Alors qu’il disputera dans dix jours, avec le Cameroun, un match décisif pour la qualification au Mondial 2010, Achille Emana (photo Presse-Sports) est comme un lion en cage au Betis Séville (D2 espagnole). Et ce n’est pas à cause de la grippe A…
Achille, le Betis est la première équipe espagnole affaiblie par la grippe A. Faites-vous partie des 13 joueurs touchés par le virus ?
Non ! Je me suis fait vacciner le mois dernier avant de jouer contre le Togo. Plus de la moitié du Betis l’a attrapée. On s’est peu entrainés la semaine dernière, on est resté chez nous. Le match contre Villareal B (le 31 octobre, ndlr) a dû être reporté. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre. Nous avons repris les entrainements collectifs.
Titulaire indiscutable l’an dernier (35 matches, 11 buts en Liga), vous êtes désormais sur le banc du Betis en D2. Que s’est-il passé ?
Les dirigeants savaient que s’il y avait une bonne offre pour les deux parties, je n’aurais pas été contre (un départ, ndlr), d’autant ça arrangeait tout le monde. Cela permettait au club de remplir ses caisses. Le nouveau coach (Antonio Tapia) a fait son équipe sans moi… Sauf qu’à la dernière minute, revirement de situation, ils ont décidé de me garder.
Aviez-vous des offres concrètes ?
Monaco s’est manifesté avant de préférer Gudjohnsen, je n’ai pas trop compris. Le CSK Moscou, Manchester City, Tottenham aussi. D’ailleurs au Betis, on m’a bien fait comprendre de privilégier l’Angleterre car les clubs avaient plus d’argent, que c’était plus intéressant pour eux.
«Je suis un professionnel»
Sauf que maintenant vous riez jaune…
Ca, c’est sûr ! On me fait jouer quelques minutes par-ci par-là. Ma situation est frustrante mais je continue de bosser sérieusement. Je suis un professionnel. Et puis je relativise, mieux vaut être à ma place que d’être inscrit comme chômeur à l’UNFP.
Comment voyez-vous votre avenir proche ?
Honnêtement, j’en suis venu à me dire que les dirigeants attendront la Coupe du Monde pour me vendre. Si le Cameroun se qualifie, ils pensent peut-être que mon transfert sera plus rentable.
Une victoire contre le Maroc, le 14 novembre, vous enverrait en Afrique du Sud…
Quel bonheur si on y va. Avec le Cameroun, je revis. La sélection est au-dessus de tout. Paul Le Guen nous a apporté la sérénité. Travailler avec quelqu’un qui connaît aussi bien le foot, ses joueurs -on est presque tous passés par la L1- ça donne envie d’avancer.
Malgré votre faible temps de jeu en club, vous êtes titulaire en sélection…
Avoir un entraineur qui te permet de t’exprimer à ton aise, que demander de plus ? Jusqu’ici, je n’ai connu que trois coaches qui m’ont donné cette confiance : Erick Mombaerts, Elie Baup et Paul Le Guen.
«Je ne suis pas un fauteur de trouble»
Que vous inspire le parcours du TFC depuis votre départ en 2008 ?
Je suis content de les voir dans cette marge de progression. Il ne faut pas oublier que cette équipe revient de très loin. Les supporters m’ont marqué à vie. Le décès de Brice Taton m’a beaucoup peiné. Je pense à sa famille.
Regrettez-vous d’avoir quitté Toulouse pour le Betis ?
Pas du tout, non. Vous savez, j’ai été annoncé dans beaucoup de clubs. Le problème, c’est que les promesses ne débouchent pas toujours sur des actes.
On vous a souvent annoncé au PSG…
C’est ce que je dis ! Annoncer, c’est une chose. Vouloir vraiment le joueur, proposer un contrat, c’en est une autre. J’ai souvent entendu que des clubs hésitaient à me prendre car ils avaient peur que je mette la zizanie dans le vestiaire. Je ne suis pas un fauteur de trouble ! Sinon, pourquoi j’aurais été capitaine ? Pourquoi les entraineurs me faisaient jouer ? Quand un joueur pose problème, on l’écarte du groupe, non ? Qu’on arrête avec cette fausse image de moi. Je pense qu’on juge plus un maçon au pied du mur que par les « on dit »».
Recueilli par Emilie Pilet