L’information avait l’effet d’un pétard mouillé. Tout est parti d’un reportage du correspondant de Rfi au Togo qui annonce Joseph Antoine Bell au coude à coude avec le français d’origine algérienne, Henri Stambouli, pour entraîner l’équipe nationale du Togo.
Ceci après le départ dans les conditions pour le moins rocambolesque du Nigérian Stephen Keshi. Alors que l’idée prenait progressivement forme et que l’opinion nationale au Cameroun soutenait moralement « Jojo » dans ce duel à distance, on apprenait que le technicien français devait être nommé dans les prochains jours (même si jusqu’aujourd’hui le contrat de Stambouli n’est pas encore paraphé de manière formelle). La raison ? « le dossier de candidature de Bell serait arrivé en retard ». Camfoot.com a voulu recouper l’info en essayant de joindre Bell, cependant les proches indiquaient son absence du pays.
C’est finalement ce lundi que le technicien camerounais contacté, a accueilli le journaliste, un sourire en coin : « Je n’ai jamais déposé un dossier de candidature pour entraîner l’équipe nationale du Togo », lâche d’entrée de jeu, Joseph Antoine Bell. Avant de continuer avec la rhétorique qu’on lui connaît : « dans les pays qui se respectent, on ne recrute pas un entraîneur par un appel à candidature comme ça se voit dans certains pays. Lorsque Newcastle a recruté Geremi Njitap qui était sociétaire de Chelsea, le camerounais n’avait pas déposé sa candidature. On observe un joueur et s’il est talentueux et s’il répond à l’aspiration d’un club, on le recrute. C’est de la même manière qu’on recrute un entraîneur. Je n’ai pas envoyé de dossier de candidature et mon dossier ne pourrait donc pas être arrivé en retard comme le laissaient entendre certains», tranche-t-il.
Bell a été bel et bien contacté
Finalement, Bell a-t-il été oui ou non contacté par la fédération togolaise de football ? Le technicien camerounais répond sans tergiverser : « je n’ai pas discuté avec la fédération togolaise de football. Par contre, j’ai discuté avec certaines personnes qui sont dans le football togolais et il est possible que ma personne les intéressait pour entraîner leur équipe nationale. Mais j’avais l’impression qu’au moment où ma candidature était annoncée, il a semblé que les populations étaient vivement favorables d’après les nouvelles que j’ai eues. Mais à cette période là, la fédération togolaise avait des négociations très poussées avec Henri Stambouli qui était d’ailleurs déjà au Togo », explique Bell, serein.
Sur le choix du candidat Henri Stambouli, « Jojo » dit ne pas en vouloir à la fédération togolaise qui a fait un choix raisonnable à leurs yeux. Mais le camerounais tient à préciser: « ce Stambouli était l’un des remplaçants et alors que moi, j’étais titulaire indiscutable à l’Olympique de Marseille ».
Si finalement le dossier de Henri Stambouli a été retenu au détriment de Bell, le quotidien français, le « Journal du dimanche » révèle que Michel Hidalgo, ami personnel de l’actuel ministre des sports togolais, Antoine Folly, avait effectué une visite à Lomé où il s’est planché sur deux dossiers urgents : la rédaction d’un cahier de charge comportant le profil et les exigences d’un sélectionneur national et la mise sur pied d’une direction technique professionnelle. Et le choix de Michel Hidalgo, ancien directeur sportif des deux ex Marseillais s’est porté sur le français Henri Stambouli. Une situation que « Jobell » met sous le compte des péchés mignons des africains car « on ne peut pas vous demander de proposer un candidat pour être chef alors que parmi les postulants, il y a quelqu’un de votre village ».
D’autres chantiers plein la tête
Soit, mais au fond, n’est-ce pas le manque d’expérience de Bell qui depuis l’obtention de son diplôme d’entraîneur à Claire fontaine, (la prestigieuse école française), ne s’est jamais assis sur le banc de touche d’un club d’envergure ou d’une sélection nationale ? Sans réfléchir, le technicien camerounais lâche comme une mitraillette: « Je n’ai pas de doute sur ma compétence. Si on me demande de prendre en main les joueurs de 5, 12, 17 ans, ou des joueurs amateurs ou des professionnels, je sais exactement ce que je dois leur dire et ce que je dois faire parce que toutes ces étapes, je les ai fait moi-même ». Il poursuivra : « avant que Michel Platini ne prenne l’équipe de France en 1988, que Bekambauer, Klinsman n’entraînent l’Allemagne, ils avaient déjà entraîné où ? Mais cela ne les a pas empêché de faire bien leur travail », constate celui qui a été élu « meilleur gardien africain de tous les temps ».
A 54 ans, le double champion d’Afrique avec les Lions indomptables vit à Douala depuis qu’il a pris sa retraite après la coupe du monde aux Etats-Unis en 1994 où il est depuis quelques années, consultant football de Radio France internationale (Rfi). Si sa nomination à la tête des Eperviers s’était confirmée, cela aurait été la première fois qu’il assure l’encadrement technique d’une sélection nationale de football. Avant d’enterrer ce qu’il convient d’appeler « l’affaire Bell », un fait saillant crève les yeux : Joseph Antoine Bell, diplômé de Claire Fontaine en France avec pour camarade de promotion Alain Giresse et Tigana et sollicité par le Togo (depuis la dernière CAN ghanéenne selon le site www.mtnfootball.com) et qui n’est pas prophète chez lui au Cameroun (il a déjà manifesté l’envie d’entraîneur les Lions indomptables mais sa candidature a connu rencontré une levée de la part de ses détracteurs) a un talent certain, reconnu à l’étranger. Et rien n’exclut que son étoile brille un de ces jours. « Pourquoi pas », s’est exclamé Bell qui avoue être « sur plusieurs chantiers ».