Amusé par certains sujets, Landry N’Guemo a répondu à une sélection de vingt et une questions posées par les supporters via le site internet du club. L’international camerounais y parle de son pays, de sa récente naturalisation, du championnat de France et de ses chaussures rouges et bleues.
Est-il plus facile d’être repéré par des recruteurs au Cameroun, un grand pays de football, plutôt que dans un autre pays africain ?
Ce n’est pas plus facile. Il y a en effet plus de recruteurs au Cameroun, mais aussi plus de bons joueurs. Cela a toujours été une grande nation de football et les jeunes tapent dans le ballon toute la journée. Lorsque Samuel Eto’o joue avec Barcelone, les rues se vident et tous les Camerounais regardent le match. Ils se mobilisent comme lors des rencontres de l’équipe nationale.
Comment as-tu vécu la CAN avec le Cameroun? Est-ce que cela n’a pas été frustrant de ne jouer que le premier match ?
C’était en effet frustrant d’un point de vue sportif de ne pas avoir joué plus de matchs. Mais cette Coupe d’Afrique des Nations a aussi été une expérience très enrichissante et m’a permis d’apprendre aux côtés des dinosaures de la sélection nationale.
Avez-vous acquis la nationalité française ? Que représente pour vous cette démarche de naturalisation ?
Je suis français depuis le mois de décembre. C’était une suite logique puisque je vis en France depuis huit ans. Aujourd’hui, j’ai un peu perdu la mentalité camerounaise et pense comme un Français.
Pensez-vous que l’ASNL peut rester à la 3ème place jusqu’à la fin de saison et donc décrocher un ticket pour la Ligue des champions ?
C’est notre souhait et nous ferons tout pour conserver cette troisième place.
Que penses-tu du niveau de la Ligue 1 par rapport aux autres championnats européens ?
Le championnat de France est plus tactique. Il y a moins d ’espace et il faut jouer rapidement, ce qui n’est pas toujours évident. Les autres championnats misent plus sur la technique et sont plus spectaculaires. C’est rare de voir un match se terminer sur un score de quatre buts partout en France.
Quel est le meilleur milieu défensif du championnat de France ?
Jean II Makoun. C’est un cadre à Lille. Ce n’est pas pour rien que Manchester United l’a approché l’été dernier. Il est vraiment impressionnant et j’apprends beaucoup à ses côtés en sélection.
Comment expliques-tu ton irrégularité au fil de la saison, car tu termines toujours titulaire et en grande forme ?
C’est aussi la question que je me pose (sourire). En fait, cela ne dépend pas de moi. Je sais juste que j’ai besoin d’enchaîner les matchs pour être en forme et accumuler de la confiance.
Est-ce plus usant pour vous mentalement et nerveusement qu’à l’accoutumée quand on sait qu’une place en Ligue des champions constituerait un exploit pour Nancy ?
Je n’y pense pas ! Nous avons déjà atteint notre objectif, le maintien, et tout ce qui va suivre ne sera que du bonus. Maintenant, nous sommes aujourd’hui troisièmes et, comme nous jouons toujours pour gagner, nous espérons rester à cette place jusqu’à la fin de ce championnat.
Parmi tous les joueurs issus de la première saison dans l’élite en 2005/2006 avec l’ASNL, tu es le seul à n’avoir jamais marqué avec le groupe pro. Même si ce n’est pas une fin en soi pour un milieu de terrain défensif comme toi, est-ce une chose (le fait de marquer) à laquelle tu penses quand tu rentres sur le terrain ?
On me le rappelle souvent en me chambrant dans le vestiaire, mais je n’y pense pas en entrant sur la pelouse. Je ne me trouve pas souvent face au but et opte aussi parfois une solution plus collective. Mon objectif n’est pas de marquer, mais de rendre service à l’équipe.
