Dans le cadre du magasine Fou Fou Foot diffusé sur la Crtv-télé, Pierre Lebon Elanga Ateme recevait lundi dernier Jean René Atangana Mballa, désormais premier vice-président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). La désignation du Français Patrick Prêcheur à la toute nouvelle direction générale de la fédé justifie cette invitation. Le journaliste s’intéresse au profil de ce nouveau visage dont la position -centrale- au sein de la nomenclature du football camerounais justifie peut-être que l’opinion soit divisée sur le choix d’un expatrié en charge des questions administratives.
La polémique n’a pas lieu d’être, soutient Jean René Atangana Mballa au journaliste visiblement insatisfait de la réponse. Qu’est-ce qui justifie, demande Pierre Lebon Elanga Ateme à son invité, qu’on ait recours à un expatrié alors qu’il existe au Cameroun des personnes à même de tenir, avec du mérite, le rôle ? Le choix, explique en substance le vice-président de la Fécafoot, est en partie justifié par les dissensions qu’on observe dans la gestion du football camerounais ces dernières années. « C’est quelqu’un de neutre », appuie-t-il. Mais quelqu’un dont les conditions d’arrivée à la fédération intriguent le journaliste, en même temps qu’une partie de l’opinion.
Alors que le nouveau directeur général de la fédération jouera un rôle central dans la marche du football camerounais, on s’étonne qu’il n’y ait pas eu d’appel à candidature en vue de pourvoir le poste. Aux soupçons d’un manque de transparence, le premier vice-président de la fédération répond que « rien ne nous oblige à faire un appel à candidature ». Mieux, poursuit-il, aucun texte n’impose une telle démarche et s’offusque qu’on s’émeuve d’un tel choix alors qu’au Cameroun, toutes les administrations, et même le très sensible ministère de la Défense, recourent souvent aux services des expatriés. Nommé par le président de la Fécafoot après avis du comité exécutif, le directeur général de la Fécafoot « accomplit toutes les tâches administratives et financières de la direction générale ». Et ce n’est pas que sur la chaîne publique ou dans l’opinion que le choix de Patrick Prêcheur à ce poste suscite la polémique. Samedi dernier déjà, la question a divisé le comité exécutif de la Fécafoot durant ses travaux, peu après les assemblées générales extraordinaire et ordinaire de la Fécafoot.
Ils étaient nombreux, comme Louis Marie Ondoa, l’administrateur délégué auprès du directeur général de la Fécafoot, qui étaient opposés à la nomination d’un étranger audit poste. Ce d’autant plus que Patrick Prêcheur, proposé par le président Mohammed Iya, a été présenté à la presse (et même aux membres du comité exécutif) comme étant un gestionnaire d’une agence de tourisme en Côte d’Ivoire. Les débats sur la question furent houleux, reconnaissent les différents participants. Au regard du profil « peu convaincant » de Patrick Prêcheur, le président de la Fécafoot et son premier vice-président seront mis en minorité. « Les membres du comité exécutif étaient décidés à bloquer sa nomination », rapporte l’un d’entre eux.
Il faut dire que le malaise couvait depuis bien longtemps.
La température est montée le week-end du 1er mai, au moment de l’arrivée de M. Prêcheur au Cameroun. Une présence que les dirigeants de la Fécafoot ont voulu discrète. Mais l’information va filtrer. Très rapidement, elle sera répandue : « le nouveau directeur général de la Fécafoot est là ». Si des sources bien introduites affirment « qu’il est là pour prendre contact », Patrick Prêcheur sera l’unique postulant au poste de directeur général à avoir été auditionné. Quant aux autres, leurs dossiers ont été peu ou pas étudiés, car tous recommandés par des hautes autorités de la République, a soutenu Mohammed Iya aux autres membres du comité exécutif. Un argument de taille qui pèsera en faveur de son candidat. Louis Marie Ondoa se verra confier, séance tenante, un poste qui ne figure pas dans l’organigramme prévu par les nouveaux textes. A en croire M. Atangana Mballa, c’est une situation qu’il fallait gérer ainsi : « Il y a des arguments qui militent pour le recrutement d’un expatrié au poste de directeur général dans un premier temps, et d’autres qui militent pour la nationalisation du poste un peu plus tard ». Le président de la Fécafoot Mohammed Iya ne pense pas autre chose, qui estime que les deux ans de contrat du DG sont suffisants pour calmer les esprits.
Thiéry Gervais Gango et Bertille M. Bikoun
Patrick Prêcheur
Le moins cher
-Le nouveau DG de la Fécafoot n’aurait pas le meilleur profil.
Lorsque le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) présente l’homme dont il soutient la candidature au poste de directeur général de cette institution, Iya Mohammed parle de quelqu’un qui a évolué dans les milieux du football professionnel en France. Notamment à Nancy, où il a été coéquipier d’un certain Michel Platini et de Roger Lemerre. Par ailleurs, Patrick Prêcheur aurait été un formateur. Sans plus.
C’est néanmoins sur le site du club lorrain qu’on apprend que Patrick Prêcheur y a évolué entre 1968 et 1975 comme défenseur. Sept années pendant lesquelles le pensionnaire du centre de formation de l’ASNL « ne s’est jamais réellement imposé dans l’équipe fanion. Il dispute une vingtaine de matches en six saisons. Patrick Prêcheur deviendra plus tard entraîneur et prendra en charge l’équipe de division d’honneur de l’AS Nancy Lorraine. En 2000, il quitte Nancy et devient le coach d’un autre club de DH : Eloyes ». gé de 50ans , Patrick Prêcheur affirme dans sa demande adressée à la Fécafoot qu’il possède un diplôme de comptabilité et qu’il a fait des stages dans l’administration du football. On signale aussi qu’il est propriétaire et gérant d’une agence de tourisme.
Un profil, au goût de certains, pas assez solide pour un poste comme celui pour lequel Patrick Prêcheur a été sollicité. « Il fallait qu’il ait un profil de juriste comme c’est le cas pour la plupart de ses pairs qui occupent des fonctions similaires dans d’autres fédérations de football », déclare Charles Nguini. Ce dernier, favorable à l’arrivée d’un expatrié à la direction générale de la Fécafoot, estime cependant que le profil d’administrateur [de Prêcheur] n’est pas suffisant pour être à l’aise dans sa nouvelle fonction. Recruté en principe sur la base d’un contrat de deux ans, Patrick Prêcheur sera chargé de diriger « l’administration de la Fécafoot, [d’administrer] les compétitions nationales, [de participer] à l’administration des compétitions internationales et [d’assurer] l’exécution et le suivi des décisions prises par l’assemblée générale, le comité exécutif, les organes juridictionnels et les commissions permanentes », lit-on dans les nouveaux statuts de la Fécafoot. Quant au profil du DG, M. Iya avoue qu’il pouvait trouver mieux, avec un actuel conseiller du Racing club de Lens et un belge. « Mais leur salaire était trop élevé pour les modestes capacités de la Fécafoot. J’ai rencontré celui que je peux payer ».
Bien que la fédé ait officialisé la nomination de Patrick Prêcheur à son nouveau poste de directeur général, les deux parties n’ont pas encore signé le contrat qui les liera. Il faudra pour cela attendre le retour du Français, prévu le 15 juin prochain, date annoncée de son installation officielle. C’est également à cette occasion qu’on pourrait avoir une meilleure lisibilité sur sa rémunération. « Nous allons discuter de toutes ces autres questions au moment de la signature du contrat. Nous ne pourrions pas lui donner au-delà de ce qui n’est pas raisonnable pour le Fécafoot », déclare son premier vice-président, Jean-René Atangana Mballa. Lequel ajoute que le salaire de Patrick Prêcheur « sera conjointement assuré par la Fécafoot et une autre fédération » dont il tait le nom. Pour l’instant. Se contentant de dire : « Nous sommes encore en pourparlers. Son salaire a été discuté sous forme de coopération », lance-t-il.
Bertille M. Bikoun