Le championnat camerounais édition 2007 démarre en principe ce samedi 17 février. Avec un cortège d’incertitudes et d’interrogations ? Pourquoi le championnat se joue finalement à 18 clubs ? Pourquoi la Fécafoot craint (et refuse) d’organiser son assemblée générale comme le prescrivent ses textes et comme l’a exigé le ministre des sports (Minsep) ?
Que cache le revirement à 90° du Minsep qui après un véto sur le démarrage du championnat, a finalement donné son accord implicite ? Que cache la capitulation de l’Acpd qui avait exigé 100 millions par club pour se contenter finalement de …18 millions FCFA ? Qui est sorti, in fine, vainqueur du bras de fer Fécafoot-Minsep ? …
Pourquoi le championnat ne commence que le 17 février ?
Programmé pour démarrer le 3 février, le démarrage du championnat a été reporté pour démarrer en principe ce 17 février 2007. À cause du blocus opéré par les membres de l’association de clubs de première division (Acpd). Sans pour autant que le public comprenne la capitulation de l’Acpd qui exigeait 100 millions par club par an. Unis comme les doigts d’une main au début du mémorandum, les présidents de club de D1 sont arrivés au finish en pièces détachées. Entre les modérés et les radicaux, la pomme de discorde est aujourd’hui aussi béante qu’une crevasse. Au finish, les membres acceptent de redescendre dans l’arène en contrepartie de 18 millions FCFA chacun. Grosse interrogation : l’argent revendiqué à cor et à cri ira-t-il aux véritables destinataires, les joueurs. Difficile à dire. Les échos laissent d’ailleurs le public pantois. Ainsi, apprend-on que certains présidents auraient commencé à dilapider le pactole dans des boîtes de nuit ou d’autres qui ont carrément confisqué le pactole prétextant récupérer les investissements qu’ils auraient effectués.
Pourquoi évolue-t-on à 18 ?
Malgré les injonctions du premier ministre et ceux du Minsep, qui exigent un championnat à 16 clubs, on va vraisemblablement la saison 2007 avec 18 équipes. Dans une correspondance musclée adressée à la fédération camerounaise de football, Edjoa Augustin s’interroge sur les raisons de “ la montée en première division de Cetef de Douala et du Centre sportif d’Abong-Mbang ”. Une décision prise par le comité par les membres du bureau exécutif qui étaient dos au mur et qui ont finalement pris une décision pour « préserver la paix ». Bref, les intérêts des uns et des autres qui s’enchevêtrent n’ont pas permis de prendre des vraies décisions. Il fallait un jugement à la roi Salomon pour sauvegarder le jeu d’intérêt. La Fécafoot viole là, de manière flagrante, ses propres textes. Et ce, malgré les assurances du Dg de la Fécafoot qui juraient encore, il y a quelques semaines, que le championnat se jouait à 16 clubs.
Qui des clubs et de la fédé sort vainqueur du bras de fer qui a précédé l’ouverture du championnat ?
La Fécafoot ! Déclarent sous cape certains membres du bureau exécutif de la Fécafoot. A l’observation, on peut leur donner raison. On se souvient de cette sortie musclée du Minsep à travers ‘’une lettre d’informations » portant sur l’éclaircissement de pas moins de 8 points. Si la Fécafoot n’a pas respecté le deadline, à elle, imposé par le ministère des sports et de l’Éducation physique, le 13 février, on sait en revanche que les deux parties se sont rencontrées deux jours plus tard. Avec l’annonce, triomphale, par le 1er vice-président Atangana Mballa du démarrage effectif du championnat ce samedi. Un trophée de guerre (?) qui sonne comme si le Minsep, après avoir bombé son torse et montré ses muscles, avait perdu la face dans cette affaire. En tout cas, nul ne peut dire avec certitude les dessous de la rencontre Fécafoot-Minsep, qui a aboutit à l’octroi du quitus du démarrage du championnat par la tutelle.
Pourquoi la Fécafoot craint-elle l’organisation d’une assemblée générale ?
L’article 27 des statuts de la fédération, prévoit qu’elle l’AG est convoquée par le président du comité exécutif une fois l’an, dans les deux mois qui suivent la clôture de la saison sportive dans la ville abritant le siège de la Fécafoot. Un congrès qui permet, avant le démarrage du championnat de valider, au préalable, comme le prévoient vos statuts (article 44), les résultats du dernier championnat ». Malheureusement, il n’en sera rien de tout ça. Et ce, malgré les injonctions du Minsep ! A l’analyse, organiser une assemblée ouvrirait sans doute la boîte de Pandore dans une fédération minée par de multiples dossiers brûlants en stand-by. Et donc, repousserait indéfiniment le démarrage du championnat qui pouvait peut-être aboutir sur une saison…blanche.
La suprématie de Coton Sport peut-elle être menacée ?
Voilà près de sept ans que Cotonsport de Garoua domine de la tête et des épaules le championnat camerounais. Une domination que beaucoup mettent sur le compte de l’organisation et du fonctionnement de ce géant camerounais qui fait la fine bouche avec ses 300 millions de budget par an alors que d’autres clubs démarrent la saison avec moins de … 10 millions dans leurs comptes bancaires. D’autres par contre, soutiennent mordicus, à tort ou à raison, que Cotonsport bénéficierait du soutien des arbitres et du président de la Fécafoot qui est proche des cotonculteurs. Quoi qu’il en soit, si des véritables mécènes ne sponsorisent pas des clubs, Cotonsport a des chances d’être le “Lyon” camerounais de cette saison.
Mais, il faudra pas négliger Canon qui revient en force sur le plan national ou encore l’ambitieuse Astres qui regorge un effectif plutôt intéressant cette saison. Le défi pour Cotonsport reste un titre continental qui manque cruellement à son prestigieux palmarès.
Litsingui peut-il conserver son titre de meilleur buteur ?
L’attaquant congolais de Cotonsport annonçait à qui voulait l’entendre qu’il serait le meilleur buteur la saison dernière. À la fin, il a porté tranquillement son trophée. Cependant, cette saison, il aura en face des rivaux de premier ordre tels que les Libériens Victor Carr P. et Abel Mburma de l’Union de Douala et deux autres de Cotonsport qui n’ont pas le triomphe modeste. Il faudra aussi compter sur d’autres camerounais tels que Bekima de retour de Luanda ou l’ambitieux Ebonde Ebongue, alias « Papa Eto’o »…
Le public pourra-t-il revenir dans les stades ?
Au regard de tous les soubresauts qui secouent le Fécafoot et les clubs, il serait difficile de voir revenir dans les stades les spectateurs. La tendance à la désertification des gradins avance à grands pas sur le football camerounais. Une situation qu’on explique par la fuite des talents précoces, le manque du beau jeu dans les arènes et les multiples ‘’affaires » de la Fécafoot. Qu’elles sont loin les années 80 où des classiques Canon-Union faisaient 90 à 100.000 spectateurs. Aujourd’hui, les rencontres des clubs mythiques tels que Fédéral du Noun- Union ou Usd- Aigle de la Menoua drainent difficilement 10 à 15.000 âmes. En général, les rencontres se jouent devant 2 à 3.000 spectateurs. Et si rien ne change, ce triste spectacle continuera de fleurir.
Eric Roland Kongou, à Douala