Au lendemain de l’expédition victorieuse du capitaine Rigobert Song Bahanag et ses coéquipiers dans la capitale ivoirienne, nombre de politiques et autres figures (dirigeants, anciens Lions…) du football camerounais ne lésinent point sur les moyens pour s’approprier cet exploit.
La victoire des Lions Indomptables du Cameroun face aux Eléphants de la Côte d’Ivoire 3 buts à 2 dimanche 4 septembre au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan continue d’alimenter les conversations des Camerounais. Même au plus haut lieu. Au cours du Conseil ministériel – un des rares – qu’il a présidé vendredi 9 septembre à Etoudi, le chef de l’Etat, Paul Biya, n’a pas manqué de s’étendre sur cette expédition victorieuse dans la capitale ivoirienne, tout en félicitant les Lions Indomptables, la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) Philippe Mbarga Mboa. Ce dernier, qui ne cache pas sa joie depuis cette victoire des Lions Indomptables à Abidjan, a initié une messe d’action de grâce en l’honneur des Lions Indomptables, en début de semaine à Yaoundé. Un moyen de remercier le Seigneur pour “ cet exploit que le Minsep avait préparé ” en optant pour une dynamique de groupe. En battant le rappel des troupes, par la convocation du banc et de l’arrière-banc des Lions Indomptables, pour faire chorus à Abidjan contre les Eléphants de la Côte d’Ivoire.
En plus d’avoir relancé les joueurs en rupture de banc depuis 2002, Raymond Kalla Nkongho (l’apport de ce Lion à Abidjan a été très important) et Laureen Etame Mayer (ce sociétaire d’Arsenal en Premiership anglaise n’a malheureusement pas accepté de rejoindre les Lions Indomptables, malgré l’envoi à sa rencontre du médiateur Patrick Mboma), le Minsep a fait appel à cinq consultants (des anciens Lions Indomptables) pour le réarmement moral des Lions. Option payante, puisque Rigobert Song Bahanag et ses coéquipiers ont gagné de la plus belle manière à Abidjan. Se mettant ainsi en pôle position pour le sprint final vers la phase finale de qualification à la coupe du monde 2006 en Allemagne. Lors de la réunion-bilan qu’il a présidée le 8 septembre 2005 à Yaoundé, le ministre Philippe Mbarga Mboa a remercié tout le monde pour la contribution à cet exploit. Seul, a-t-il dit en substance, l’on ne peut rien, alors qu’ensemble, l’on peut réaliser beaucoup de choses. Malheureusement, certains individus, présents dans la pléthorique délégation officielle camerounaise à Abidjan, n’ont pas attendu cette réunion-bilan pour se mettre en valeur, en s’appropriant la victoire des Lions Indomptables dont ils avaient pourtant, il y a quelques mois, prévu l’échec dans ces éliminatoires couplées Can/Mondial 2006.
Changement de discours
Narcissiques, ces adeptes du nombrilisme se bombent le torse et se frappent la poitrine pour clamer haut et fort qu’ils avaient été les seuls à prédire la victoire des Lions. Mieux, ils auraient fait des prophéties sur le système de jeu des Lions. Des inepties relayées par la presse. Ces personnes qui, sur le tard, se découvrent une vocation de prophètes, s’étaient pourtant répandues en des déclarations démobilisatrices dans les colonnes de certains journaux, pour décrier la préparation des Lions Indomptables. Auparavant, ces mêmes oiseaux de mauvais augure avaient ironisé sur le changement du staff technique des Lions. Toujours dans des journaux, certaines personnes avaient affirmé pince sans rire que Artur Jorge ne va pas trouver de Luis Figo pour faire qualifier les Lions. Aujourd’hui que Artur Jorge est en passe de le faire avec ses poulains dont le buteur providentiel Achille Webo, ces mêmes personnes déclarent avoir prédit l’exploit des Lions à Abidjan. Si tel est le cas comme semblent le reconnaître ces gens, n’ont-ils pas intérêt à se la boucler ? Car, ils ne peuvent se prévaloir de leur propre turpitude.
En fait, le changement de langage, d’attitude ou de jugement de ces patriotes sur le tard, tient à leur cooptation par le ministre Mbarga Mboa pour faire partie de l’expédition d’Abidjan. Cette invitation à elle seule a suffi pour qu’ils opèrent un virage à 180 degrés. Ce qui démontre le caractère alimentaire de leur patriotisme. Sans eux rien n’est bon, en dehors d’eux tout n’est qu’enfer. Mais avec eux c’est le paradis. Le sens élevé de l’intérêt général, ils ne connaissent pas. Seuls comptent leurs intérêts personnels donc égoïstes et mercantilistes. Le choix du ministre Mbarga se serait porté sur d’autres anciens Lions non moins artisans de la victoire de la Can 1984 que nos donneurs de leçons professionnels auraient critiqué la démarche. Car tout pour eux rien pour les autres.
