De façon inexplicable, la défense de Bamboutos de Mbouda, jusque intraitable et rigoureuse, reste statique. Yosse, entré en jeu deux minutes avant, en profite. L’attaquant de Canon s’élève dans le ciel nuageux du stade militaire de Yaoundé. Tête croisée au second poteau. But ! Les supports anxieux explosent littéralement. L’arène vibre. Et l’entraîneur des visiteurs, Anaba s’arrache les cheveux.
L’ancien coach de Foudre redoutait justement, à la mi-temps, ce scénario catastrophe survenu à la 60ème minute de la partie. Malgré quelques velléités offensives des visiteurs, le score restera inchangé, pour le plus grand bonheur des locaux, désormais à 25 points.
On attendait de voir les équipes de tête confirmer leur ascendant. Certains clubs mal classés en ont plutôt profité pour poursuivre l’opération de sauvetage amorcée depuis le démarrage de la phase retour, le 17 juin. Le cas du Kpa Kum qui a pris une revanche légitime, 1 but à 0, sur Bamboutos de Mbouda (vainqueur à l’aller, 2 à 0), au stade militaire de Yaoundé, au cours d’une partie d’une intensité rare !
La vingtième journée du championnat de football de première division, jouée ce mercredi, 27 juin 2007, confirme ainsi la remontée du Canon sportif de Yaoundé, vers les cimes du classement général. Cette phase retour est entamée sur des chapeaux de roue par le club le plus titré du Cameroun avec, au total, déjà trois rencontres, soldées par deux victoires, respectivement sur As Cetef de Douala (2-0), à la 18ème journée et Bamboutos club de Mbouda (1-0), contre un nul encourageant obtenu dimanche passé, à Buéa, devant Mount Cameroun, le dauphin de Coton Sport.
Canon de Yaoundé était encore reléguable au terme de la phase aller. Le club de Nkolndongo affichait un bilan maigre. 18 points ! Les supporters colériques, après le faux-pas devant les Astres de Douala, 0-1, à la 17è journée, ont exigé des réformes. Notamment, le départ de Dieudonné Nké, l’entraîneur controversé, et demandé au président Théophile Abéga, de s’impliquer davantage dans la gestion du club. Des revendications légitimes, tant il est vrai que l’ancien capitaine des Lions indomptables, Ballon d’or Africain en 1984 était, depuis le lancement du championnat, en janvier, beaucoup plus porté vers la politique, où il entend briguer un juteux mandat (5 ans) de conseiller communal au terme du double scrutin municipal et législatif, prévu le 22 juillet prochain, sur toute l’étendue du territoire camerounais.
De nouveaux visages
Canon – Bamboutos a donc laissé entrevoir quelques changements heureux. Moins par la présence physique de Dr Abéga, que celle d’un nouveau coach sur le banc de touche du Kpa kum. Le désormais technicien en chef, Atangana semble avoir impulsé une nouvelle dynamique au groupe. L’esprit de conquête semble de retour dans la maison, grâce à quelques mutations majeures apportées dans le dispositif technique et tactique. La chance est donnée à certains éléments qui n’en avaient pas, du temps de Nké. A noter, par exemple, dans les buts Mbarga, fantomatique durant la phase aller.
L’effectif affiche donc complet. Si du sang neuf a été également injecté au niveau de la défense et du milieu de terrain, le compartiment offensif n’a pas été delaissé. Durant la pause, Canon s’est refait une santé en renforçant sa ligne d’attaque. Ngoumou, ex sociétaire et buteur de Foudre d’Akonolinga a été appelé en renfort. A ce jour, il n’a pas trouvé le chemin des filets. « Cela ne saurait tarder. C’est un joueur d’avenir qui reste un danger permanent pour nos adversaires », explique son entraîneur, Atangana, qui compte notamment « sur son sens du but pour hisser le Canon dans les cinq premières places du classement général et remporter la Coupe du Cameroun ».
On avait aussi beaucoup parlé des mercenaires de Théophile Abéga. Le recrutement de certains étrangers. L’opération de redressement est amorcée depuis trois journées avec le concours du Brésilien Washington. Celui -ci vient enfin de se voir délivrer ses papiers de séjour. Seul hic, l’Allemand Novy et le Japonais Kimitoshi sont portés disparus. Le nouvel entraîneur ne veut pas en dire plus. Il entend s’occuper des joueurs en place. Un bon cru, selon lui, « qui respecte les consignes données. Lorsque vous êtes écoutés, les résultats suivent. C’est la chance que j’ai eue en arrivant dans cette équipe ».
Qu’advient – il de Dieudonné Nké, qui a occupé cette fonction pendant plusieurs saisons, menant le club en compétition africaine, notamment la champions league en 2003 ? Il hérite de la Direction technique ! Un poste, selon certains observateurs, sans prestige, qui vise simplement à lui préparer une porte de sortie moins humiliante.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé