MADRID (AFP) – Le monde du football espagnol a unanimement réprouvé dimanche les incidents racistes « scandaleux » ayant visé samedi soir à Saragosse l’attaquant camerounais du FC Barcelone Samuel Eto’o. Ce dernier, excédé par les « ouh ! ouh ! ouh ! » des supporters de Saragosse le comparant à un singe, avait menacé de quitter le terrain à la 76e minute du match remporté par Barcelone (2-0), avant d’être convaincu par l’arbitre et ses coéquipiers de poursuivre la partie.
« Une insulte au football », titrait dimanche le quotidien sportif Marca, tandis que l’autre journal sportif de Madrid, As, stigmatisait ce nouveau « scandale » de Saragosse, où Eto’o avait déjà été insulté il y a un an dans les mêmes conditions.
« C’était une honte, Samuel est un être humain et il se sentait mal sur le terrain, mais j’ai aimé l’attitude de ses équipiers qui lui ont dit de continuer », avait déclaré dès samedi soir Franck Rijkaard, l’entraîneur néerlandais de Barcelone.
« Ça ne peut plus continuer ainsi » a estimé pour sa part l’attaquant brésilien Ronaldinho, qui avait convaincu de Eto’o de continuer à jouer: « je lui ai dit que dans le football, il y a un meilleur côté que les cris racistes ».
« Je suis noir moi aussi, je suis un joueur de Saragosse et totalement opposé à ce qu’on fait les fans », a déclaré pour sa part Ewerthon, l’attaquant brésilien de Saragosse, alors qu’Eto’o n’a fait aucun commentaire.
« La Fédération espagnole (de football) doit commencer à prendre des mesures et nous les joueurs noirs nous devons aussi agir. Nous sommes ici pour travailler et si les choses continuent ainsi ça deviendra impossible », a-t-il ajouté.
Le FC Barcelone, totalement solidaire de son joueur, rappelait dimanche sur son site web que La Romareda, le terrain de Saragosse, n’était pas le seul où Eto’o était régulièrement insulté, citant notamment celui du club de Getafe, dans la banlieue de Madrid.
Saragosse n’avait encouru qu’une amende de 600 euros après les premiers incidents contre Eto’o il y a un an et risque cette fois une punition plus sévère. Les spécialistes rappelaient toutefois dimanche que la Fédération espagnole de football avait tendance à minimiser de tels incidents racistes dans les stades du pays.