Révélation lensoise de la saison passée, Benoît Assou-Ekotto confirme par sa régularité au haut niveau. A 21 ans, il semble avoir le potentiel pour devenir un des meilleurs arrières latéraux du championnat dans les prochaines années, à moins qu’il ne s’épanouisse dans un rôle plus offensif. Camerounais d’origine, Assou-Ekotto est le seul titulaire du RC Lens formé au club !
A Lens à 11 ans
Ce constat est une preuve de l’évolution du RC Lens ces dix dernières années : Benoît Assou-Ekotto est le seul titulaire de l’équipe lensoise à avoir été formé par le RC Lens. Plutôt surprenant quand on sait que ce club a vu éclore, entre 1990 et 1995, des joueurs comme Pierre Laigle ou Frédéric Déhu, notamment, sans oublier Marc-Vivien Foé, Wilson Oruma ou Philippe Brunel qui étaient venus terminer leur formation à Lens. Aujourd’hui, deux joueurs seulement de l’effectif lensois ont été formés au club : Yoann Lachor et Assou-Ekotto, les deux arrières gauches ! Malgré une volonté de former des jeunes, comme en témoigne le centre de La Gaillette, Lens n’intègre pas beaucoup de jeunes formés au club dans son équipe professionnelle. Assou-Ekotto a, lui, eu des opportunités. Il a su les saisir. Camerounais d’origine, Benoît Assou-Ekotto est né à Arras, à quelques kilomètres de Lens. «Je sui arrivé à Lens à 11 ans, après avoir fait mes premiers pas à l’ASPTT Arras, raconte le défenseur lensois. J’ai intégré le centre de formation à 14 ans, puis la CFA à 17 ans.»
Deux matchs contre le PSG vont lancer Assou-Ekotto dans le bain du professionnalisme. Après avoir débuté en L1 en mars 2004 contre le PSG, il va gagner sa place à nouveau à l’occasion d’un match contre Paris, la saison passée. «En début de saison (2004-05), tout était clair : j’étais le remplaçant de Yoann Lachor, le numéro deux au poste de latéral gauche. Yohann s’est blessé et j’ai été titularisé contre le Paris Saint-Germain, une fois de plus ! Depuis ce jour-là, je pense avoir réussi à gagner la confiance du coach.» Après avoir pris part à 3 matchs de L1 en 2003-2004, Assou-Ekotto a disputé 29 rencontres la saison passée, avec une belle régularité et une aisance technique remarquable. Parti de rien, Benoît Assou-Ekotto est fier de sa réussite. Jouer à Bollaert est particulier pour lui. «Je suis très fier de savoir ma mère dans les tribunes car elle s’est fait beaucoup de souci pour moi quand j’étais adolescent. J’ai également, très régulièrement, une pensée pour tous les formateurs de La Gaillette car sans eux je n’en serais pas là aujourd’hui.»
Le choix du Cameroun
Longtemps, Benoît Assou-Ekotto aura laissé plané le doute. Franco-camerounais, il a un reculé son choix pendant un certain temps, même si le Cameroun a toujours eu sa préférence. Equipe de France, équipe du Cameroun. Il l’a confirmé en septembre, sa préférence va finalement vers le Cameroun. Choix du coeur, mais aussi de la raison. «Je me sens plus camerounais que français, reconnaît-il. Mes fréquentations sont plus africaines qu’européennes. En plus, avec l’équipe de France, il y a beaucoup de complications. Je veux parler de la concurrence.» Même chez les Espoirs, les places sont dures à prendre, ce qui explique le choix de René Girard, qui ne l’a jamais appelé. «J’ai beaucoup de monde à son poste, argumentait Girard. J’ai Mathieu, Berthod, Clichy.»
Il est vrai qu’au Cameroun on l’a appelé en équipe nationale directement. Il avait reçu une convocation en juin. Une invitation qu’il a refusée dans un premier temps pour des raisons personnelles. «On m’a proposé une sélection en équipe nationale du Cameroun que j’ai déclinée dans un premier temps. Pour des raisons personnelles, je ne pouvais pas y aller mais ce n’était pas du tout un refus de ma part» , précise-t-il. Benoît Assou-Ekotto a d’ailleurs affirmé qu’il ne participerait pas à la CAN, dans le but de rester à la disposition de son club. Sur le long terme, il est persuadé d’avoir fait le bon choix. «En France, si ta tête ne plaît pas, tu ne joues pas… Au Cameroun, au moins c’est plus simple.» Camerounais, mais toujours nordiste, il veut continuer à percer au RC Lens. Son avenir proche est dans le Pas-de-Calais, où il est chez lui. «Je suis né à Arras. J’ai toute ma famille autour de moi. Je suis habitué à la vie dans le Nord.»
L’avenir : à Lens, mais à quel poste ?
Parfois utilisé au milieu de terrain défensif, et même offensif, Assou-Ekotto a un tempérament offensif et souhaite évoluer. «J’ai envie de montrer que je suis capable d’autres choses, dit-il. A la base, je suis plutôt un milieu gauche. Cela dit, tant que je joue je n’ai aucune raison de me plaindre. Mais j’ai envie d’aller de l’avant. Je ne pourrais pas tout le temps me contenter de faire la passe et de voir les autres marquer. Mon jeu est amené à évoluer dans ce sens.» Francis Gillot apprécie la polyvalence du franco-camerounais, pour l’instant essentiellement à des postes défensifs : «Il peut jouer sur tout le côté gauche, note Gillot. Pour un entraîneur, c’est très agréable. Il peut aussi évoluer milieu récupérateur.» Heureux d’évoluer devant un public aussi chaleureux, Assou-Ekotto est parfois surpris de l’engouement autour du RC Lens, particulièrement lors de certains entraînements. «J’avoue que j’ai quand même du mal à me mettre à leur place, dit-il. Je ne m’imagine vraiment pas en train d’aller voir une bande de loustics défiler en jogging ! Je ne me considère pas comme une superstar ou même un super joueur professionnel. Mais c’est sûr que ça fait plaisir.»
Se sentant bien à Lens, Assou-Ekotto rêve de poursuivre sa progression, mais aussi, pourquoi pas, de rejoindre l’Angleterre, un de ces jours. «Dans le football tout va tellement vite qu’il me faut prouver que j’ai ma place au plus haut niveau, affirme-t-il. Je suis très bien à Lens pour l’instant mais j’avoue que je rêve d’Angleterre. Quoiqu’il arrive, je respecterai toujours les gens qui m’ont fait confiance.» Son ambition ne l’empêche pas de garder les pieds sur terre : «J’ai encore beaucoup à apprendre ici avant de tenter ma chance ailleurs.» Il est persuadé de pouvoir atteindre le top niveau. «Si je tombe sur un gars qui est plus fort que moi, il n’y a pas de raison pour que je n’arrive pas à devenir aussi fort que lui. Rien n’est impossible, car après tout il est constitué comme moi.» En attendant d’approcher les sommets, Assou-Ekotto doit continuer sur sa lancée et montrer de quoi il est capable dans une équipe lensoise qui collectionne les matchs nuls et laisse trop souvent les observateurs sur leur faim.
Arrière latéral gauche offensif et fin techniquement, Benoît Assou-Ekotto prouve que les jeunes du centre de formation peuvent encore réussir à Lens. Né à côté de Lens, Assou-Ekotto a choisi de défendre les couleurs du Cameroun. Mais pour gagner une place de titulaire dans l’équipe nationale, il devra poursuivre son parcours régulier avec Lens.
– Nom : Assou-Ekotto
– Prénom : Benoît
– Né le 24 mars 1984
– Taille : 1,80 m
– Poids : 69 kg
– Club : Lens.
Par Julien Gorenflot