Le joueur est explosif et se fait remarquer par son admirable couverture de balle et sa qualité de dribble. L’homme est discret. Et pourtant, fort d’un palmarès complet au Cameroun aussi bien sur les plans individuel et collectif, Marcus Mokake s’est installé depuis deux ans dans les Ardennes françaises.
A l’issue d’une saison, où il aura grandement contribué à la montée de son équipe dans l’élite française, il nous livre ses sentiments sur le métier, la vie extra sportive et l’avenir qui lui offre un nouveau défi, s’imposer en Ligue 1. Le tout, avec une pensée vers les Lions Indomptables, que ce petit gabarit garde toujours à l’esprit.
Camfoot.com: La saison vient de s’achever, votre club est monté en première division et votre contrat a été prolongé. On peut estimer que c’est une saison réussie. Est-ce également votre avis ? Avez-vous atteint tous vos objectifs de l’année ?
Markus Mokaké : Pas forcément, mais j’ai prouvé que j’avais atteint le niveau de la deuxième division et sur le plan collectif, on a terminé parmi les 3 premiers, ce qui nous assure la montée parmi l’élite. Je suis content, surtout d’avoir fait partie des principaux acteurs de la montée, mais le plus dur commence maintenant, car il faudra assurer le maintien l’année prochaine.
Camfoot.com: Vous êtes l’un des joueurs les plus utilisés par Serge Romano, votre entraîneur, mais vous avez alterné les titularisations et les entrées en jeu. Comment vivez-vous le turn-over imposé par le coach ?
Markus Mokaké : C’est son choix. C’est vrai que ce n’est pas facile. Surtout pour nous les attaquants. On était six, puis sept avec l’arrivée de Pius et le coach a essayé de tourner pour que tout le monde joue et qu’on n’ait pas de problème. Au début de la saison, j’étais titulaire. Mais, il a fait d’autres choix à un moment et les faits lui ont donné raison puisqu’on monte. Et cela a été payant parce que chaque personne donnait le maximum quand il avait la chance de débuter.
Camfoot.com: Avec le recul, après un peu de plus de deux ans, comment trouvez-vous le niveau de la Ligue 2 française, par rapport à ce que vous avez vécu avant ?
Markus Mokaké : Le niveau est élevé. Il n’y a qu’à voir les performances des clubs de ce niveau lors des différentes Coupes (de France et de la Ligue). Surtout, en haut de tableau où les équipes qui montent sont maintenant au niveau de la Ligue 1.
Camfoot.com: Comment envisagez-vous la saison prochaine en Ligue 1 ? Pensez-vous que commencer par la seconde Division était une bonne mise en jambes avant d’affronter les grosses cylindrées ?
Markus Mokaké : Oui, il faut d’abord s’adapter. Et pour ça, le plus important c’est de s’imposer et de jouer. Il ne faut pas seulement penser à signer un contrat, il faut jouer. Moi, j’ai joué depuis que je suis arrivé. Maintenant, je dois continuer pour m’imposer au niveau supérieur.
Camfoot.com: Votre parcours reste particulier puisque vous êtes l’un des rares, depuis les départs de Song et Feu Foé, à avoir quitté le Cameroun pour s’imposer directement en pro. Quel regard portez-vous sur votre carrière qui vous a permis de décrocher de nombreux trophées ?
Markus Mokaké : Je suis très content. J’ai quitté le Cameroun en ayant tout gagné. Je n’avais plus rien à prouver. J’ai pu acquérir de l’expérience, j’ai montré à tout le monde, supporters et amoureux du football, ce dont j’étais capable. Et les convocations dans toutes les catégories de l’équipe nationale m’ont permis de me faire connaître. C’est fort de toutes ces expériences que j’ai pu passer en pro directement. Et ça me rend fier.
Camfoot.com: Suivez-vous encore l’actualité du football au pays ? Que pensez-vous de l’inconsistance de nos clubs en compétitions africaines ?
Markus Mokaké : Oui, je suis l’actualité nationale par le biais de votre site. C’est comme ça que je peux suivre les résultats de nos clubs en compétitions africaines. Je trouve dommage que nos clubs se fassent éliminer de cette façon, et n’arrivent plus à atteindre leur niveau d’avant. Bien qu’étant connu et reconnu tout autour du monde, le football camerounais subit un mauvais passage, même au niveau de l’équipe A. Je pense que c’est peut-être le moment de faire le travail sur nous et de voir comment on peut améliorer le futur.
Camfoot.com: Il y a deux ans, vous faisiez partie des joueurs présélectionnés pour le début des éliminatoires de la Coupe du Monde. Avez-vous l’impression d’avoir raté le train en marche ?
