Dans une interview accordée à la rédaction de Camfoot.com, le président de Olympique Mangwa Foot de Mbouda, club de ligue nouvellement crée, parle des mobiles qui l’ont poussé à mettre sur pied cette formation, des problèmes de gestion, de ses relations avec les responsables de la ligue provinciale de football de l’Ouest et de l’état d’avancement des travaux au stade municipal de Mbouda. Tout en se penchant sur l’affaire Bamboutos de Mbouda portée devant la justice, il ne manque pas de faire une lecture de la saison passée de la Mtn Elite One dont il est l’équipementier des clubs à travers la marque Smart.
Camfoot.com : Monsieur Jean Paul Foundjio vous êtes le président de Olympique Mangwa Foot de Mbouda qui est tombée en finale des barrages de l’Ouest. Qu’est-ce qui vous a poussé à la création de cette équipe qui évolue dans la ligue provinciale de football de l’Ouest ?
Jean Paul Foundjio : Je vous remercie de vous intéressez de nouveau à moi. Camfoot et Jean Paul Foundjio c’est aujourd’hui des amis et des partenaires. En fait si j’ai crée Olympique Mangwa c’est pour combler le trou laissé dans le département par rapport au football. Je ne vous apprends rien sur la triste affaire de Bamboutos de Mbouda. Ce qui fait qu’on n’avait plus d’équipe dans notre département. La nature ayant horreur du vide il fallait bien le combler. Je l’ai fait aussi par rapport à mes partenaires. Vous savez je suis à la fois partenaire de la Fécafoot et de la société de téléphonie mobile Mtn. Je suis leur équipementier. J’ai eu la chance que le premier investissement d’envergure de ces partenaires se fasse dans mon village. Il était de mon devoir d’accompagner cet investissement en créant ce club de football que vous avez vu et qui comble le vide laissé par Bamboutos mais qui ne le remplace pas. Parce que je ne sais pas ce que ça va donner mais de toutes les façons dans une ville on peut toujours avoir deux trois ou cinq clubs comme c’est le cas à Yaoundé. Il n’y avait donc aucune équipe qu’à Mbouda il y ait un seul club. Il faut faire avec.
Camfoot.com : La première année d’existence vous arrivez en finale des barrages. Est-ce à dire que le pari a été gagné ?
Jean Paul Foundjio : Je suis tout à fait satisfait. Au départ je voulais juste mettre les jeunes en mouvement. Je n’avais pas de grandes ambitions mais comme on dit que l’appétit vient en mangeant, je me suis dit tient pourquoi ne pas viser plus haut. A la phase aller nous étions quatrième. A la phase retour on m’a conseillé de recruter de bon joueurs ; ce que j’ai fait et on a gagné tous nos matches. C’est cela qui nous a donc permis de gagner les barrages. Malheureusement nous ne serons pas le représentant de l’Ouest mais pour une première c’est plutôt un sentiment de satisfaction qui m’anime.
Camfoot.com : Il y a quand même eu un climat de suspicion au cours de ces barrages. Certains estimaient que comme le président de la ligue de football est originaire des Bamboutos tout comme vous, il serait était en train de manoeuvrer pour que Olympique soit le champion de l’Ouest. Que répondez-vous à ceux-là aujourd’hui ?
Jean Paul Foundjio : Le monde du football est un compliqué. De là à dire que le président de la ligue est Mbouda et qu’il a voulu nous favoriser je ne vois pas en quoi il aurait pu le faire. Il n’est pas joueur et encore moins arbitre. Il est le président de la fédération et interlocuteur de tous les présidents de clubs. J’ai dû lui demander beaucoup de conseils étant donné qu’il est un frère. Il mange et boit tous les jours ici dans mon gymnase (situé au plein cœur de la ville de Mbouda, Ndlr). Je le vois tous les jours, avant même que le club n’existe. C’est quelqu’un assez intègre pour qu’on le soupçonne de telles actions. En tout cas Olympique Mangwa n’a bénéficié d’aucun coup de pouce. J’ai juste été voir les responsables de la ligue pour leur demander des conseils. Ce qui est tout à fait normal d’après moi. Tous les présidents de clubs y vont. Vous avez entendu une sale histoire l’autre jour parce que je suis arrivé au stade l’autre jour avec lui et les supporters (de Racing de Bafoussam, Ndlr) l’ont menacé de mort. Moi aussi ils m’ont menacé et du coup j’ai pris part. Je ne savais pas qu’il y avait autant de sauvages dans le football. C’est juste un divertissement mais il y a des gens qui en font une histoire de vie ou de mort.
Camfoot.com : Maintenant que vous vous frottez à la gestion d’une équipe de football est ce que c’est difficile ?
Jean Paul Foundjio : C’est difficile. Très très difficile même. C’est gratifiant aussi dans la mesure où on se sent utile. Je vois la trentaine de jeunes que j’ai pris en main depuis la création de ce club. Je suis un peu pour eux leur père. Ils sont logés chez moi au gymnase où ils mangent et sont heureux. C’est moi qui les soigne et actuellement que le championnat est arrivé à son terme je suis triste pour certains d’entre eux. Parce demain là il va falloir qu’ils se débrouillent autrement pour manger. Ils ne vivent que de petites primes de matches que je leur donne.
