Ici au Caire, le mercure monte dans le thermomètre. L’arrivée des équipes
nationales a fait de l’aéroport international du Caire un opéra en plein air
où pas de danse et chants patriotiques s’exécutent avec virtuosité. Côté
camerounais, l’engagement des supporters à soutenir les Lions jusqu’au
dernier souffle contraste avec une organisation un peu à l’étiage; ce qui
n’augure rien de bon si l’on veut de cette CAN un pansement aux plaies
encore béantes de l’élimination tragique du mondial allemand.
Hall 3 de l’aéroport du Caire, deux tableaux différents, « deux mondes, deux
tanga ». Dans deux boyaux parallèles sont massés les supporters de l’équipe
nationale de Guinée et les fans des Lions indomptables. Ils attendent
impatiemment l’arrivée de leurs idoles. Les guinéens sont mieux organisés,
T-shirt, banderoles, tambours, trois créatures de charme tenant des bouquets
de fleurs en main… Les camerounais, eux, arrivent en rangs dispersés, leur
flore est bigarrée, le chant n’a pas de fond, les plaques renfermant des
messages pourtant prégnants sont mal tenues. Elles n’attireront plus tard
l’attention d’aucun joueur!
Pourtant, les multiples réunions du comité ad hoc composé des étudiants
camerounais en Égypte, de la famille camerounaise en Égypte et de
l’ambassade du Cameroun laissaient filtrer un certain optimisme. En toile de
fond de ces réunions se trouvait en bonne place la mobilisation générale de
tous les supporters, les moyens de locomotion pour les déplacer vers les
différents lieux qui nécessitent regroupement massif tels l’aéroport, le
site d’entraînement et le stade. Puis, les tickets d’entrée au stade, du
matériel pour supporter tels des t-shirts et tout ce qui porte le label
Lions indomptables. Projet somme toute ambitieux qui n’est encore que de
l’encre sur papier. La traduction dans les faits, nous dit-on doit attendre
« le coup de coeur de Yaoundé » où le dossier serait en étude au premier
ministère, l’ambassade ne pouvant prendre aucun engagement parce que ne
possédant aucune piastre dans sa caisse!
Dans cette expectative, l’arithmétique des choses semble être brouillée. On
s’achemine allègrement, mais sûrement vers la balkanisation du bloc de
supporters en groupuscules d’intérêts! « Qui est fou »? A la veille du premier
match des Lions, aucun supporter n’est sûr de faire le déplacement du stade
de l’académie militaire, car Yaoundé n’a encore fait aucun signe. L’arrivée
du Ministre des Sports est attendue comme celle du messie. Disons
Al-Hamdoulillah au tirage au sort qui nous a ménagé en nous maintenant au
Caire où est concentré le gros de la colonie camerounaise, les lions
joueraient sans supporters s’ils avaient été logés dans la poule D basée à
Port-said.
Mohamed Moustapha Nsangou, Le Caire