Markus Mokaké : Je ne pense pas. Bien sûr, j’aspire toujours à jouer avec l’équipe nationale. Mais, après, chaque sélectionneur a ses critères de choix et il faut les accepter. Avec la montée en 1ere Division, je pourrais montrer d’avantage ce dont je suis capable.
Bien sûr, je suis et reste disponible si je suis convoqué. Mais, le plus important pour moi en ce moment, c’est de travailler pour m’imposer avec mon club, parce qu’on a un challenge avec la découverte de la Ligue 1. Il me faut travailler pour mériter ma place. Et si je m’impose avec mon club, et que je fais une bonne saison, je pourrais peut-être convoqué. Mais, je reste disponible pour les Lions.
Camfoot.com: Que pensez-vous de la sélection actuelle ? Comment avez-vous vécu la double élimination contre la Côte d’Ivoire ?
Markus Mokaké : Ce n’était pas facile. Mais, c’est la réalité du football. Je pense qu’il faut se concentrer et travailler pour l’avenir. Parce que le Cameroun est une grande nation de football. Et il ne faut pas lâcher à cause d’une non- qualification à la Coupe du Monde. Il faut mettre les bases en place pour se qualifier pour les prochaines CAN et Coupe du Monde.
Camfoot.com: Il est difficile de parler de la sélection aujourd’hui sans évoquer Samuel Eto’o. Quel est votre sentiment sur la carrière qu’il mène en Espagne ?
Markus Mokaké : C’est notre star. C’est un buteur, un grand joueur. Il fait honneur au Cameroun. Il faut qu’il continue à travailler, parce que quand Eto’o joue, c’est tout le Cameroun qui joue. Je suis vraiment content pour lui et pour la saison qu’il a faite. Je suis content qu’il ait été récompensé par la Champions League.
Camfoot.com: Pour revenir à Sedan, comment vous sentez-vous dans le groupe ?
Markus Mokaké : Je me sens vraiment ancien dans l’équipe. Je suis à l’aise, mais de toute façon, depuis mon arrivée, j’ai été bien encadré. Surtout mon « père », Pierre Njanka, qui n’est plus là, mais qui m’a été d’une grande aide à mon arrivée. Et c’est ça qui m’a permis de vite m’adapter. Je n’oublie pas mon directeur sportif, qui m’a toujours témoigné son soutien.
Camfoot.com: On parle juste de renforcer l’équipe pour la saison prochaine. Pensez-vous que ce sera suffisant pour obtenir le maintien ?
Markus Mokaké : Oui, je pense que les dirigeants et le coach vont gérer l’intersaison. Prendre juste des joueurs expérimentés pour nous aider, car la Ligue 1, c’est un tout autre championnat.
Camfoot.com: Sedan a régulièrement accueilli des camerounais et cette saison ne coupe pas à la tradition avec Ngosso, Ndieffi et Noubissi. Comment cela se passe-t-il entre vous ?
Markus Mokaké : Sedan est un club où les camerounais réussissent souvent. Et la ville aime les camerounais qui laissent de bons souvenirs lors de leur passage. Je pense que notre attitude conditionnera l’arrivée d’autres joueurs. Pius a joué le dernier match contre Guingamp, et nous étions ensemble toute la journée et je lui disais que c’est son premier match comme titulaire et qu’il fallait qu’il rappelle au public le grand joueur qui a laissé son empreinte ici et qu’on réclame à chacun de nos matchs à domicile. Il a fait un grand match, et surtout il a marqué un but.
Camfoot.com: Pour finir, quels sont vos vœux pour la saison prochaine ?
Markus Mokaké : Nous maintenir en Ligue 1. On a eu du mal à y arriver depuis le temps et le plus important aujourd’hui, c’est de se maintenir dans l’élite. Et j’aimerais être encore parmi les joueurs les plus utilisés afin de donner mon maximum.
Camfoot.com: Un mot pour les Internautes, qui consultent Camfoot ?
Markus Mokaké : Camfoot est un bonheur. C’est grâce au site qu’on arrive à voir ce qui se passe au pays et à suivre les joueurs expatriés. Pour tous les supporters camerounais, qui suivent nos matchs, qui suivent les équipes les équipes où jouent les compatriotes, on va toujours leur faire honneur. Et à mes supporters, surtout ceux de Canon de Yaoundé, je voudrais leur dire que je ne les oublierai jamais. Et je penserai toujours à eux. Je n’ai fait qu’une année là-bas, contre cinq ans à Fovu de Baham, l’autre club de mon cœur, mais j’ai été marqué à vie par les supporters de Canon que je n’oublierai jamais.
Propos recueillis par Yves Mogo, à Sedan.