Ce qui est quand même surprenant, c’est que certaines personnes pour des raisons inavouées aujourd’hui, veulent donner l’impression que la fédération est contre l’Etat. L’Etat, c’est qui ? C’est nous tous. L’équipe actuelle a démontré que nous étions très respectueux envers l’Etat. Avant nous, les deux présidents successifs, à l’instar de messieurs Onana Vincent et Maha Daher, qui étaient non seulement professeurs d’éducation physique, mais en plus de cela cadres du ministère de la Jeunesse et des Sports, on les a vu affronter leur tutelle, ouvertement et publiquement.
Le public a constaté qu’aucun membre du bureau exécutif de la Fécafoot n’a pris part à la cérémonie de remise solennel des rapports des travaux des commissions de relecture des textes de base de la Fécafoot et de celle d’enquête qui a eu lieu mercredi après-midi au Minjes…
Je vous dirais d’abord ma surprise quand j’ai appris que la fédération n’a pas pris part à la cérémonie de remise officielle des rapports des travaux des commission de relecture des textes de base de la Fécafoot et de celle d’enquête. D’abord, nous ne savions pas qu’il s’agissait d’une cérémonie officielle. Qui en a fait une cérémonie officielle? Par contre, ce même mercredi, nous avions plutôt rendez-vous avec le ministre de la Jeunesse et des Sports et les membres de la commission de relecture des textes pour remettre nos observations concernant le rapport de cette commission. Nous avons eu une séance de deux heures avec le Minjes. Quand nous avons terminé, nous lui avons dit aurevoir. Nous ne savions qu’il y avait une autre cérémonie pour la remise du rapport de la commission d’enquête. Je ne sais pas comment nous aurions pu y assister. Je ne vois pas pourquoi si nous avions été invités, nous ne serions pas partis. Ceux qui estiment que nous avons boudé cette cérémonie sont restés dans leur logique : celle de continuer à diaboliser les membres de la Fécafoot.
Comment appréciez-vous le rapport de la commission de relecture des textes de base de la Fécafoot ?
Par rapport au travail de cette commission, il nous a été demandé de faire nos observations. Et, en plus de cela, je voudrais rappeler que le Minjes avait demandé que ce travail soit fait en toute confidentialité, afin d’éviter toutes les polémiques qui entourent cette affaire. Mais grande a été notre surprise de constater qu’aux sorties des réunions, les membres de cette commission de relecture étaient les premiers à accorder des interviews aux journalistes, pendant que nous, nous ne disions rien. Et même lorsque nous restions tranquilles, on interprétait cela autrement, comme du zèle. Tout cela n’est pas honnête. Ce n’est pas juste.
Néanmoins, nous avons examiné le rapport de la commission de relecture. En ce qui concerne mes impressions par rapport à ce travail, je m’appesentirais sur certains points qu’eux-mêmes, les membres de la commission, ont déjà rendu publics. Par exemple, au sujet de la composition des assemblées générales, la commission de relecture recommande que les provinces soient représentées au prorata du nombre de clubs de deuxième division affiliés à leur ligue provinciale. Nous trouvons que c’est une proposition subjective. Dans la mesure où, aussi bien à la Fifa qu’à la Caf, toutes les fédérations (les membres) ont droit à une voix. On ne tient compte ni de la population des pays que ces membres représentent, ni du volume d’activités que ces pays ont. Car, si tel était le cas, on ne comparerait pas le Cameroun au Tchad, le Cameroun à la France, la Chine aux Îles Comores… Mais pour la Fifa, c’est une voix par fédération. Et je le dis, ce que les fédérations sont pour la Fifa et pour la Caf, c’est également ce que sont les ligues provinciales pour la Fécafoot. La fédération a pour mission de développer le football sur toute l’étendue du territoire. Il n’y a pas de grandes ou de petites provinces. Elles sont toutes au même pied d’égalité. Et en plus de cela, s’il fallait opter pour cette méthode, je crois que notre assemblée générale changerait d’année en année, en fonction du nombre de clubs de D2 affiliés. Et qu’est-ce qui nous dit que certaines provinces, pour avoir plus de délégués, ne vont créer de clubs factices. Donc, nous pensons, pour rester dans la logique de la Fifa et de la Caf, que chaque province ait le même nombre de représentants à l’assemblée générale.
