Tout griotisme en veilleuse, Eto’o est l’attaquant le plus prolifique du
moment. Sa participation à cette CAN rehausse son éclat et c’est le football
africain qui en sort grandi par l’un de ses dignes représentants. Le
meilleur attaquant du monde, africain qu’il est ne saurait priver « les
damnés de la terre » de ses talents qui déchaînent les passions à travers le
monde.
Ce retour aux sources s’est fait de la plus belle manière. Trois
splendides buts pour faire porter le bâillon à ceux qui trouvent toujours à
redire sur sa performance actuelle et tardent à lui dérouler le tapis rouge.
L’échec peut avoir une seule interprétation, la réussite, elle, est souvent
sujette à plusieurs interprétations plus ou moins logiques et parfois
contradictoires. Parler de la réussite de Eto’o pour certains revient à la
voir à travers l’ornière rétrécie de l’entourage galactique qu’il
bénéficie. Argument à essoufflement rapide si on tient compte du fait que sa
carrière et son efficacité devant les buts ne datent pas de sa signature au
Barça. De même, la parallèle Barça/Lions est souvent brandie pour faire de
lui un buteur « acculturé » et « inadapté » au football africain.
Sa décision de participer à la CAN malgré les rumeurs laborieuses sur sa non
participation aura été une décision réfléchie. Habitué des challenges, la
légende semble suivre son cours ; le titre de soulier d’or du vieux continent
et de meilleur buteur d’une compétition organisée dans le berceau de
l’humanité le hante. A plusieurs longueurs de ses poursuivants directs au
titre de Pichichi (meilleur buteur du championnat espagnol) et du soulier d’or européen, mis à part Santos de Tunisie (3 buts ce dimanche), le numéro « 9 » a déjà lors d’une seule rencontre de la CAN éreinté ses potentiels concurrents au titre de meilleur buteur de la CAN. Au stade de l’académie militaire, on a vu l’authentique, presque le vrai Eto’o. Celui dont rêve le millardaire russe Abramovich, propriétaire du club anglais de Chelsea. 60 millions d’euros pour s’offrir la merveille camerounaise du Barça, selon la presse espagnole.
Sur un coup franc enveloppé, sur une tête, sur une frappe lourde du droit, Eto’o a
fait valoir toutes les qualités qui font de lui un attaquant complet. Combatif, créatif, inspirateur et animateur d’une attaque qui était jusqu’alors le talon d’achille de l’équipe camerounaise. Eto’o s’est imposé comme le détenteur de la clé de voûte d’une équipe en pleine campagne de réhabilitation et de réconciliation avec son public après le fameux ‘’samedi noir 04 octobre à Yaoundé »… ‘’Avec un grand Eto’o, nous serons les premiers favoris », avait prédit Raul Augas, coach adjoint des Lions, lui qui connaît mieux les subtilités de cette équipe. Cela suffira-t-il pour que les supporters camerounais se remettent à rêver à un nouveau sacre ? En attendant le savoir d’ici le 10 février prochain, déjà, la superbe forme de « l’enfant terrible de New-Bell » constitue déjà un bel élément de réponse.
Moustapha Nsangou, Le Caire