Son contrat achevé cette saison avec le Club athlétique de Bda, son premier club professionnel, le camerounais Philippe Stéphane Nankop pense à aller taper le cuir en Europe, dans un championnat plus médiatisé que celui d’Algérie. « J’y ai déjà fait mes preuves », se vante-t-il d’ailleurs. Meilleur joueur étranger à sa première année en terre algérienne, l’évolution de cet adroit attaquant est allé crescendo.
Malgré la blessure qui l’a mis hors des stades pendant près de neuf mois.
A 22 ans seulement et plein de qualités techniques, il pense qu’il a encore beaucoup à faire valoir dans le football, et mieux, à donner pour les Lions indomptables. Comme la plupart des professionnels, il a porté son sac de vacanciers pour son pays. A Bafoussam notamment où il a grandi et a beaucoup de fans. Du temps où il était dans Sable de Batié, son dernier club à qui son transfert a rapporté 35 millions environ. Posé et sans suffisance, le Lion Nankop s’est ouvert à Camfoot.com…
Camfoot.com: Bonjour Stéphane Nankop. Comment vous vous sentez-vous au bercail après quelques mois d’absence ?
Philippe Stéphane Nankop : Merci bonjour ! Disons que c’est une fierté de passer mes vacances au Cameroun. Je suis vraiment content de retrouver mes amis et ma famille, surtout que ce sont des moments rares, d’avoir des vacances pendant l’année. C’est donc beaucoup plus un sentiment de fierté, fierté des retrouvailles.
Camfoot.com: Vous revenez après une autre saison passée en Algérie. Quel bilan pouvez-vous en faire ?
Philippe Stéphane Nankop : La saison s’est terminée tant bien que mal ! Nous avons occupé la 9ème place au classement final du championnat d’Algérie, avec surtout une remontée fulgurante à la phase retour. Durant laquelle, j’ai joué tous les matches, parce que, j’avais été blessé, puis opéré, et, je me remettais au fur et à mesure. Mon apport lors des 15 matches que j’ai disputés à la phase retour, a été bénéfique pour le club.
Camfoot.com: Quand et comment est-ce que vous avez contracté la blessure ?
Philippe Stéphane Nankop : La blessure est survenue le 14 décembre 2002. Lors du match contre le Mouloudia d’Alger. J’ai passé près de neuf mois d’inactivité, pour la réhabilitation. En effet, cette blessure n’a été qu’un réveil du mal que j’avais contracté ici au Cameroun, lors du match des Interpoules 1999 entre Unisport de Bafang et Mount Cameroon. Je peux dire que les dirigeants de mon club en Algérie m’ont vraiment bien traité. Ils m’ont apporté un réconfort moral et financier durant toute ma rééducation. Et je profite d’ailleurs de l’espace que Camfoot m’offre pour leur dire grandement merci.
Camfoot.com: Vous êtes attaquant. En ce qui concerne les réalisations, combien de fois avez-vous trouvé le chemin des buts, après cette blessure ?
Philippe Stéphane Nankop : Les supporters de mon club attendaient que je ré-intègre rapidement le groupe. Ils voulaient avoir la même image de buteur de race qu’ils avaient de moi avant ma blessure. Ma performance était donc très attendue. A mon retour, j’ai comblé leurs attentes, surtout lors de mon premier match durant lequel j’ai marqué un joli but et fait une passe décisive. Nous avons gagné 2 buts à 0.
Mon parcours a été progressif et j’ai pu arquer 8 buts en 19 matches. 15 matches en championnat dont 4 buts et 4 matches en coupe dont 4 buts. Parlant de cette coupe d’Algérie, nous avons été éliminés aux ¼ des finales.
Camfoot.com: Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en Algérie ?
