Dimanche dernier les Lions Indomptables au terme de la cinquième journée des éliminatoires de la CAN 2008, ont acquis le droit d’être présent au début de l’année prochaine au Ghana. Cet heureux aboutissement a été atteint au terme d’un parcours presque sans fautes dans le groupe 5. Sur le plan comptable notamment, le Cameroun a fait le carton plein. Cinq matches joués et autant de victoires. En Afrique personne n’a fait mieux. Pourtant, il serait naïf de s’emballer devant le bilan de l’équipe du Cameroun. Son quotidien au cours des derniers mois n’avait rien d’idyllique. Loin s’en faut.
En effet, lors de ces éliminatoires, les Lions Indomptables ont été rattrapés par certaines situations saugrenues dont eux seuls ont le secret. C’est ainsi que l’équipe du Cameroun a perdu en route son entraîneur, le Néerlandais Arie Haan, excédé par l’amateurisme des responsables du football camerounais. Pour maintenir la flamme, Jules Frédéric Nyongha, son adjoint a repris de facto le flambeau. Et c’est sous sa houlette que les Lions Indomptables ont finalement décroché leur billet pour le Ghana. Mais entre temps, et au moment même où l’équipe nationale avait le plus besoin de stabilité et de quiétude, l’intérimaire sur le banc des Lions, avait toujours ses valises prêtes, puisqu’on ne se cachait pas pour lui faire comprendre que son départ était imminent. Difficile dans de telles conditions de bâtir quelque chose.
Toujours est-il que l’équipe nationale n’a pas sombré et a préservé l’essentiel : une place pour la prochaine CAN. Et cette qualification résonne déjà comme une interpellation. Une invite à une réelle remise en question pour repartir sur de nouvelles bases. Sur des bases saines tout simplement. Une échéance importante se profile du reste à l’horizon, la coupe du monde 2010 que va abriter l’Afrique du Sud. Ce rendez-vous est important pour le football africain. Et le Cameroun, l’une des locomotives du football continental des 30 dernières années est très attendu. Pourtant, peu de signes jusqu’ici laissent penser que le football camerounais a pris langue avec l’Histoire en 2010.
A contrario, certains pays africains à l’instar de l’Afrique du Sud, hôte du Mondial, le Ghana, le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou l’Egypte se projettent déjà vers 2010. Et des stratégies sont d’ores et déjà déployées et des moyens humains, logistiques et financiers sont disponibles pour les mettre en œuvre. Au demeurant, ces pays semblent déjà en phase avec le programme « Gagner en Afrique avec l’Afrique » lancé par la Fédération internationale de football association (Fifa) à l’occasion de la première coupe du monde sur le sol africain. « Gagner en Afrique avec l’Afrique » consiste à donner au football continental les outils pour progresser et lui transférer les compétences pour lui permettre de se développer. Concrètement, ce programme a pour but de « professionnaliser » le football continental. Ainsi, l’exode des meilleurs jeunes du continent pourrait être stoppé. Il est aussi question d’améliorer le niveau des compétitions locales et par conséquent des équipes nationales africaines.
Le Cameroun demeure en marge de cette mouvance. Du moins, les signes d’une volonté de faire bouger les choses sont encore bien timides. Les plus optimistes pourraient penser qu’il y a encore du temps jusqu’au Mondial sud-africain. Mais il n’en est rien. Car c’est bien maintenant qu’il faut se doter d’une feuille de route et d’objectifs clairs pour 2010. L’une des premières étapes est celle de la clarification de la situation de l’encadrement technique de l’équipe nationale. Par la suite, il faudrait mettre tous les moyens nécessaires à sa disposition pour travailler. L’autre chantier important pour relancer le football camerounais, est celui des infrastructures. De ce côté les choses bougent. Mais le mouvement doit être d’envergure. Ce mouvement d’envergure concerne aussi les mentalités des dirigeants sportifs nationaux qui doivent se mettre réellement à la hauteur des footballeurs camerounais. Le temps presse.2010 c’est déjà demain pour les Lions Indomptables.
Simon Pierre ETOUNDI