en signe de la célébration de la victoire, ô combien de fois difficile, des Lions. Bien qu’en nombre à la limite insignifiant, des jeunes gens, d’aucuns torses nus, ont fait le tour de la ville à pied et dans la pénombre. Ils ne cessaient de scander le nom des Lions en général et de Gérémi Njitap et Samuel Eto’o en particulier. Au lieu dit Akwa, un coin chaud de Bafoussam où résident les familles de Njitap et Achille Webo, ce dernier au banc de touche lors de ce match, la bière a coulé jusque tard dans la nuit. Malgré cette victoire, beaucoup restent sceptiques et attendent le dernier match de poule pour voir la vraie face des Lions devant une équipe tunisienne qu’ils ont également eu à battre plusieurs fois.
Blaise Nwafo à Bafoussam