Dans l’absolu, on ne saurait dire que les derniers faux-pas de l’équipe nationale de football du Cameroun soient le fait d’une carence en talents. Toujours est-il qu’au sein de l’équipe actuelle, un renouvellement des compétences est plus que souhaitée. Car, cela fait de longues années que l’équipe du Cameroun est en quête d’un second souffle. En tout cas, les cadres actuels se complaisent dans un confort et une béatitude qui ne conviennent pas aux sportifs de haut niveau. Du reste, au sein des Lions Indomptables une saine émulation s’impose, avec une égalité de chances pour tous.
Dans ces conditions, l’éternel débat de l’apport des joueurs issus du championnat national resurgit. De plus en plus en effet, les footballeurs du terroir sont » ignorés » par les responsables successifs de l’équipe nationale fanion. Pourtant, par le passé, ce sont les compétions nationales qui ont révélé bon nombre de joueurs qui ont fait le bonheur des Lions Indomptables. Dans le même ordre, un regard appuyé devrait être porté sur les jeunes et notamment sur les équipes nationales des catégories inférieures qui sont le terreau de l’équipe nationale fanion.
A ce sujet, on déplore le manque d’encadrement et de suivi dont bénéficient les jeunes footballeurs camerounais pourtant pétris de qualités. Du reste, le Cameroun est l’un des rares pays en Afrique à s’être déjà imposé dans toutes les catégories d’âge au Africain et même au delà si l’on ajoute le titre olympique glané en 2000 à Sydney. Pourtant, cela n’est nullement le fait d’une politique de formation et d’un suivi rigoureux. Ainsi, on ignore presque tout aujourd’hui ou presque, des Lions Indomptables des moins de 17 ans, champions d’Afrique en 2003 au Swaziland. Qualifiés dans la foulée pour le mondial 2003, la plupart d’entre eux a disparu de la circulation. On en sait pas davantage des moins de 23 ans, vainqueurs de la médaille d’or lors des Jeux africains d’Abuja en 2003. Ces deux exemples de déperdition des talents laissent perplexe et appellent à la réflexion. En tout cas, si le Cameroun a toujours bénéficié d’une régénération prodigieuse de ses compétences, à long terme, ses succès doivent trouver leur fondement moins dans les grâces de la nature que dans une vraie politique de formation et d’encadrement des jeunes qui représentent la relève. Pour ce faire, il convient de mieux structurer les équipes nationales des cadets, juniors, olympiques etc.
Simon Pierre ETOUNDI
5 • Clarifier les rôles du Minsep et de la Fécafoot
La gestion de l’équipe nationale et des clubs en compétition internationale demeure floue.
L’article 62 des textes de base de la Fédération camerounaise de football, alinéa premier stipule que, la Fécafoot est le gestionnaire des équipes nationales. L’alinéa deux stipule en même temps que, dans l’accomplissement de cette mission, la Fécafot peut bénéficier du concours de l’Etat. Les modalités dudit concours font l’objet d’une convention. Laquelle convention a été signée en 2000, d’une part entre le ministère de la Jeunesse et des Sports de l’époque et de l’autre part par la Fédération camerounaise de football. Cette convention avait alors pour objet de déterminer les obligations de chaque partie à l’occasion des rencontres engageant les équipes nationales de football et assimilées aux compétitions internationales. Bien que les parties aient clairement défini les rôles des uns et des autres, on observe de temps à autre, quelques divergences d’interpretation . Les dirigeants de la Fécafoot se sentant quelque peu lésés par les clauses de la convention de 2000 l’auraient boudé. » Nous avons été dupés « , a précisé un membre du bureau exécutif ayant requis l’anonymat. Il en veut pour preuve, le refus par la tutelle de la signature de la nouvelle convention. Une situation qui pousse les observateurs à se poser plusieurs questions.
Qui gère véritablement les Lions ? Qui négocie les matchs amicaux ? » Le véritable problème se situe au niveau de la détermination des rôles des uns et des autres « , précise un autre membre du bureau exécutif de la Fécafoot. Selon ce dernier, la gestion des Lions demeure encore opaque entre le Minsep et la Fécafoot. Une situation qui appelle d’autres questions : qui finance les déplacements des Lions? Si la gestion de l’équipe nationale est aujourd’hui entièrement entre les mains de la Fécafoot, celle-ci est-elle en mesure de mettre en place une politique financière à la dimension des ambitions des Lions Indomptables ? Des questions qui, en filigrane posent un problème d’hommes. » Les gens ne s’occupent pas du football au Cameroun, mais de leurs intérêts personnels « , glisse un cadre du ministère des Sports et de l’Education physique. » Si les rôles des uns et des autres étaient véritablement clarifiés et si tout le monde jouait franc jeu, les Lions seraient intouchables en Afrique « , glisse encore un autre cadre de la Direction des Sports. Les fonctionnaires du Minsep comme les dirigeants de la Fécafoot doivent taire leurs égoïsmes pour la relance de l’équipe nationale. Seule condition sine qua non pour un avenir meilleur.
L.M.
6• Gérer rationnellement les financements
L’opacité règne encore autour de la gestion des retombées financières des Lions Indomptables.