Les membres de la commission de relecture ont en outre évoqué le fait que tout citoyen camerounais peut se présenter à la présidence de la Fécafoot. Cela est irréaliste. Cela veut dire que même le boulanger du coin qui ne s’intéresse pas aux choses du football, le jour où l’envie lui en prend, il se porte candidat à la présidence de la Fécafoot, rentre chercher 35 voix par des moyens que nous tous connaissons. Et c’est comme cela que nous allons nous retrouver avec quelqu’un qui… Cela n’existe nulle part. Lorsque nous prenons les cas des présidents de la Fifa et de la Caf (Sepp Blatter et Issa Hayatou pour ne pas les citer), ils ont été, pour le premier, Sg de la Fifa durant plusieurs années et le second a longtemps servi la Fécafoot où il a tour à tour été Sg puis président avant d’atterrir à la Caf. Donc, ils ont un passé pas mal de temps dans le football. Ils ne sont pas tombés de nulle part. Et cela se passe ainsi partout. Pourquoi devrait il en être autrement à la Fécafoot ? Sur ce point, nous avons également marqué notre désaccord. Sinon, dans l’ensemble, nous nous sommes surtout basés sur les statuts standards de la Fifa pour faire nos observations, car il faut les respecter. Au cas contraire, la Fifa va les rejeter. Et je crois que là, ce ne sont pas des inventions, même la commission de relecture doit se conformer aux statuts standards.
Que pensez-vous de l’idée de remplacer le secrétariat général par un secrétariat permanent ?
Cela ne dérange personne ! La Fifa dit ceci en ce qui concerne le secrétariat général : le Sg doit être recruté sur contrat. Mais pour les fédérations qui veulent l’élire, que la fédération nomme un directeur général à qui reviendra la gestion financière. Que le secrétaire général ne gère pas les finances car la personne qui le fait doit rendre compte directement à l’assemblée générale. Ce que nous faisons à la Fécafoot. Actuellement, le Sg s’occupe uniquement de l’administration. Donc, ça aussi, c’est un problème qui ne tient pas. Mais il faut que les gens fassent attention. Ils voient une fédération qui a » pignon sur rue « , où l’équipe dirigeante actuelle a réussi à mettre en place des structures fonctionnelles. Il faudra éviter qu’en changeant de méthode, on se retrouve avec la situation qui prévalait avant notre arrivée, où des gens avaient des arriérés de salaire de 44 mois… Que l’on se le dise bien : si l’équipe nationale ne participe pas à la Coupe du monde ou à la Coupe des Confédérations, il n’y aura pas de recette. Mais il faudra bien que la fédération continue à vivre !
Nous avons l’impression, aujourd’hui, que ceux qui font certaines analyses, le font parce qu’ils voient une fédération structurée, où l’administration et les finances sont saines. Ils se basent là-dessus pour faire un certain nombre de propositions. Mais, disons quand même prudence ! On a connu des moments difficiles à la fédération. Nous ne souhaitons pas nous retrouver dans les mêmes conditions. Il ne s’agit pas d’un problème de personnes. L’essentiel pour nous est que la fédération ait un fonctionnement moderne. Je ne crois pas que cela fasse l’ombre d’une difficulté à notre niveau. Si nous optons pour la nomination d’un directeur général, l’assemblée général va le faire. Si nous nous décidons de nommer les deux, c’est-à-dire un secrétaire général qui s’occupe d’un domaine précis (la politique de la maison ou l’administration par exemple) et d’un directeur général qui s’occupe de la gestion même administrative et financière , je crois que toutes les deux solutions sont possibles. Nous ne sommes pas accrochés à une quelconque idée.
A vous entendre, on aurait pas dû procéder à la relecture des textes de base de la Fécafoot ?
