Gateway Broadcast Services (Gbs), détentrice des droits médias du championnat de première division vient d’annoncer sa mise en liquidation judiciaire. Au grand dam de la Fédération Camerounaise de football (Fécafoot) et des clubs qui redoutent que la liquidation de cette entreprise remette en cause le contrat qui devait leur rapporter un million de dollars (environ 500 millions de Fcfa) par an pendant cinq ans.
A la vitesse de l’éclair, la nouvelle s’est répandue. Et la réaction de la Fédération camerounaise de football ne s’est pas fait attendre: «Informée vendredi 30 janvier par son partenaire Gateway broadcast services (Gbs), entreprise détentrice pour une durée de cinq (5) ans des droits médiatiques de Mtn Elite One, de la cessation de ses activités du fait des contrecoups de la crise financière internationale, décision prise à l’issue d’un Conseil d’administration de cette société au cours duquel il a été approuvé à l’unanimité un plan de liquidation, la Fécafoot a pris acte de cette information et saisit ses conseils juridiques pour étudier les conséquences qui pourraient découler de cette situation», indique le communiqué signé du vice président Francis Mveng, en date du lundi 2 février 2009.
Le mariage entre la Fécafoot et Gbs n’aura donc duré que six mois. L’union sacrée entre les deux partenaires a volé en éclat la semaine dernière. La convention a été signée le 13 août 2008. Cet accord permettait à la chaîne basée à Londres de retransmettre en direct, dès janvier 2009, deux matches de championnat par journée. En contrepartie des droits exclusifs, la Fécafoot recevrait un million de dollars (environ 500 millions de Fcfa) pendant cinq ans.
90% de cet argent était destiné aux équipes, soit une dotation annuelle de 25 millions de Fcfa à chacune. Et au terme de la compétition, le champion recevait 40 millions de Fcfa. Les autres en fonction de leur classement. Ajouté à la subvention de la société de téléphonie mobile Mtn, chaque club pourrait atteindre les 50 millions de Fcfa par saison. Les 10% restant seraient injectés par la Fécafoot dans l’organisation des rencontres, l’entretien des infrastructures, le traitement des arbitres…
Joint au téléphone, M. Abdouraman, le chef de département de la Communication à la Fécafoot annonce la tenue d’une réunion de crise «avec tous les 14 présidents de clubs», afin de définir une ligne de conduite commune. Ajoutant par ailleurs que «la procédure judiciaire peut durer deux ou trois jours, une semaine, voire un mois ou plus». Pendant ce temps, les états-majors des clubs portent le deuil. Les dirigeants courroucés considèrent la liquidation de Gtv comme une trahison, un abus de confiance et entendent par «tous les moyens» récupérer leur pactole. Comme ses pairs qui comptaient sur cet argent pour payer les salaires et primes des joueurs, M. Benjamin Djoumessi, le président de As Matelots de Douala ne sait plus à quel saint se vouer. Sur une télévision locale, l’homme se montre particulièrement incisif: «C’est absolument hors de question. On s’est endetté. Nos budgets ont été arrêtés en fonction de ce partenariat. Nous avons pris des engagements de part et d’autre pour faire fonctionner nos équipes. Cet argent doit être payé aux clubs au plus tard samedi, un point c’est tout».
Faillite et cessation des activités
Depuis vendredi, la chaîne britannique observe un arrêt total des émissions. La British broadcasting corporation (Bbc) est montée au créneau en indiquant que «Gtv goes into liquidation». Les raisons de cette fermeture, selon les responsables qui affirment avoir investi jusqu’ici 200 millions de dollars US (90 milliards de Fcfa environ), sont liées à la crise financière internationale qui met à mal bon nombre des économies de la planète. Le 23 décembre 2008, le quotidien français Le Figaro a annoncé, dans son supplément économique, que Canal+ Overseas envisageait l’acquisition en fin janvier, de la plate-forme de télévision payante africaine, Gtv, filiale de l’opérateur télécoms Gateway Telecommunications. Mais déjà le quotidien soulignait les difficultés de l’opérateur. Le groupe français ; qui envisageait cette opération comme un choix stratégique pour gagner des parts de marché par rapport à son concurrent anglophone Multichoice ; hésitait en effet devant les exigences de GBS. Il faut dire que le bouquet n’attirait que 100 000 abonnés pour un point d’équilibre estimé à 400 000. Gtv était déjà disponible dans plusieurs pays africains: Botswana, République démocratique du Congo, Ethiopie, Gambie, Ghana, Kenya, Lesotho, Libéria, Malawi, île Maurice, Mozambique, Namibie, Rwanda, Sierra Leone, Swaziland, Tanzanie, Ouganda, Zambie et Zimbabwe.
Autant dire qu’en plus des clubs Camerounais, de nombreux championnats devraient se trouvés dépouillés d’une partie substantielle de leurs revenus dans les prochains mois.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé
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