Avec son élection à la tête du centre de formation de Bielefeld, équipe de première division du championnat d’Allemagne, Augustin Kwamo vient d’atteindre ce qu’aucun « homme de couleur » n’avait jamais réussi outre Rhin. Une récompense qui couronne une longue carrière de formateur en Bundesliga.
Lundi dernier à la SchücoArena de Bielefeld, le natif de Bangou dans la province de l’Ouest du Cameroun a été porté à la tête du centre de formation d’Arminia Bielefeld. Devant plusieurs invités composés par diverses personnalités et hommes politiques de la ville de Bielefeld (centre de l’Allemagne), Augustin Kwamo a été élu à l’unanimité pour diriger dans les années à venir la destinée de la pépinière de ce club de Bundesliga (première division Allemande). Une récompense qui ne perturbe pas cet homme discret qui s’investit dans la formation des jeunes depuis plus de 20 ans. Une longévité et une expérience qui ont fait de lui une pièce maîtresse dans la formation outre Rhin. David Odonkor, Lukas Podolski, Patrick Owomoyela, Marcel Ndjeng, Sahr Senesie, Otto Addo, Arne Friedrich (capitaine du Herta de Berlin), Thomas Helmer, Massimilian Porcello ou encore Anthony Baffoe sont quelques noms du large répertoire constitué de footballeurs passés sous ses ordres. Resté attaché au Cameroun dont il arbore encore fièrement le passeport, ce cousin de Djonkep Bonaventure (ancien international Camerounais et actuel entraîneur de l’union Sportive de Douala ndlr) n’hésite pas à s’impliquer dans les œuvres humanitaires comme en témoigne cet important don en matériel sportif offert à Cœur d’Afrique de la fondation Roger Milla. S’il est reconnu dans cette activité, son passé de footballeur et de styliste chez Yves Saint-Laurent ne le présageait pas à cette destinée particulière.
De Bangou à Bielefeld en passant par Paris
C’est dans la fin des années 60 qu’il commence sa carrière dans Espoir de Bangou qui est une équipe locale. Au début des années 70, il va rejoindre le Racing de Bafoussam où 7 membres de sa famille sont déjà passés. Même s’il n’est pas un « grand » aux côtés des Mayaka, Simo Benjamin ou encore des Nono « dragon », il représente quand même la jeunesse du TPO (Tout puissant de l’Ouest). C’est dans le stade de Douala (deuxième division du littoral) que sa carrière va prendre son envol. Il participe montée en première division avant de rejoindre la France en 1974. Un exil européen qui n’aura rien de sportif puisque le jeune Kwamo est envoyé (sous l’impulsion de son oncle, qui était tailleur) par sa famille poursuivre ses études sur le vieux continent. C’est à l’académie internationale de coupe de Paris que l’ancien pensionnaire d’espoir de Bangou dépose ses valises et en ressort avec un diplôme de styliste modéliste. Il travaille dès sa sortie d’école chez Yves Saint-Laurent et avec d’autres Africains de la branche tels que Djeumani. Ce qui ne l’empêche pas de continuer sa passion qu’est le football. C’est étant dans la formation de Quimper (nord de la France) que Nzoudja Claude (ancien président du Diamant de Yaoundé) gardien de but à Berlin lui propose de traverser le Ruhr. Une proposition qui ne le laissera pas indifférent. En effet, Augustin Kwamo-Kamdem entretien une liaison amoureuse avec une jeune étudiante Allemande venue étudier la littérature Française à Paris. Même s’il entrevoit de retourner au Cameroun vivre avec sa dulcinée, c’est finalement en RFA, plus précisément dans la région de Bielefeld qu’il va définitivement poser ses valises en 1980. À son arrivée, il se sent bien accueilli dans une région où on ne trouve pas d’Africain. Il intègre rapidement l’équipe amateur du DC Arminia Bielefeld qu’il ne quittera plus. C’est à la naissance de son premier fils (actuellement commissaire de police) qu’il décide d’arrêter de jouer au foot pour se consacrer à l’éducation de son enfant. Sa compagne n’ayant pas encore terminé ses études, il devenait pratiquement impossible pour lui de continuer sa passion. C’est en jouant avec son fils que sa carrière d’entraîneur va commencer. En effet, les autres enfants du quartier viennent se joindre à lui pour s’exercer à taper dans le cuir. C’est à ce moment que la direction du club lui confie l’encadrement des plus jeunes. Avant son élection à la tête du centre de formation, Augustin occupait un poste de superviseur parallèlement à son rôle d’encadreur des équipes jeunes. Bien qu’installé depuis 27 ans en Allemagne, il garde toujours des bonnes relations avec ses anciens coéquipiers. Kaham Michel (entraîneur formateur à la KSA), Simo Paulin (pharmacien à Loum), Roger Milla, Thomas Nkono et Joseph Antoine Bell ont ainsi gardé un contact permanent avec Augustin Kwamo. Stephen Sunou
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