Bangangté, dimanche. En marquant un coup franc excentré à la 90e minute, le nouvel Olympien a qualifié l’équipe de Panthère sportive du Ndé pour les demi-finales de la Coupe du Cameroun.
Si les noms ronflants alimentent les rumeurs de transferts, celui de Charley Fomen l’est beaucoup moins. Ce Camerounais est pourtant bien la première recrue de l’OM. Son frère fait les présentations.
Selon le verdict du dossier Diouf/Labrune que livrera sous peu Robert-Louis Dreyfus, cela pourrait être le dernier coup sur le marché des transferts du duo Diouf-Anigo. Passé quasiment inaperçu, le recrutement de Fomen se situe dans la logique que le président de l’OM applique au club depuis son intronisation en tant que manager du club, en 2004. Il y avait eu Taye Taiwo, Mathieu Valbuena, Charles Kaboré, tous acquis pour une poignée d’euros. Il faudra désormais se familiariser avec Charley Roussel Fomen. L’arrière latéral arrive du Cameroun, plus exactement de la Panthère sportive du Ndé, dont il est le capitaine, club de la ville de Bangangté (130 000 habitants), situé dans la province de l’Ouest.
Anigo décisif
José Anigo lui-même aurait pu nous faire la carte postale. Car c’est bien lui qui est allé, à 6 000 kilomètres d’ici, convaincre le joueur de poser ses valises à Marseille : « Vous savez, au retour du Rwanda (où le joueur a atteint, début 2009, la finale de la CAN Juniors, perdue face au Ghana 2-0), Charley avait beaucoup de propositions venant de France, notamment Bordeaux et SaintÉtienne, mais aussi d’Espagne et des pays de l’Europe de l’Est (très proche du Saturn de Moscou, son transfert aurait capoté pour défaut de permis de travail). Mais il a choisi Marseille car, avec la venue de José ici, Charley a compris que Marseille était le club qui avait le plus besoin de lui », raconte Pierre Fomen, le frère du joueur. Et le vice-champion d’Afrique a tenu parole. « Il était ce matin (hier) à l’ambassade pour déposer son visa et récupérer les documents qui lui sont parvenus. Il devrait arriver la semaine prochaine à Marseille et reprendre l’entraînement avec tout le monde, le 30 juin », détaille son frère.
150 euros grâce à lui
Car Fomen a l’air d’un homme de parole. « C’est juste », clame son frère. Le week-end dernier, Fomen a tenu à jouer son dernier match avec la Panthère du Ndé, un modeste quart de finale retour de Coupe du Cameroun (match aller : 0-0) contre l’Achille FC, club de deuxième division camerounaise. Bilan sur le terrain stabilisé du stade municipal de Bangangté : 1-0. But de Fomen à la 93e minute, d’un somptueux coup franc tiré quasiment du point de corner (lire ci-contre). Réactions de l’intéressé, juste après la rencontre : « Je suis revenu à Bangangté pour remettre mon challenge, comme je l’avais dit au président Joseph Feutcheu, qui est un père pour moi. Je lui avais promis la qualification pour les demi-finales et c’est ce qui vient d’être fait. Le plus dur reste maintenant à venir, de l’autre côté, en France. »
« Un cran au-dessus de Taiwo »
Avec sa bonne action, Charley Fomen a même permis à ses coéquipiers d’empocher 100 000 francs CFA (150 euros environ), que le président du club a décidé d’offrir aux joueurs après leur victoire. Pas vraiment ce que touchera le latéral à l’OM pour son contrat de trois ans… Son transfert fut en revanche l’une des principales informations de la fin de championnat camerounais, à l’issue duquel la Panthère sportive du Ndé a fini sixième. Car Charley Fomen est une petite star au Cameroun : « Il est très connu ici, confirme son frère. Dans la rue, les gens le reconnaissent car il avait marqué les esprits au Congo en 2007 (déjà présent à la CAN Juniors). » Année couronnée de succès puisque Charley y a connu sa première (et unique sélection) avec l’équipe nationale A, en amical face au Togo. Du coup, à Nzuimanto, l’autre nom du club, son départ en a rendu nostalgique plus d’un. Et « une cérémonie d’au revoir a été organisée sur l’esplanade de la mairie de Bangangté. Il y avait José Anigo (et Julien Fournier, directeur finacier de l’OM), le maire de la ville, le consul de France, les parents, les coéquipiers du joueur et son agent. Au total, il devait y avoir plus de 150 personnes », décrit Pierre Fomen.
L’agent de Nkoulou
Quant à l’agent de Charley, il s’agit de Maxime Nana, déjà connu en France puisqu’il est à l’origine de la transaction de Nicolas Nkoulou, 24 matches disputés en Ligue 1 cette année, vers Monaco (mais aussi de Georges Mandjeck vers Stuttgart). La réussite du Monégasque sur le Rocher fait dire à Pierre Fomen que son frère possède les qualités pour s’imposer France : « Comme Nkoulou, je pense que Charley a largement le niveau pour la Ligue 1. Mais quand on arrive d’un championnat comme celui du Cameroun, qui n’est pas professionnel, c’est difficile et il lui faudra une période d’adaptation. Il devra se tenir prêt à une éventuelle défection au poste d’arrière gauche et, s’il a sa chance, il devra la saisir. »
Tirs du droit
Le Camerounais pourrait même viser plus haut : « Quand Taiwo est arrivé, il n’était pas terrible, terrible… Pour moi, Charley est un cran au-dessus. Techniquement, il est très sûr, il ne passe pas son temps à balancer de grands ballons vers l’avant et il ne compte pas uniquement sur sa puissance physique. » Alors, Fomen, suppléant de luxe du Nigérian : « C’est en tout cas un gros travailleur sur le côté. C’est quelqu’un qui ne s’économise pas. Il a aussi une particularité spéciale pour un gaucher, c’est qu’il frappe plus fort du pied droit. Et quand il faut tirer au but, il préfère son pied droit. » Voilà pourquoi, dans le quart de Coupe du Cameroun qu’il vient de livrer, Charley Fomen a été utilisé comme… milieu droit ! « C’est aussi quelqu’un de très offensif, son entraîneur l’a plusieurs fois positionné milieu gauche », détaille Pierre Fomen. Qu’on se le dise, le phénomène Fomen est prêt à débarquer…
Par Julien Sanchez