Camfoot.com : Parlons maintenant de la Mtn Elite One dont vous êtes l’équipementier ; au même titre que la Mtn Elite Two, à travers la société Smart. Quelle lecture faites-vous de cette première saison de la Mtn Elite One qui est arrivé à son terme ?
Jean Paul Foundjio : J’ai une très bonne impression de cette Elite One parce que les matches ont été bien programmés. Il y a eu de petites imperfections mais je pense que par rapport aux années précédentes ça s’est très bien passé. Le calendrier a été communiqué longtemps avant, respecté. A deux mois on connais déjà la date de la date de la reprise ce qui est déjà bien. Franchement la Fécafoot est en train de travailler professionnellement. J’ai souvent rencontré les responsables qui ont pensé qu’on ne peut plus bricoler. Actuellement ça se passe comme ça devrait parce qu’il y a des standards internationaux et ils sont en train de copier ce qui se passe ailleurs.
Camfoot.com : Est-ce à dire que d’ici le mois de septembre vous serez déjà prêt pour fournir aux équipes de première division tous les équipements nécessaires ?
Jean Paul Foundjio : Bien sûr ça ne m’a jamais posé de problème étant donné que j’anticipe toujours. Maintenant que je sais quels sont les clubs retenus pour l’Elite One, et comme les couleurs ne changent pas, je suis prêt et pourrait même les livrer dès la semaine prochaine. Ça ne me pose aucun problème.
Camfoot.com : Les travaux du stade municipal de Mbouda tendent déjà vers la fin. En tant que l’un des fournisseurs de matériaux de construction dans cette infrastructure peut-on avoir une idée sur l’état d’avancement?
Jean Paul Foundjio : Par rapport aux travaux de finition je suis très heureux d’être la personne qui met la dernière touche à ce stade dans la mesure le président Iya Mohammed m’a demandé lors d’une de nos rencontres fortuites de fournir des lucarnes, les abris de touche, des commissaires de matches, les poteaux de corners et tout le nécessaire pour le démarrage. J’ai déjà livré tout ce matériel. J’ai également livré une brouette à traceuse, une tondeuse thermique et c’est du matériel high-tech. Vous verrez le jour de l’inauguration que j’ai livré le même matériel qu’on retrouve au stade de France. C’est donc un plaisir pour moi d’être la personne qui met la dernière touche. J’ai fait peindre les poteaux en jaune parce que c’est Mtn qui est le principal sponsor de cette opération. Du moment où ça se passe dans mon village je n’ai même pas cherché à gagner de l’argent dessus parce qu’en faisant mes comptes j’ai constaté que ça a dû me coûter un peu plus cher que ce que ce que j’avais facturé. Pour revenir à l’équipe les partenaires (Fécafoot et Mtn) étaient déjà en tarin de regretter d’être allés loin installer ce stade ; à Mbouda dans une contrée perdue comme celle-ci.
Camfoot.com : Est-ce à dire que c’est un investissement à perte ?
Jean Paul Foundjio : Sur le plan marketing ou commercial ça ne leur apportait presque rien. C’est un honneur pour nous d’avoir reçu un gros investissement comme celui là dans notre village. Si j’ai aussi monté l’équipe Olympique Mangwa c’était pour calmer la tension qui pesait sur l’éventuelle inauguration de ce stade. C’est quand même un petit lot de consolation. Si on avait compté le nombre de spectateurs lors du match Racing contre Olympique, je crois qu’il y aurait eu plus de Mbouda que de Bafoussam, même comme la rencontre se jouait à Bafoussam. Il y a eu des charters d’environ six coasters qui sont partis de Mbouda avec les supporters de la nouvelle équipe. C’est un véritable lot de consolation. Ce qui fait que le jour de l’inauguration il n’y aura pas de bagarres parce que Mbouda a déjà une équipe. Ce qui me va droit au cœur. J’ai aussi crée Olympique par rapport aux autres villes bénéficiaires du projet Mtn Fécafoot. L’expérience de Mbouda pouvait faire à ce que Mtn et la Fécafoot décident d’arrêter ce vaste programme de construction de stades au Cameroun. Si ça se passe mal à Mbouda et ils décident d’arrêter ce ne sera pas bien. J’ai fait tout cela pour les encourager et faire en sorte qu’ils transforment l’essai de Mbouda ailleurs. Nous ne gagnons rien à être seuls dans le bonheur. Tout le monde est content aujourd’hui surtout qu’il y a du grain à moudre.
Camfoot.com : Une dernière préoccupation. Beaucoup de gens se posent la question de savoir ce qu’est devenu l’équipe Bamboutos de Mbouda…
Jean Paul Foundjio : Honnêtement je ne sais pas si elle existe encore. Le problème de ce genre d’équipe à l’instar de Aigle, Panthère et bien d’autres, on ne sait pas à qui elles appartiennent. Ici à Mbouda par exemple c’est le préfet qui intervient dans le choix du président. En ce qui concerne Olympique Mangwa on sait qu’elle est à moi. C’est ma propriété. Contrairement à Bamboutos qui n’appartient à personne. On pourrait même dire qu’elle appartient à l’administration. Je suis incapable de vous dire si cette équipe qui n’a même pas de siège et encore moins un staff existe encore. Le club n’a même pas été affilié en ligue provinciale la saison dernière. On attend voir ce que la justice va décider mais je ne sais pas si elle a le pouvoir de réhabiliter une équipe exclue d’une association.
Entretien mené à Mbouda par Francis Kamga