Arrivée hier en début de soirée à Yaoundé, après une semaine de mise au vert à Aix Les Bains en région lyonnaise (France), l’équipe nationale de football de Côte d’Ivoire, au grand complet, a pris ses quartiers à l’hôtel Hilton. « La sélection ivoirienne a effectué ce voyage sans la peur au ventre. Elle est partie en pleine confiance et totalement motivée.
Ce d’autant plus qu’elle a déjà engrangé trois précieux points lors de son déplacement à Alexandrie au détriment des Pharaons d’Egypte (2-1). Elle est de ce fait, prête à livrer bataille dans l’antre des Camerounais », écrit le quotidien gouvernemental ivoirien Fraternité Matin dans son édition d’hier.
Du côté ivoirien, l’ambition par rapport au match de dimanche prochain est donc sans nuance: glaner une nouvelle victoire, deux semaines après le coup d’éclat réalisé en terre égyptienne. Cet optimisme n’est pas fortuit. Grands absents de la dernière édition de la Coupe d’Afrique des nations en Tunisie, les Eléphants sont pourtant devenus depuis quelques temps un véritable ogre sur la scène africaine. Ils tirent leur force d’une génération exceptionnelle de joueurs très talentueux, qui comptent parmi les grands animateurs de certains championnats européens.
Le gardien Gérard Gnanhouan évolue au Fc Sochaux (Ligue 1 France) et son concurrent, Jean Jacques Tizié, qui a joué contre l’Egypte, est le portier de l’Espérance de Tunis. La défense est commandée par le capitaine Cyrille Domoraud (coéquipier de Wome à Espanol de Barcelone), bien épaulé par la révélation de Arsenal (Premier League anglaise), Abib Kolo Touré; sans oublier Blaise Kouassi (Guingamp), Abdoulaye Méïté (Marseille) et Olivier Tebily (Birmingham). Dans l’entre-jeu, sévissent Bonaventure Kalou et Akale Kanga (Auxerre), Serges Dié (Nice), Didier Zokora (Genk, D1 belge), Guel Tchiressoua (Lorient) ou encore Gilles Yapi Yapo (Nantes). Mais, le plus grand danger de cette formation dirigée par l’ancien sélectionneur du Cameroun à la World Cup 94, le Français Henri Michel, vient de sa ligne d’attaque. Ici, le maître s’appelle Didier Drogba, le buteur de Marseille, qui forme un duo tonique avec Aruna Dindane (Anderlecht). De sorte que Dagui Bakari (Lens) et Arouna Kone (Roda JC, Pays-Bas) font tranquillement banquette.
S’il y avait encore des doutes sur la force de frappe de ce groupe compact, ils ont été levés le 20 juin dernier à Alexandrie, quand les Eléphants sont allés vaincre les Pharaons dans leur chaudron d’Alexandrie (2-1), au terme d’un match palpitant, au cours duquel un but valable a même été refusé aux visiteurs. Les deux buts ivoiriens furent inscrits par leurs attaquants fétiches, Drogba et Dindane. Une victoire célébrée sous forme d’hommage à Mama Ouattara, le sélectionneur adjoint décédé quelques jours plus tôt, en plein stage de préparation de ce match en France. Cela dit, il ne s’agit pas d’une muraille infranchissable. On l’a vu face à l’Egypte où le libéro Domoraud, lourd et très fébrile, a manqué de peu de marquer contre son camp à deux reprises. Entraînés par Alain Gouamené, le héros de la Can 1992 (la seule remportée à ce jour par les Ivoiriens), les gardiens de buts ne sont pas non plus une assurance tout risque. La Côte d’Ivoire est donc un verrou qui peut être forcé, pour peu que Winfried Schäfer mette en place une équipe du Cameroun agressive (dans le bon sens), et que son atout offensif numéro 1, Samuel Eto’o Fils, se concentre davantage sur son match, au-lieu de jouer les va-t-en-guerre contre les journalistes.
E. Gustave Samnick