« La dissolution de la cellule administrative provisoire n’entraîne aucun vide juridique. Nous revenons simplement à la situation normale, car la décision instituant le cellule avait été prise en violation du décret N° 72/600 du 31 octobre 1972 portant organisation de l’équipe nationale de football et ses textes subséquents. Une décision ne pouvant remettre en cause un décret, l’annulation de cette décision n’a fait que remettre les choses à leur place. »
Monsieur le ministre, vous venez de sanctionner M. Winfried Schäfer pour fautes lourdes et insuffisance des résultats. De quelles fautes s’agit-il ?
La décision de résilier le contrat de l’entraîneur national Winfried Schäfer a été prise après le constat d’une accumulation de défaillances et d’insuffisances au plan professionnel. Il est incontestable que M. Schäfer a failli à un certain nombre d’obligations contractuelles. La prospection et le choix des joueurs en vue de la relève de la vieille garde, qui lui incombaient, n’ont pas été réalisés par l’entraîneur. A cela s’ajoute le défaut de constitution de l’équipe nationale A’ qui devait réunir un grand nombre de joueurs locaux en attente d’intégration dans l’équipe senior. Il n’est donc pas étonnant qu’on ait continué à parler d’une équipe des Lions vieillissante et manquant de répondant face à ses adversaires dans les éliminatoires couplées CAN/coupe du monde 2006.
Je dois signaler également que l’obligation de résidence au Cameroun a été ignorée par l’entraîneur sélectionneur malgré les dispositions prises par le gouvernement pour lui permettre d’assurer aisément ses missions, notamment la mise à disposition d’une résidence meublée et d’un véhicule de fonction. M. Winfried Schäfer s’est également signalé par son absence aux réunions techniques et d’autocritique auxquelles il devait expressément prendre part, et l’abandon de l’équipe nationale au Soudan.
S’agissant des résultats enregistrés par les Lions, ils ne sont pas encourageants. L’entraîneur, à ce qu’il me semble, serait à court d’inspiration technique et tactique. Conséquence : la qualification du Cameroun pour la coupe du monde et à la Can 2006 est hypothéqués.
Quels sont les entraîneurs pressentis pour remplacer Schäfer ?
J’ai pris depuis quelque temps, en relation avec la FECAFOOT, des contacts avec certains milieux du football en vue du recrutement d’un entraîneur. Dès que le choix sera fait, les Camerounais le sauront. Je puis tout simplement dire que cela ne saurait tarder.
Des noms circulent déjà…
Cette façon de faire circuler la rumeur est typiquement camerounaise. Il est habituel que chaque fois qu’il y a un poste à pourvoir quelque part, les Camerounais fassent circuler des noms. Chacun a son homme qu’il voudrait voir promu et comme il n’a aucun pouvoir pour le faire, il injecte son nom dans l’opinion publique sous forme de rumeur.
Quels objectifs seront assignés au nouvel entraîneur ?
L’entraîneur aura pour mission l’organisation technique des stages et des entraînements de l’équipe nationale ; la prospection, le choix et le suivi des joueurs de l’équipe nationale ; la constitution de l’équipe et l’encadrement technique de l’équipe nationale.
Après son exclusion, Winfried Schäfer pourrait faire appel auprès de la FIFA pour demander réparation. Avez-vous envisagé cette éventualité ?
Le contrat résilié a prévu lui-même les effets de la rupture par anticipation. Nous veillerons simplement à ce que cette clause contractuelle soit respectée. Pour nous, point n’est donc besoin de recourir à la FIFA.
Maintenant que la cellule administrative provisoire des équipes nationales de football a été dissoute, qui va se charger de la gestion quotidienne des équipes nationales au Cameroun ?
La dissolution de la cellule administrative provisoire n’entraîne aucun vide juridique. Nous revenons simplement à la situation normale, car la décision instituant le cellule avait été prise en violation du décret N° 72/600 du 31 octobre 1972 portant organisation de l’équipe nationale de football et ses textes subséquents. Une décision ne pouvant remettre en cause un décret, l’annulation de cette décision n’a fait que remettre les choses à leur place. Mais, soyez rassuré, le fonctionnement administratif de l’équipe nationale ne sera pas interrompu. De nouveaux responsables de la direction administrative des équipes nationales vont être nommés incessamment.
L’assainissement de notre foot passe également par la restauration de la discipline au sein des équipes nationales. Qu’est-ce qui sera fait dans ce sens ?
L’encadrement technique est chargé en premier ressort de la discipline de l’équipe. Il existe un règlement intérieur qui définit les droits et obligations et fixe les règles de discipline applicables aux joueurs et aux différents encadreurs techniques et médicaux. Ce texte ne demande qu’à être appliqué. Les responsables de l’encadrement administratif et technique n’ont pas été en mesure de faire respecter les dispositions réglementaires en matière de discipline. Il nous faut donc opérer les redressements nécessaires.
Dorénavant, des mesures seront prises pour inculquer aux joueurs le sens civique et l’esprit patriotique. Par ailleurs, les responsables techniques et administratifs de l’équipe nationale seront appelés à prendre leurs responsabilités. Nous y veillerons particulièrement.
Après le limogeage de l’entraîneur et la dissolution de la cellule provisoire administrative des équipes nationales, est-ce que la remise en ordre va aller jusqu’au niveau de la FECAFOOT ?
La remise en ordre à laquelle vous faites allusion est en cours, vous le savez bien. Il n’est pas besoin de rappeler que le chef de l’Etat avait ordonné la relecture des textes de base de la FECAFOOT ; les travaux de la commission mise sur pied ont abouti aujourd’hui, avec la collaboration de la FIFA, à la création d’une commission paritaire MINJES/FECAFOOT chargée d’examiner les points de divergence qui subsistent. Cette commission est à pied d’œuvre et dispose d’un délai de trois semaines pour me présenter ses conclusions. Avec cette dernière étape en cours, la FECAFOOT aura de nouveaux textes acceptés par toutes les parties (MINJES – FIFA – FECAFOOT) en décembre 2004.
Louis D. EDZIMBI – TCHE Irene MORIKANG