Le ministre des Sports et de l’éducation physique qui tient à saisir sa mission de qualifier les Lions pour la coupe du monde 2006 a, selon nombre d’observateurs avertis, coupé l’herbe sous les pieds de ces dénigreurs invétérés. Il a préféré leur fermer la bouche avec les frais de mission. Car une bouche qui mange ne parle pas. Même si Mbarga Mboa n’a pas été compris par certains qui estiment qu’il a aidé certaines personnes avec qui il avait voulu renverser l’équipe dirigeante actuelle de la Fécafoot. Des mercenaires en réserve prêts à continuer de déstabiliser et de faire contre-poids aux responsables nationaux de l’instance faîtière du football national. Une analyse vraisemblable, quand on sait que sur la délégation officielle de plus d’une quarantaine de membres, la Fécafoot, organe technique, avait un nombre de représentants inférieur aux cinq consultants désignés.
Echec au complot
Autre curiosité, l’absence de Roger Milla de la délégation officielle. Surtout que, à plusieurs reprises, des Lions de l’expédition ne cessaient d’évoquer Roger Milla et de communiquer les messages qu’il leur faisait parvenir par téléphone. Que dire de la présence d’un certain président de club du championnat d’élite de football en disgrâce et évincé de la présidence de son équipe ! En quelle qualité a-t-il été coopté ? Président de club ? Modèle de probité et d’éthique sportive ? Ou simplement pour sa capacité de nuisance au sein de la Fécafoot ? Le semblant d’harmonie, de cohésion et de cohérence du groupe Cameroun cachant quelques malaises et autres combats d’arrière-garde. Un jeu malsain savamment entretenu par certains médias. Est-ce le fait du hasard si à quelques jours du match (31 août 05), un journal a mis à la Une “ Les confidences de Roger Milla ” avec en sous-titre que “ … l’ambassadeur itinérant pense que la Côte d’Ivoire a de bons joueurs et devrait battre le Cameroun ”. Une campagne de dénigrement que le vieux Lion a tôt fait de démentir. Non seulement Milla n’a accordé aucune interview audit journal, mais nulle part dans l’entretien reproduit, qu’il a accordé à Africafoot.com, il n’a déclaré qu’il “ souhaite que la Côte d’Ivoire gagne ”.
Une vraie faute professionnelle, jugée intentionnelle par des proches de Roger Milla, malgré les justifications alambiquées publiées la semaine dernière par ce journal. En fait, comment expliquer le timing de la publication de l’interview de Roger Milla à Africafoot.com dans ce journal ? Une interview parue en mars 2005, que ce confrère s’est fait le plaisir de publier le 31 août 2005. Soit cinq mois après et quatre jours avant le match d’Abidjan. Le contexte était-il encore le même ? Et pourquoi avoir prêté à Milla des propos qu’il n’a jamais tenus ? N’était-ce pas une manière de préparer le terrain pour qu’en cas de défaite des Lions l’on attribue la défaite à Milla. Et partant à la Fécafoot ? Les faits sont malheureusement têtus. Ils ont démontré que tous les fauteurs de trouble se sont trompés. Ceux-là même qui, après la sanction infligée – retrait de six points dans le cadre des éliminatoires couplées Can/Mondial 2006 – par la Fifa aux Lions Indomptables en avril 2004, avaient croisé les doigts pour que l’instance faîtière du football mondial ne revienne pas sur sa décision sportive contre le Cameroun. D’où, selon eux, une impossibilité de qualification des Lions Indomptables pour la prochaine coupe du monde de football en Allemagne.
Ces détracteurs étaient allés plus loin en déclarant, après le recrutement du technicien portugais Artur Jorge, qu’il ne pourrait rien pour sauver les Lions. Nombre de ceux qui veulent récupérer la victoire des Lions à Abidjan n’étaient-ils pas les premiers, après la phase aller des éliminatoires Can/Mondial 2006, à déclarer que les carottes étaient déjà cuites pour Rigobert Song Bahanag et ses coéquipiers ? Et même de prédire la défaite des Lions Indomptables à Abidjan ? Pensent-ils que les Camerounais sont amnésiques et oublient-ils que leurs déclarations finissent par les rattraper ? La tentative de phagocytose des dirigeants du football camerounais à Abidjan a échoué. L’étape supérieure de déstabilisation de l’équipe dirigeante de la Fécafoot consistait, si jamais les Lions Indomptables perdaient face aux Eléphants de la Côte d’Ivoire, à utiliser à fond le mécontentement des Camerounais pour dissoudre la Fécafoot et mettre sur pied un comité provisoire dirigé par certains consultants amenés à Abidjan. Ce plan ayant échoué grâce à la victoire des Lions, il faut capitaliser cette victoire dans la perspective de la coupe du monde 2006. Les mêmes anciens Lions amenés à Abidjan espérant faire partie du voyage d’Allemagne. A charge pour le ministre des Sports et de l’éducation physique de rester vigilant. Car en mélangeant les chiffons et les torchons, il risque d’obtenir l’effet contraire. A savoir l’implosion de la maison Lions Indomptables.
Par Honoré FOIMOUKOM