« