À 19 ans seulement, Georges Mandjeck est l’un des grands espoirs du Vfb Stuttgart. Remarqué en janvier dernier par le club champion d’Allemagne en titre lors de la CAN junior Congo 2007, l’ancien pensionnaire de la KSA est engagé en juin. Dans cette ville qui est aussi le siège des constructeurs automobiles Mercedes Benz et Porsche, le jeune milieu défensif y prend déjà ses marques en attendant de disputer, pourquoi pas, la Ligue des Champions…
Camfoot.com: Georges Mandjeck, comment avez vous été recruté par le VfB Stuttgart ?
Georges Mandjeck: Le recruteur du club allemand est venu me voir lors de la Can junior au Congo cette année. Lors du premier match que nous perdons contre l’Egypte, il a apparemment aimé ma prestaation en tant que numéro 6. Au deuxième match, il est resté, mais le coach Aboubakar a changé la tactique de l’équipe. L’arrivée d’ Alexandre Song l’a obligé à me repositionner en milieu offensif, Morfaw jouant le rôle de second défensif. Contre le Nigéria, j’ai retrouvé ma place habituelle, et le recruteur a aimé mon jeu. Du coup, il a appellé le président de Stuttgart pour lui parler de moi. Après ils sont allés à Douala rencontrer le président Kadji de la KSA. Les choses ont un peu trainé, les allemands sont repartis chez eux mais sont revenus à la charge plus tard, car ils tenaient à moi. Au mois de mai, ils m’ont invité à aller m’entrainer avec leur équipe réserve durant trois semaines pour commencer à m’acclimater. De retour au pays, j’ai participé au match des Espoirs Cameroun-Guinée à Garoua, puis je suis parti pour de bon à Stuttgart, où les entrainements reprennaient le 29 juin au matin.
Camfoot.com: L’adaptation n’a pas dû être facile, pour vous qui arrivez directement du Cameroun pour un grand club d’Europe…
Georges Mandjeck: J’ai eu la chance de trouver à Stuttgart un grand frère, en la personne de l’ivoirien Artur Boka. Il est au club depuis la saison précédente. C’est lui qui est mon guide ici, pour tout! Il m’a très bien accueilli: on a visité la ville ensemble, il m’a emmené par exemple au Musée Mercedès.
Camfoot.com: Comment faire pour s’entrainer quand on ne comprend pas la langue du pays ?
Georges Mandjeck: Je prends des cours d’allemand deux heures par jour, chaque jour. Parfois les cours sont avant le training, d’autres fois après. Ils peuvent se dérouler au club, ou même chez moi. Je commence à capter certains mots, je peux déjà demander du pain à la boulangerie (rires).[il essaye] »Ich möchte …brötchen » (nouveaux rires) Je crois que c’est comme ça qu’on dit! Sinon aux entrainements, il y a des mots spécifiques qu’on utilise tous les jours, et que à force, je comprend. « Reculez! Avancez! » Je reste près de Boka, je fais ce qu’il fait. Je m’adapte vite, le coach l’a remarqué. Quand il demande de faire des tours de terrain, ou « une touche, deux touches de balle« , Boka m’explique, et je le fais.
Camfoot.com: Y a-t-il une difference énorme avec ce que vous avez connu au Cameroun?
Georges Mandjeck: Je trouve que les entrainements ne sont pas trop differents. Vous savez, j’étais au centre de formation de la KSA qui est quand même un peu professionnel. On y faisait de la tactique, de la technique, on travaillait énormément. Rien ne m’a surpris lorsque je suis arrivé ici. Je peux ajouter que les entrainements durent environ une heure et demie, et qu’ils sont très toniques. On ne ressent la fatigue que largement après la séance. En Allemagne, c’est très organisé: le chauffeur du club vient me chercher pour m’emmener aux entrainements. Parfois Boka vient aussi me prendre. Aux vestiaires, je trouve affiché sur mon casier mon programme du jour: le training, mes cours d’allemand, mes cours de conduite. Je vais à l’auto école en fonction des horaires des entrainements. Tout est prêt pour nous, on ne vient au stade qu’avec nos effets de toilette! Les godasses sont apprêtées par quelqu’un, les maillots sont pliés et posés à la place de chacun. Tout est pris en charge par un intendant, pour nous permettre de ne penser qu’au football. Pour l’instant, en trois journées, j’ai été convoqué deux fois: à Berlin contre le Hertha, et ce weekend à la maison contre le Duisburg de Idrissou. Nous nous sommes échangés maillots et numéros de téléphone après la rencontre, et il m’a appelé dès son retour chez lui en soirée.
Camfoot.com: Rien d’autre ne vous manque alors par rapport au pays?
Georges Mandjeck: Si, ma famille! Mais je ne fais pas trop attention à cela, car je téléphone très souvent à Douala. En plus, je considère Artur Boka comme mon frère, et donc comme ma famille. On mange ensemble les weekends, il a une famille ivoirienne en ville qui nous fait de la nourriture africaine chaque samedi ou dimanche. Mes amis sont loin, mais proches aussi: c’est Benjamin Moukandjo de Rennes et Nkoulou Ndoubena de Monaco, deux joueurs avec qui j’ai été formé à la KSA. Nous nous appellons souvent, pour comparer nos entrainements, ou se donner des conseils sur notre diététique. Nous voulons nous faire un nom avant la Coupe du Monde 2010 d’Afrique du Sud. Bien sûr, il y a les J.O en 2008 qu’on aimerait jouer avant pour être dans une bonne spirale pour le mondial africain.
Camfoot.com: Comment concilier justement la vie de néo professionnel et celle de sélectionné en équipe olympique camerounaise?
Georges Mandjeck: C’est vrai que j’ai raté les Jeux d’Alger parce que je venais d’arriver en Allemagne. Le coach m’a dit qu’il me faisait confiance. Je n’ai que 18 ans, et normalement, ma place n’était pas dans le groupe professionnel. L’idée de départ était que l’on me prête en Bundesliga 2 ou à Strasbourg, qui est de l’autre côté de la frontière. Mais selon les gens du club, lors de la préparation, j’ai montré un grand potentiel. Plus question d’aller ailleurs: « on a des projets pour toi » m’a-t-on dit. Le moment venu, j’aurais ma chance. Je ne suis donc pas allé gagner l’or à Alger avec les autres. Je suis tout de même ce qui se passe avec la sélection olympique. J’ai appellé le staff pour les féliciter après la victoire, surtout le coach Ndtoungou pour son travail. Mon agent est aussi régulièrement en contact avec lui. Le prochain Cameroun-Maroc sera décisif et je prie que l’équipe passe. On pourra avec mes amis apporter un peu plus tard notre expérience que nous gagnons de jour en jour ici.
Camfoot.com: Un dernier message à faire passer?
Georges Mandjeck: Je tiens à saluer mon manager et agent Mr Nana Maxime qui a su négocier un bon contrat pour moi. Il m’a donné beaucoup d’importance en me faisant partir du pays directement pour le champion d’Allemagne. Il est toujours en contact avec mes parents; lui et moi causont aussi régulièrement. Il me conseille, il vient à Stuttgart de temps en temps, comme quand il m’a aidé à m’installer lorsque j’ai pris mon appartement, non loin du Daimler stadion. Je ne peux que lui dire merci.
Propos recueillis par téléphone par JP ESSO