Au même titre qu’un entraîneur pour les gardiens, pensez-vous qu’il pourrait aussi y avoir un entraîneur spécifique pour les attaquants afin de travailler les duels, les dribbles, les frappes et améliorer la lucidité devant le but ?
C’est plutôt à l’entraîneur de proposer des séances spécifiques devant le but. C’est aussi aux attaquants de le demander. Mais, je ne pense pas qu’il soit utile d’avoir un entraîneur uniquement pour les attaquants.
Souhaiterais-tu, un jour, changer de rôle pour devenir attaquant comme Monsef Zerka ?
Je n’y pense pas du tout. J’essaye d’abord d’être bon à mon poste et cela me plaît de récupérer des ballons et de faire des passes. Pour la suite, on verra…
Si tu pouvais « emprunter » un talent footballistique particulier à trois des meilleurs joueurs du monde, quels seraient ces talents et à qui les emprunterais-tu ?
Le sens du jeu de Makélélé, la frappe de Lampard et la grinta de Gattuso.
Dans quel grand club européen rêves-tu de jouer ?
Je n’ai pas de rêve. Peu importe le club ou le championnat du moment que je puisse progresser…
Je suis un jeune footballeur de 22 ans et je stresse chaque veille de match. Comment faites-vous pour ne pas avoir de pression ?
Un jour, un très grand joueur m’a dit que tout le monde ressentait un petit nœud dans son ventre avant un match. Il faut juste bien gérer cette pression. J’écoute de la musique africaine et esquisse quelques pas de danse. Cela me permet de me mettre dans un état euphorique.
Avec mes enfants, nous avons remarqué que vous aviez toujours un chewing-gum dans la bouche. Est-ce un porte-bonheur ?
Non, ce n’est pas un porte-bonheur (sourire). En fait, penser à bien mâcher mon chewing-gum me permet d’oublier la fatigue.
Quel est le plus grand chambreur du groupe ?
C’est un groupe qui chambre beaucoup, donc c’est difficile de ne citer qu’un seul joueur. Les meilleurs sont John (Brison), Puyg (Puygrenier), Youss (Hadji) et Gaston (Curbelo). Il y en a aussi un autre qui chambre dans le calme et la discrétion, c’est Mickey (Chrétien).
Actuellement en rééducation après une opération des ligaments croisés antérieurs du genou, aurais-tu des conseils à me donner avant la reprise du sport ?
Il faut surtout bien récupérer avant de reprendre l’entraînement. L’envie est toujours forte, car on est pressé de rejouer. Mais, il faut faire attention de ne pas annihiler plusieurs mois de rééducation en reprenant trop tôt. C’est vraiment le piège à éviter.
Quel regard portes-tu sur l’affaire « Ouaddou » ? As-tu déjà été la cible d’insultes racistes sur un terrain ?
Nous sommes tous des humains, peu importe la couleur. Ils prononcent peut-être ces mots sur le coup de la colère ou pour provoquer. C’est dommage que des gens se comportent ainsi.
Pourquoi as-tu une chaussure rouge et l’autre bleue ?
Au départ, j’ai choisi un modèle de chaussure en particulier, car je n’aime pas les lamelles. Je préfère les crampons plus traditionnels. Ce modèle est forcément livré avec une chaussure de chaque couleur. Je n’ai donc pas le choix, mais cela ne me dérange pas du tout.
Quel métier aurais-tu aimé exercer si tu n’avais pas été footballeur ?
Je n’ai jamais pensé faire autre chose. Quand j’étais gamin, je disais déjà à mon père que je serais footballeur plus tard et il me répondait que ce n’était pas un métier.
À la fin de votre carrière, pensez-vous retourner vivre au Cameroun ou résiderez-vous en Europe ?
J’espère avoir encore de nombreuses saisons pour y penser. Je vis l’instant présent et ne pense pas à cela. Je vis en France et passe mes vacances au Cameroun, c’est parfait aujourd’hui.
Source: asnl.net