Philippe Stéphane Nankop : J’ai remarqué qu’en Algérie, le footballeur est un peu fragile et beaucoup plus technique. On nous a appris au Cameroun à être dur, quoi ! De se battre à fond. Et c’est ça qui fait la différence entre le football camerounais et celui de l’Algérie. Le physique est mis en exergue au Cameroun alors qu’en Algérie, c’est la technique et la tactique ; sur lesquelles les schémas des entraîneurs sont plus basés.
Camfoot.com: Comment s’est faite la transition entre le championnat camerounais et celui algérien où tu évolues actuellement ?
Philippe Stéphane Nankop : Je peux dire que je suis au terme de ma 3ème année en Algérie. La première année, j’avais été contacté par un manager algérien, avec l’aide et les conseils d’un ami footballeur évoluant aujourd’hui au championnat belge. Le manager m’avait proposé à son club, le Cabda dans lequel j’évolue actuellement. La transition s’est faite aisément, avec l’appui et le bon sens des dirigeants de Sable de Batié.
Camfoot.com: Quelles sont les équipes qui ont vu vos premiers pas au Cameroun ?
Philippe Stéphane Nankop : J’ai commencé ma carrière, mes premières années junior, avec Otélé FC à Yaoundé où j’ai grandi. J’ai ensuite intégré Sable de Batié en 1999, où j’ai passé 1 an et demi. L’autre demi-saison je l’ai achevée à Unisport de Bafang, avec tout ce que nous avions pu avoir comme problème. Je suis revenu à Sable de Batié avant mon départ pour l’Algérie en 2001.
« J’aimerais retrouver les couleurs de l’équipe nationale…Mon niveau de jeu a tellement évolué. »
Camfoot.com: On se souvient que vous aviez fait les manchettes des journaux parlés et écrits à l’époque. Quel était vraiment le problème avec Unisport ?
Philippe Stéphane Nankop : Il était beaucoup plus administratif. Beaucoup de dirigeants de club ne connaissent pas vraiment les règlements de la Fécafoot. Mon problème avait été élucidé par les présidents de clubs mis en jeu. Il s’agissait en effet d’une difficulté de compréhension des textes. Sociétaire de Sable de Batié, j’avais été prêté à Unisport de Bafang, pour l’aider aux Interpoules et en coupe du Cameroun. Malheureusement, il y a eu des dirigeants de clubs qui ont eu à porter plainte. Mais, les textes de la Fécafoot étaient clairs en ce qui concerne les prêts. Elle a tranché et notre club, Sable de Batié a eu gain de cause.
Camfoot.com: Vous quittez donc Sable de Batié pour l’Algérie mais, entre temps, on vous a vu sous les couleurs de l’équipe nationale junior…
Philippe Stéphane Nankop : Oui. J’ai été sélectionné en équipe nationale junior, à l’époque de Ngweha Ikouam. J’ai quelques amis à l’équipe nationale seniors actuellement, notamment Djemba Djemba, Jean Makoun, Mokakè et Mbami, avec qui nous étions. Je suis actuellement en Algérie et, j’aimerais vraiment retrouver les couleurs de l’équipe nationale. Ce d’autant que mon niveau de jeu a tellement évolué. Peut-être faudrait-il quitter le championnat algérien qui est moins médiatisé que les autres championnats européens où évoluent mes amis de l’équipe nationale junior et espoir.
Camfoot.com: Le championnat algérien est moins médiatisé certes, mais vous le saviez avant d’y arriver non ?
Philippe Stéphane Nankop : Bien sûr ! Je voulais bien, à mon arrivée en Algérie, que ce pays soit pour moi un pays de transit pour l’Europe. Du moment que le championnat algérien est plus élevé que celui du Cameroun dans les domaines sportifs et financiers. Donc, j’ai fait ce choix pour essayer de progresser et trouver des preneurs en Europe. C’est incontestable, les managers européens sont plus proches de ce championnat que celui du Cameroun.
Camfoot.com: Avez-vous des sollicitations ?
Philippe Stéphane Nankop : Actuellement, j’ai deux sollicitations en Europe. Il y a un club de deuxième division en France, le FC Rouen qui a été relégué en Nationale. Et puis, il y a le FC Aarau de première division en Suisse qui est entré en contact avec mon manger dernièrement, et les négociations sont en cours.
Camfoot.com: Entre les deux clubs, votre cœur bat beaucoup plus pour lequel ?
Philippe Stéphane Nankop : (léger sourire) Pour moi, l’important, c’est beaucoup plus de jouer en Europe et de se faire remarquer. Je sais que j’ai des capacités actuellement d’évoluer, pas dans des grands clubs européen, mais dans les clubs moyens. J’espère que mon rêve se réalisera dans les jours ou les mois à venir. Parce que, je tiens à quitter le championnat algérien, du fait que j’y ai déjà fait mes preuves. Et je ne voudrais plus stagner sur place, quoi !
Camfoot.com: Alors, pouvez-vous vous dire satisfait de votre séjour en Algérie en particulier et sur votre carrière en général ?
Philippe Stéphane Nankop : Je peux dire que je suis satisfait de mon bilan au Cameroun, tout d’abord. Du moment où j’ai été vainqueur de la Super-coupe du Cameroun avec Sable de Batié, finaliste de la coupe du Cameroun avec Unisport de Bafang, que je n’ai pu jouer à cause de ma blessure. J’ai été ¼ de finaliste de la Champions league africaine avec Sable de Batié. En Algérie, à la première année, j’ai été élu meilleur joueur étranger du championnat. Cette année, les journalistes sportifs ont élu mon but lors d’une phase crucial du championnat, meilleur but de la saison. C’était contre le Kâbana, équipe qui a d’ailleurs été relégué en D2 à cause de ce but ! (sourire)
Camfoot.com: De manière générale, comment est-ce que vous percevez le championnat camerounais ?
Philippe Stéphane Nankop : A mon avis, j’ai l’impression que le championnat camerounais n’arrive pas encore à vraiment décoller, sportivement parlant. Parce que les infrastructures au Cameroun ne permettent pas aux jeunes footballeurs de rivaliser avec les autres équipes africaines, maghrébines notamment en coupes africaines des clubs. Sans vous mentir, les équipes maghrébines, sur le domaine infrastructurel, sont vraiment très avancées. C’est pour cela qu’elles parviennent à gagner des titres. J’aimerais vraiment que les dirigeants du football camerounais et le gouvernement puissent se pencher vraiment sur la question, afin de permettre aux footballeurs de rehausser le niveau de jeu.
Camfoot.com: On suppose, vous n’êtes pas le seul Camerounais dans le championnat algérien. Qui sont les autres ? Où évoluent-ils ? quelles sont les relations que vous entretenez ?
Philippe Stéphane Nankop : En général, tous les noirs africains du championnat algérien sont des amis. Nous nous voyons régulièrement quand nous sommes en confrontation. Nous passons des moments ensemble après les matches, parce que ce n’est pas facile de vivre dans un pays musulman…Parmi ces noirs africains, il y a quatre Camerounais, moi inclus. Dans mon club, nous sommes deux, mon coéquipier et ami Yontcha Jean Paul, qui a joué dans Sable de Batié mais est arrivé après moi. Il y a un autre Camerounais, Ndi Ako, ex sociétaire de Sable de Batié également qui évolue au Mouloudia d’Alger. Et, il y a un dernier Camerounais, Kwedi Marcel qui, lui, évolue au Mouloudia d’Oran. Régulièrement, nous voyageons ensemble pour venir passer les vacances au pays. Sauf, Ndi Ako n’est pas au Cameroun pour le moment. Il a été opéré dernièrement du ligament croisé. Il suit sa rééducation en Algérie.
Camfoot.com: Merci de nous avoir accordé cet entretien…
Philippe Stéphane Nankop : C’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par Kisito NGALAMOU