L’une de nos sources au Minsep dénonce la mauvaise fois du technicien allemand qui a sagement attendu le versement dans l’un de ses comptes bancaires en Allemagne, d’une colossale somme de 246000 dollars représentants six mois de salaire payés à l’avance par les autorités camerounaises. Le transfert a été effectué le 7 mai.
A une dizaine de jours de la deuxième journée du dernier tour des qualifications pour la Can et le Mondial 2010, le bateau Lions indomptables est de nouveau dans la tourmente. Depuis l’annonce de la démission d’Otto Pfister, le 27 mai 2009 (la lettre de démission remise à André Nguidjol, le directeur administratif des équipes nationales de football est datée du 26 mai), c’est une ambiance morose qui règne au ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep).
Particulièrement ce jeudi 28 mai 2009. Ce n’est pas le grand défilé habituel des usagers. Quelques agents de sécurité montent la garde à l’entrée du cabinet de Thierry Augustin Edjoa. Le véhicule de service tout terrain estampillé CA, de marque japonaise attribué le 22 novembre 2007 au coach des Lions indomptables pour enclencher son travail de terrain est garé dans la cour déserte. Un agent d’entretien passe et repasse une éponge humide sur les sièges, la coque grise et les pares brises de la «Patrol».
Si les raisons de sa démission ne sont pas toujours rendues public, il est néanmoins vrai que Martin Otto Pfister se sentait à l’étroit depuis un certain temps. Le technicien allemand dénonce entre autre «un environnement délétère, l’impossible collaboration» avec les autres membres du collectif de gestion des Lions indomptables. Il s’agit, selon toute vraisemblance, d’un problème d’interprétation de textes. D’un côté, Otto Pfister met en exergue l’un des articles de son contrat qui fait de lui l’« entraîneur, sélectionneur, directeur technique national ». A ce titre, son contrat signé le mercredi 07 novembre 2007 à Yaoundé révèle entre autres missions à lui confier par le ministre des Sports et de l’éducation physique: l’organisation technique et des rencontres de l’équipe nationale, l’application du programme national de football, la sélection des joueurs de l’équipe nationale, l’encadrement technique et la discipline des joueurs, la tenue du fichier des joueurs de l’équipe nationale, les missions éventuelles d’informations dans le domaine du football, la coordination et la programmation des activités des entraîneurs provinciaux…
Les adjoints Jean Paul Akono, Michel Kaham et Martin Ndtoungou Mpilé se réfèrent quant à eux à la décision ministérielle n°229/Cab/Minsep du 30 avril 2009 définissant les missions du collectif de gestion des Lions indomptables. Ce texte stipule que tous les membres de l’encadrement technique doivent travailler de manière collégiale pour «définir à court terme, une politique cohérente de sélection des joueurs, gérer, en liaison avec la fédération camerounaise de football, tous les problèmes relatifs aux convocations, à la sélection et au suivi des joueurs lors de tous les matches éliminatoires couplés Can-Mondial 2010, proposer au gouvernement toutes les mesures utiles à l’encadrement technique, matériel et psychologique de l’équipe nationale fanion ». Or, Otto Pfister n’a justement pas consulté ses adjoints avant de publier la semaine dernière, la liste des 25 présélectionnés pour le stage de Bruxelles. Le coach principal dit que c’est son exclusivité, que c’est lui seul qui fait le classement.
Cette démission d’un entraîneur des Lions indomptables vient une nouvelle fois soulever la problématique de la gestion de l’équipe nationale senior et précisément la gestion du dossier de l’encadrement technique. Avant l’Allemand, il y a avait eu les cas du Français Philippe Redon, du Belge Henri Dépireux, du Portugais Arthur Jorge et encore frais dans les mémoires, sans doute du fait de la similitude du procédé et de la procédure, le Néerlandais Aari Han. L’instabilité observée sur le banc de touche des Lions indomptables du Cameroun daterait de juin 2001 avec le débarquement du Français Pierre Lechantre encore producteur de bons résultats au profit de Jean Paul Akono censé promouvoir l’aptitude des nationaux à ce très convoité poste de travail. Le Minsep Augustin Edjoa a été dépêché d’urgence en Belgique, mercredi soir. Où il devait présider une réunion de crise avec les joueurs et les encadreurs restés en place, pour tenter de recoller les morceaux avant le match coupe-gorge du 7 juin face au Maroc ? En attendant le retour d’une hypothétique sérénité dans la sélection fanion, les supporters et les joueurs commencent déjà à payer le laxisme du Minsep qui n’avait pas voulu prendre de mesures concrètes au lendemain de la défaite du Cameroun face au Togo, le 28 mars.
Mais notre source au Minsep regrette surtout la mauvaise fois du technicien allemand qui a sagement attendu le versement dans l’un de ses comptes bancaires en Allemagne, d’une colossale somme de 246000 dollars (environ 125 Millions de F CFA) représentants six mois de salaire payés à l’avance par les autorités camerounaises. « Le transfert a été effectué le 7 mai », affirme notre source. Ce triste épisode rappelle celui du Néerlandais Aari Han qui avait pris la poudre d’escampette avec un beau pactole représentant également six mois de salaire. Reste maintenant à savoir si l’Etat du Cameroun va porter l’affaire devant les tribunaux ou les instances internationales. En effet, selon les termes du contrat, la partie ayant résilié le contrat doit reverser l’équivalent de trois mois de salaire à la fraction adverse. Ce sera certainement le début d’un nouveau feuilleton.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé