Le hold-up n’aura finalement pas marché. L’enjeu a paralysé les gars hier ; c’est compréhensible vu le chemin parcouru ces derniers temps. Notre qualification on la perd en phase aller. Bidoung et Schaeffer nous tuent aussi certainement que le but égalisateur égyptien. Gérer c’est planifier, c’est anticiper. Demander aux Lions de gagner 5 matchs sur 5 c’est présomptueux et c’est de la petite gestion de récupération et de rattrapage. Sur ce plan, je suis d’accord avec Joseph-Antoine Bell…pourtant nous y avons tous cru !
Mais purée qu’est-ce que nous avons eu mal au pays. Je quitte le stade dans les coups de 21h alors que de nombreux spectateurs prennent à partie tous les véhicules qui sortent de la tribune présidentielle. Jets de pierre et projectiles de toutes sortes. Léo un pote qui dans la semaine s’était offert une Prado en fait les frais. Les supporters ont cru que les Lions essayaient de quitter le stade incognito. On peut comprendre, nous y avons trop cru, »beaucoup trop » même.
Quand on obtient ce penalty, même la tribune présidentielle traditionnellement constipée perd toute retenue. On s’embrasse, on crie au but. Las. Comme un destin qui inexorablement trace son chemin, le ballon glisse sur les herbes et les ronces- ne parlons surtout pas de pelouse- de Nfandena et percute l’extérieur d’un des montants du but égyptien. On me l’a raconté ce tir. Je n’ai pas eu les couilles de le regarder et j’imagine qu’il en fallait pour le frapper ! Wome a pris ses responsabilités au moment ou personne ne voulait de ce penalty. Il n’a pas réédité l’exploit de 2000. C’est dur mais c’est le sport.
C’est fini mais personne ne veut quitter le stade. Personne n’y croit. On avait pourtant tout prévu, tout donné. .. Malheureusement, un peu trop dans le folklore, comme si tout était joué, comme si personne n’avait lu les avertissements bien sentis de Sanga Titi sur Camfoot.com. Des snacks entiers avaient été réservés par des joueurs qui déjà s’y croyaient. Le verdict est sanglant : Le Caesar ou nous étions la veille est vide, le Djeuga n’a pas le coeur à la fête. Le carrousel lui-même ne connait pas son effervescence habituelle. Ce qui arrivait aux autres commence à nous arriver. C’est le même effet que la défaite de 1972 en demi-finales de la CAN ou de 1985 face à la Zambie… C’est fini plus rien à faire. On suivra le mondial à la télé, chose inédite depuis plus de 20 ans… Et ce n pas trop mal à mon avis car si nous tirons les bonnes leçons de cette élimination, la similitude d’avec 1972 ne restera pas à la seule douleur.
Sur l’ensemble du parcours, c’est justice que la Cote d’Ivoire y aille. Ils n’ont pas attendu de prendre des points de retard pour se mettre au travail. La défaite qu’ils subissent contre nous doit pouvoir les ramener à beaucoup d’humilité afin de nous sortir une coupe du monde digne de tous les talents qu’ils ont. Ils sont à mon avis mieux outillés pour représenter le continent en Allemagne. Amat victoria curam, la victoire aime l’effort , et cet effort ils l’ont fourni de facon beaucoup plus constante que nous, malheureusement.
Le hold-up n’aura donc pas marché. Maintenant place au travail et que Mbarga Mboa, son administration, nous montre qu’il est capable de bâtir sur le plan structurel et fonctionnel un football, un sport, camerounais digne de ce qu’il a été après avoir fait preuve de ses talents d’organisateur. La marée verte était impressionnante hier au stade. 1972 a servi à révolutionner le foot et sa pratique au Cameroun. 2005 doit servir à quelque chose, forcément. Pour commencer, investir dans le foot. Des stades dignes du statut que nous revendiquons dans le monde du football et aussi, établir une culture d’imputabilité pour les hommes à qui nous confions la gestion de la ‘’chose publique ». Si ceci avait été fait, on n’aurait pas attendu notre quasi élimination pour virer et le coach Schaeffer et le ministre Bidoung. C’est l’un des aspects de la bonne gouvernance, dans un pays aux grandes ambitions déclarées.
La balle est dans le camp de Mbarga Mboa et de Iya Mohammed si d’ici la, ils ne subissent pas un coup de tête du premier sportif camerounais qui contribue lui aussi et de fort grande manière à notre élimination en tardant notamment à virer le comique Bidoung. Nous, nous avons fait plus que notre part du travail, nous avons supporté, comme rarement nous l’avons fait.
…20 ans que l’improvisation pouvait se cacher derrière les victoires des Lions. Il était temps de faire tomber les masques et de travailler, veritablement.
M.A.B