La convention Minjes-Fécafoot de 2000 prévoit, en son article 14, que les retombées financières de la participation des Lions Indomptables à la coupe du monde et à la coupe d’Afrique des nations sont reparties ainsi qui suit : Minsep 55% et Fécafoot 45%. En ce qui concerne le sponsoring et droits de retransmission audiovisuelle, joueurs et encadreurs ont droit à 25%, la Fécafoot à 60%, le Trésor public à 5% alors que les infrastructures bénéficient de 10%. La publicité dans les stades rapporte 10% au Trésor public, 50% à la Fécafoot, 20 % pour les infrastructures pendant que les clubs de D1, D2 et D3 n’ont que 10%. Les joueurs et encadreurs de l’équipe nationale bénéficient de 50% des recettes provenant des matchs amicaux. 40% des bénéfices reviennent à la Fécafoot, 3% pour le Trésor public et 7% pour les infrastructures sportives. Toutes ces belles dispositions sont a priori appliquées depuis 2000, date de la signature de la convention. C’est le flou. De plus il n’est prévu nulle part des fonds pour construire un stade et des logements pour les Lions.
Il est plus que temps de rationaliser la gestion de ces retombées financières. Certes la cellule administrative des équipes nationales de football a vu le jour. Celle-ci gagnerait à jouer véritablement le rôle qui est le sien en mettant en place une gestion professionnelle. L’équipe nationale est pour l’essentiel composée des joueurs professionnels. Certains observateurs ont, ces dernières années, stigmatisé la gestion dite » amatrice » des Lions Indomptables, loin de cadrer avec la dimension planétaire que connaît l’équipe nationale de football du Cameroun. A quand la construction au Cameroun, d’un haut cadre d’entraînement uniquement pour les Lions comme sous d’autres cieux ? Un cadre propice à la concentration d’avant match. En France, on parle de Claire Fontaine. Alors qu’en Allemagne, l’Olympia stadium de Berlin est un immense complexe sportif qui héberge et accueille uniquement l’équipe nationale de football d’Allemagne. Une telle structure au Cameroun éviterait aux Lions d’aller dans les hôtels avec tout ce que cela comporte comme désagréments. Avec notamment des visites inopportunes aux joueurs. Les Lions Indomptables doivent aussi se distinguer aujourd’hui, par des structures, dignes de leur réputation mondiale.
Louis MATEA
7 • Du ménage autour de la cage
L’assainissement de l’environnement des Lions Indomptables s’impose depuis des années.
Le football est influencé par des choix de toutes natures. Les victoires des Lions Indomptables ont certes trouvé leur justification dans des choix sportifs judicieux. Mais c’est davantage, grâce à un minimum de rigueur dans l’organisation et surtout l’envie de gagner ensemble-de la part des joueurs- que le Cameroun a bâti son succès en football. Avec parfois des joueurs au talent fluctuant selon les générations, le Cameroun a su briller sur la scène internationale. Les Lions Indomptables sont même parvenus à s’imposer en modèle grâce à leur détermination, leur acharnement sur le terrain et leur mental de fer. En tout cas, les images des victoires camerounaises à travers les terrains du monde entier face à une sérieuse adversité sont là pour l’attester.
Mais voilà depuis quelques temps, le Cameroun marque le pas. Pis, l’équipe nationale ne renvoie plus toujours cette image de solidarité et d’abnégation qui a forgé sa légende. Ainsi, le 8 octobre 2005 pour un penalty manqué le Cameroun a même oublié l’essence même du sport : le fair-play. Pour les Lions Indomptables, c’est même » l’esprit d’équipe » qui a volé en éclats. Au cours des éliminatoires jumelées CAN-Coupe du monde 2006, le climat au sein des Lions indomptables était délétère, du moins lors de la première phase. Au lieu de se concentrer sur le terrain, joueurs et encadreurs ont passé le plus clair de leur temps à se tirer dessus. Conséquence, le Cameroun a perdu du terrain sur ses adversaires et n’a pas pu au bout du compte se qualifier pour le mondial allemand.
Il apparaît évident qu’une équipe de football est d’autant plus efficace et conquérante que l’atmosphère au tour d’elle est serein. Certes il lui faut du talent, mais il lui faut surtout du sérieux et de la méthode. On a pu s’en rendre compte avec les Lions Indomptables lors de la seconde phase des éliminatoires jumelées CAN-Coupe du monde 2006. La redéfinition des rôles au sein de l’équipe nationale et la fixation d’objectif précis à atteindre ont insufflé un nouvel élan. Ainsi, rivés et unis sur un but précis et commun : gagner et se qualifier, le Cameroun est passé à côté de l’exploit de remettre son handicap sur la Côte d’Ivoire. Il faut dire qu’entre temps, l’équipe nationale s’était dotée d’une organisation professionnelle, avec une définition précise des tâches dévolues à chaque élément de la chaîne. En outre, les joueurs entre lesquels existaient des poches de tension avérées ou supposées ont retrouvé leur solidarité et leur agressivité. Ce bel élan a été a priori maintenu lors de la coupe d’Afrique des nations en Egypte. Mais les efforts sont encore nombreux à fournir, comme celui de tenir autour de l’équipe des gens qui n’on rien à y voir.
S.P.E