C’était une révolution de palais sans effusion de sang. Un scénario que beaucoup d’observateurs n’ont pas vu venir. C’est à 19h30, après quatre heures d’intenses travaux de ce congrès du 03 février 2007 dernier tenu dans une salle de spectacle du quartier Bonapriso à Douala, que Nsoh Nkake Ngassa Happi, le président de séance par ailleurs président du conseil supérieur des Sages de l’Union de Douala annonce la sentence : « votre nouveau président est désormais…Michel Kamdem ! »
Une nouvelle qui a surpris la quasi majorité des congressistes qui ont perdu la voix pendant d’interminables secondes avant de se ressaisir et d’acclamer le nouveau N°1 des « Nassaras ».
Cette nouvelle n’a pas réjoui tout le monde. « Quelques personnes ne doivent pas confisquer l’Union. L’Union est un club qui est né à New Bell. Et chaque fils de New Bell qui a les moyens (financiers) peut le gérer. Ce n’est pas une affaire de quelques personnes ». Abraham Tchato, le maire de Douala 2ème (dont le siège est à New Bell) et par ailleurs membre influent de l’Union de Douala, se présente volontiers comme « l’homme qui pense ce qu’il dit et dit ce qu’il pense ». N’en déplaise au Prince Ngassa Happi, le président du congrès qui lors de son propos introductif a souligné que « Un congrès, n’est pas le lieu de règlement de comptes (sic) et que ce n’est dans une salle comme celle-ci qu’on va trouver des solutions à nos problèmes». À l’opposé, Abraham Tchato martèle et argue « qu’un congrès, c’est fait pour permettre aux supporters de parler ».
« On repart sans rien retenir de ce congrès »
Baptisée « Congrès de la Relance », cette assemblée générale ordinaire était supposée être très courue du fait qu’elle aurait dû se tenir depuis deux ans. Mais, à l’observation, tout porte à croire que tous les ingrédients étaient réunis pour que ce congrès ne soit pas une affaire populaire : « comment comprendre qu’on conditionne l’accès dans la salle au payement de sa carte de membre qui s’élève au minimum à 2.000 frs Cfa alors que la grande majorité des supporters de l’Union sont des ‘’bendskinneurs » (conducteurs de moto taxi) et des débrouillards qui font les petits métiers. Le prix d’une carte de membre devrait commencer à partir de 1.000 frs. De plus, beaucoup de personnalités et de personnes n’ont été au courant de la tenue de ce congrès que sur le tard » s’insurge un congressiste, visiblement resté sur sa faim à la fin des travaux. D’où l’absence de l’aille extrémistes et des ‘’radicaux » à ce congrès. Hormis les remarques et critiques cinglantes du maire Abraham Tchato, les différentes interventions se sont voulues policées, laudatives et saupoudrées d’un zeste de langue de bois.
À la question de savoir pourquoi on n’a pas donné la parole aux supporters (dont la majorité réclamaient à cor et à cri un congrès depuis deux ans), le président Michel Kamdem précise que « ce congrès était très ouvert et on n’a refusé la parole à personne ». Les comités de soutiens, réputés très critiques, sont restés curieusement muets lors de ce congrès. Beaucoup de fans de l’Usd sont restés d’ailleurs sur leur faim. Ils n’ont pas compris pourquoi le 9ème point de l’ordre du jour intitulé « Lecture adoption des résolutions et statuts » a tout simplement été ignoré par le président des séances. Toute chose qui a fait dire au maire Abraham Tchato qu’on « repart sans rien retenir de ce congrès ». Outre ces insatisfactions de certains congressistes, il n’y a pas eu des élections à proprement parlé comme le stipulait le 11ème point de l’ordre du jour dénommé « élection de monsieur le président général ». « Les textes de l’Union stipulent clairement que le président sortant propose un candidat qui est infirmé ou confirmé par le conseil supérieur des sages » rappelle Honoré Foimoukong, membre de la commission de la communication. Traduction, le président de l’Union « est coopté par le conseil des sages du club ». Prince Ngassa Happi quant à lui reprécise le portrait-robot du président de l’Union : « c’est un membre du club qui a fait ses preuves à différents niveaux avant de prétendre au poste suprême ». Traduction : il n’y a pas de génération spontanée dans l’Union de Douala.
Objectif : reconquérir le Cameroun et l’Afrique
Toutefois, cette assemblée générale a le mérite de réunir autour d’une même table des ‘’has been » et des anciens dirigeants. On cite entre autres les ex-présidents Omer Nguewa, Monthé Dieudonné, Joseph Fotso, et le l’ex-buteur emblématique et capitaine des années 80, Eugène Ekoulé, etc. L’autre mérite de ce congrès qui a réuni moins de 500 personnes réside dans la collecte de fonds qui s’est élevée à près de 50 millions de FCFA. Le gros de la cotisation vient des sponsors (26 millions pour la société Camlait du président sortant Michel Zuko et 20 millions la compagnie financière Cofinest du nouveau président Michel Kamdem). D’autres contributions méritent d’être soulignées à grands traits : celle de Dieudonné Kamdem, président de Fovu et Pdg des Astres de Douala qui a donné 1 million de Francs Cfa pour les deux structures qu’il représente. Grégoire Piwélé, promoteur culturel et membre influent du club a donné en son nom 500. 000 frs et 500.000 frs pour la prestigieuse salle de spectacle, le Saint John Plazza qui a accueilli ce congrès 2007. Le Maire de Douala 2ème Abraham Tchato a donné 400.000 frs qui « rappelle à l’assemblée qu’un chèque 600.000 frs que [sa] mairie a offert à de l’Union depuis 4 ans est toujours en souffrance » dans l’institution qu’il dirige. Sa collègue de Douala 5ème, Françoise Foning, bien qu’absente, a fait parvenir la somme de 200.000 frs.
Michel Kamdem, le nouveau président a pour sa part a placé son mandat sous le signe de « l’unité, la discipline et la victoire ». Un triptyque qui « doit avoir pour socle le professionnalisme ». Ce sont ces quatre éléments qui ont permis à l’Union de sauver sa saison l’année dernière in extremis avec la coupe du Cameroun. Cette victoire doit être la première marche qui doit permettre à l’Union de retrouver ses gloires perdues en allant à la conquête du Cameroun et de l’Afrique. Dixit le Michel Kamdem dont la première action a été d’installer son prédécesseur comme… président d’honneur de l’Usd. « Finalement, rien n’a changé puisque le 1er vice-président devient président général et ce dernier, président d’honneur » s’est exclamé un congressiste à la fin des travaux.
Eric Roland Kongou, à Douala