Sincèrement, je crois que les informations sont mal parties. Aujourd’hui, il n’y pas de crise à la fédération. Et cela, depuis cinq ans que nous sommes aux affaires et même bien avant, lorsque la Fifa avait mis sur pied une cellule exécutive provisoire à la Fécafoot. La fédération fonctionne normalement. Elle a eu des résultats aussi bien sportifs qu’au niveau de sa gestion et de son organisation. Quand on parle de relecture des textes, c’est parce que des personnes se sont plaints. Les décideurs ont été mal informés, mal renseignés. Mais qu’est-ce que vous voulez, c’est fait : la commission est là. Elle a procédé à la relecture des textes. Mais il ne faudrait pas que ce soit une affaire de personnes. Il s’agit ici du football camerounais. Si les gens estiment que l’équipe actuelle a mal travaillé… Ce n’est pas nous qui avons créé la Fécafoot. Elle existe depuis 46 ans. Et tout ce qui a été fait est visible…
Court on vers un arbitrage de la Fifa dans la mesure où vous avez rejeté en bloc les propositions de la commission de relecture ?
Non, il ne va pas s’agir d’un arbitrage. La Fifa, dans ses correspondances, parle de statuts standards. C’est-à-dire qu’il faut que toutes les fédérations membres adaptent leurs textes à ces statuts standards. On ne peut donc pas parler d’arbitrage dans ce cas. Il faudrait seulement que les textes soient conformes aux statuts standards de la Fifa et aux lois du pays. En matière de sport, il s’agit, pour cette dernière, de la charte des sports dans notre pays. Donc il faudrait que la Fécafoot ait des textes adaptés au niveau national et au contexte international.
Certains estiment que le bras de fer que vous voulez engager avec l’Etat n’a de but que de montrer votre réprobation aux commissions de relecture et celle d’enquête à la Fécafoot…
Ce qui est quand même surprenant, c’est que certaines personnes pour des raisons inavouées aujourd’hui, veulent donner l’impression que la fédération est contre l’Etat. L’Etat, c’est qui ? C’est nous tous. L’équipe actuelle a démontré que nous étions très respectueux envers l’Etat. Avant nous, les deux présidents successifs, à l’instar de messieurs Onana Vincent et Maha Daher, qui étaient non seulement professeurs d’éducation physique, mais en plus de cela cadres du ministère de la Jeunesse et des Sports, on les a vu affronter leur tutelle, ouvertement et publiquement. Depuis que nous sommes là, nous ne l’avons jamais fais ! Et puis, lorsque vous lisez les documents de la Fifa concernant la gestion des équipes nationales, ou encore les rapports entre la fédération et le ministère, nous, en violation de ces recommandations de la Fifa, avons laissé les choses en l’état. C’est-à-dire que le ministère continuait à gérer l’équipe nationale. Alors que la Fifa précise bien que la fédération est l’exclusive gestionnaire de l’équipe nationale. Par souci d’apaisement, nous n’en avons pas fait état. Mais plus grave, nous avons accepté au sein des structures de la fédération, des personnalités nommées par le ministre. La Fifa l’interdit formellement. Nous avons inscrit dans nos statuts que le Minjes peut convoquer une Ag de la Fécafoot alors que la Fifa est contre cette décision qu’elle trouve anti statutaire. Donc, on ne peut pas nous présenter aujourd’hui (comme certains médias veulent le faire) comme étant des gens qui sont contre l’Etat.
Les gens doivent être conséquents. Nous avons été sanctionnés. Nous n’avons pas voulu polémiquer là-dessus. La sanction a été annulée. Les choses sont en train de se remettre. Nous avons un grand challenge, celui de qualifier notre équipe nationale pour la prochaine coupe du monde. Mais nous ne pourrions pas le faire si les gens continuent à vouloir faire jouer ce football dans les bureaux. Le football, c’est sur les stades. Ce qui se passe actuellement n’a d’autre objectif que de créer le flou, le cafouillage, qui peuvent nous coûter cher. J’espère que la hiérarchie évitera que l’on arrive à ce niveau.
Propos recueillis par Bertille M. Bikoun, Mutations