Je savais qu’il était longtemps malade, mais je ne pensais pas que le pire arriverait.
Il était effacé de la scène politique camerounaise depuis qu’on l’avait affecté à Moscou en passant par Madrid où il exerçait comme Ambassadeur.
C’était un homme de paix, de dialogue, ce fut un grand homme de par son encadrement constant.
Nous l’appelions affectuesement Papa et non Monsieur le ministre, toujours à l’écoute des joueurs ; toujours fier quand nous lui rendions visite dans son bureau, que ce soit au Ministère de la Jeunesse et des sports ou au ministère de la Justice.
Il était très écouté par le feu le président Ahidjo à telle enseigne que le chef de l’Etat n’hésitait pas souvent à l’appeler à deux heures du matin pour s’enquérir des nouvelles des joueurs.
Je me souviens quand il nous a reçu à l’aéroport international de Douala du retour d’Allemagne pour le stage de préparation en vue de l’expédition espagnole pour la coupe du monde de 1982, nous avions trois jours au pays, question de venir dire aurevoir aux familles ; en susbtance, voilà ce qu’il nous avait dit : “ je souhaite que vous allez avec vos anciennes copines et non les nouvelles, afin de mieux défendre les couleurs nationales ”. Ses discours n’excédaient pas dix minutes.
En Espagne, il passait régulièrement son temps dans la chambre de Tommy (Thomas Nkono, ndlr), puisqu’il était l’un des joueurs sur qui il comptait le plus. A Harare, lors des éliminatoires de cette même coupe du monde, Tommy sortait de Bendel City au Nigeria avec un genou enflé, nous avions comme remplaçant le gardien de but Esso du Canon de Yaoundé. Le ministre Ngongang Wandji a demandé aux entraîneurs de ne pas prendre les risques, et a insisté qu’on fasse jouer Tommy. Malgré sa blessure, il a joué et nous avons heureusement fait match nul, zéro but partout.
Papa va en paix, nous ne t’oublierons jamais et que la terre de nos ancêtres te soit légère.
Joseph Kamga
(Le Messager)