L’équipe nationale de football du Cameroun se présente de nos jours comme une formation sans âme, un réservoir de footballeurs dont certains n’ont pas en coeur les notions de patriotisme et d’engagement total. Des faits qui poussent à croire qu’une refondation des Lions Indomptables est nécessaire. Sur tous les plans : disciplinaire, administratif, encadrement technique, schéma et choix tactiques.
1- Jeu décousu et brouillon
Le jeu développé par les Lions Indomptables dimanche 4 juillet face aux Eléphants de Côte d’Ivoire n’a pas comblé les attentes des Camerounais. Rigobert Song Bahanag et ses coéquipiers ont certes battu 2 buts à 0 mais, ils n’ont pas démontré qu’ils sont de véritables Lions, ceux-là qu’on a connu au début des années 2000. L’équipe nationale de football du Cameroun a démontré dimanche dernier qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour qu’elle redevienne compétitive. Ce qui amène nombre de techniciens à dire qu’elle est à repenser. Et que les propos de Samuel Eto’o Fils selon lesquels “les journalistes camerounais sont intolérants avec les Lions Indomptables” sont excessifs. Car, les médias ne font que leur travail qui consiste à relever la médiocrité de Winfried Schäfer et certains de ses poulains.
Cette médiocrité ne date pas d’aujourd’hui. Elle est visible depuis la fin de la coupe des Confédérations en juin 2003 en France. Le refus de Lauren Etamè Mayer de défendre désormais les couleurs nationales si certaines décisions ne sont pas prises pour ce qui est de la bonne gestion des Lions Indomptables et le décès de Marc-Vivien Foé ont laissé un grand vide non seulement au milieu de terrain de cette équipe, mais aussi, ils l’ont amputé de deux cadres dont l’apport auprès des coéquipiers, sur tous les plans, était grandiose. Aujourd’hui, les Lions Indomptables sont une équipe qui manque de repères. Intrigues parmi les joueurs, mésentente entre coéquipiers, indiscipline et autres attitudes incompatibles avec un bon esprit de groupe sont autant de fléaux qui ont élu domicile au sein des Lions Indomptables. Sur le terrain, les joueurs développent, depuis la Can 2004, un jeu décousu et brouillon.
2- Milieu de terrain inexistant
En dehors de Timothée Atouba qui a assuré dans le couloir gauche et Jérémie Njitap Fotso à droite jusqu’à l’entrée de Feutchine à la 40ème minute, les autres Lions du milieu du terrain, Modeste Mbami et Eric Djemba Djemba ont été transparents. A court d’idées tout au long de la partie, Modeste Mbami a excellé dans les passes à l’adversaire et dans les ratées. Incapable de jouer son rôle de meneur de jeu, Modeste Mbami a passé son temps à donner des frissons aux spectateurs du stade Omnisports Ahmadou Ahidjo. “Mbami s’est battu pour être titulaire en équipe nationale. Dès qu’il l’est devenu, il a pris la grosse tête. Depuis la fin de la coupe des Confédérations, Mbami n’a plus livré un bon match avec les Lions. Il était transparent à la Can 2004, au match du 6 juin contre le Bénin – le but béninois provenait d’une de ses multiples ratées -, et à celui du 04 juillet contre les Eléphants de Côte d’Ivoire”, observe un technicien de football qui pense que Modeste Mbami donne plus d’importance à sa carrière au Paris-Saint-Germain qu’aux Lions Indomptables.
Ce technicien et nombre de ses pairs pensent aussi que Eric Djemba Djemba est dans la même situation que Mbami. “Quand on voit Djemba Djemba jouer depuis la Can 2004, on pense à Foe qui accomplissait son rôle avec dévouement. Djemba Djemba en équipe nationale est plus dangereux que l’adversaire. Il joue plus pour ses fans clubs que pour le pays tout entier”, déplore un observateur averti. Une désolation qui est aussi celle de Winfried Schäfer qui, à quelques jours du match contre les Elépants de la Côte d’Ivoire, avait prévenu : “j’ai demandé à Djemba Djemba de ne pas jouer pour les fans clubs, mais pour toute l’équipe”. Le Lion de Manchester United n’a pas respecté les instructions du technicien allemand. Il a passé son temps à faire un peu plus de crochets que prévus, pour faire plaisir à ses fans clubs. Gestes qu’il ne réussissait pas toujours ; d’où ses nombreuses passes à l’adversaire. Résultat : il n’a passé que 40 minutes sur le terrain. Il a été remplacé à la suite des quolibets du public, par Feutchine, auteur du deuxième but des Lions à la 81ème minute.
