Un moment déjà que le Betis Séville s’est mis en chasse de ce fameux total de quarante points, synonyme de maintien. Pendant ce temps, le FC Séville, l’ennemi juré, caracole à la troisième place du classement et devrait selon toute vraisemblance obtenir un nouveau billet qualificatif pour la C1.
Vingt points séparent les deux clubs avant la 34ème journée, autant dire un gouffre. Pourtant, selon les observateurs, les Verts et Blancs ont pleinement le potentiel pour lutter pour une place en UEFA. 14ème avec seulement 37 points, le Betis a passé sa saison à naviguer entre la quinzième et la onzième place, et va encore devoir cravacher pour assurer son maintien.
La seule fierté des Béticos à l’heure actuelle s’appelle Achille Emana. L’ancien Toulousain est la grosse cote de cette deuxième partie de saison. Du temps où il officiait en France, Emana n’était qu’un artiste intermittent qui semblait se chercher. Tantôt aligné sur le côté droit, tantôt en deuxième numéro 6, le Camerounais n’a jamais réussi à donner la pleine mesure de son talent dans la ville Rose. Emana n’est pas un meneur de jeu et encore moins un ailier, mais à 26 ans passés, il était temps pour lui de trouver son véritable poste.
En fait, c’est José Maria Nogues, l’actuel entraîneur sévillan, qui semble avoir tout compris. Arrivé au Betis début avril pour sauver le club, Nogues a tenté un coup de poker magistral dès son arrivée : faire jouer Emana en tant que deuxième attaquant. Le résultat ? Emana a planté deux doublés lors de ses deux premiers matches à son nouveau poste. En pointe, le talent d’Achille semble enfin se révéler. « Le nouvel entraîneur me donne plus de liberté, il veut que je joue un cran plus haut. Je me sens plus à mon aise depuis que je joue devant, c’est vrai, même si je dois tout de même redescendre pour aider à la récupération », clame-t-il.
Agile, explosif et monstrueux dans l’impact physique, l’ancien Toulousain, déjà auteur de onze buts en Liga, est l’accélérateur de particules d’un Betis qui aura longtemps galéré cette saison. « Nous allons nous sauver, affirme néanmoins Emana. Et avec un peu plus de chance, la saison prochaine sera bien meilleure. Nous avons démontré à plusieurs reprises que nous sommes capables de jouer le haut du tableau ».
De quoi éclaircir un avenir qui s’inscrivait en pointillés depuis que ses récentes performances ont fait du Camerounais l’un des joueurs les plus courtisés du championnat d’Espagne : « Je suis bien ici, j’ai encore cinq ans de contrat et pour le moment, je ne pense pas à un transfert dans un autre club. De toute façon, si un club est intéressé par mes services, il voit ça avec le président Lopera, pas avec Emana ». Achille Emana parle donc de lui à la troisième personne. C’est bel et bien le signe qu’il est devenu un grand joueur.
Ted Hibert