3- Attaque hésitante
S’il est vrai que l’on doit se réjouir des deux buts qui ont permis aux Lions Indomptables de prendre le dessus sur les Eléphants de la Côte d’Ivoire dimanche 4 juillet et de passer à la tête du groupe C des éliminatoires couplées Can/Mondial 2006, il y a aussi lieu de reconnaître que ces réalisations ne sont pas le fruit d’un grand travail de l’attaque camerounaise. Aligné en attaque aux côtés de Samuel Eto’o Fils, Idrissou Mohamadou a été effacé au cours des 63 minutes qu’il a passé sur l’aire de jeu. A son actif, aucune bonne action. Pourtant, il est le joueur sur qui Schäfer misait le plus. Esseulé en pointe, Samuel Eto’o Fils a, à plusieurs reprises manqué de baraka face aux défenseurs ivoiriens.
Epuisé dès la reprise, Eto’o passait son temps à marcher, jusqu’à la 80e minute où, sur une transversale de Njitap, il batit en course le dernier défenseur ivoirien, pour inscrire le premier but des Lions. Le ballon d’or africain 2003 est par la suite au départ de l’action qui abouti au deuxième but marqué par Feutchine. C’est lui qui sert Atouba dont le centre atterrit sur le pied droit de Feutchine. Mais, il faut le dire, dans l’ensemble, l’attaque des Lions a été très fébrile au cours de la rencontre contre la Côte d’Ivoire. Ce fut d’ailleurs le cas face au Bénin et à la Can 2004. A cette dernière compétition qui s’était jouée en Tunisie, Eto’o n’avait pu inscrire qu’un but en quatre matches. C’était face aux Super Eagles du Nigeria en 1/4 de finale ; un but qui n’avait pas empêcher l’élimination des Lions Indomptables. Idrissou avait achevé avec zéro but à son compteur.
4- Défenseurs et gardien de but efficaces
Au regard de la dernière sortie des Lions Indomptables, l’on a l’impression qu’il ne reste à cette équipe que sa défense et son nouveau gardien de buts, Souleymanou Hamidou dit Parade. Ex-sociétaire de Cotonsports de Garoua, Souleymanou Hamidou, 31 ans, deux fois champion du Cameroun, est sociétaire de Denilzuspor, équipe de première division en Turquie. Sacré meilleur gardien de buts du championnat turc cette année, Souleymanou dont le club a fini 5ème au championnat 2004 en Turquie, était dimanche dernier à sa première titularisation en équipe nationale. A l’aise dans les relances et les anticipations, ce goalkeeper a fait rapidement oublier Idriss Carlos Kameni qui, ces derniers temps, a excellé dans les mauvaises performances au point de se faire attribuer le pseudonyme de “Encaissanov”, par le public du stade Omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. Gardien de buts de devoir, Souleymanou Hamidou a, par ses relances, rappeler aux Camerounais le talentueux Joseph-Antoine Bell et, par ses longs dégagements, fait penser à l’excellent Thomas Nkono. “Le gardien Souleymanou a fait un bon match, ça prouve qu’il est en compétition. Il a rassuré tout le monde et a prouvé qu’on peut compter sur lui”, relève Jacques Songo’o, ex-portier des Lions Indomptables.
Devant Souleymanou, les défenseurs types alignés dimanche face aux Ivoiriens, Song Bahanag, Tchato, Mettomo puis Abanda, et Doumbè ont joué à fond leur rôle. Ils ont été, tout au long de la partie, des joueurs de devoir. Comme ils l’ont d’ailleurs toujours été. Mention honorable pour Rigobert Song Bahanag, le capitaine des Lions Indomptables qui, à en croire nombre d’observateurs avertis, est, depuis le début de ces éliminatoires couplées Can/Mondial 2006, le seul Lion qui se donne à fond. Face aux Ecureuils du Bénin et aux Libyens, Song est sorti du lot. Tout comme il l’a fait dimanche dernier face aux Eléphants de la Côte d’Ivoire. Annoncé comme terreur, Didier Drogba, l’attaquant ivoirien a été mis sous l’éteignoir par le capitaine courage des Lions Indomptables. “Si tous les Lions peuvent jouer avec entrain et grand engagement à tous les matches comme Song, l’on aurait une équipe de foi”, pense Nyamè, Technicien de football.
Enfin, le moins qu’on puisse dire est que l’équipe nationale de football du Cameroun se présente de nos jours comme une formation sans âme, un réservoir de footballeurs dont certains n’ont pas en coeur les notions de patriotisme et d’engagement total. Des faits qui poussent à croire qu’une refondation des Lions Indomptables est nécessaire. Sur tous les plans : disciplinaire, administratif, encadrement technique, schéma et choix tactiques etc…
Par Honoré FOIMOUKOM, le Messager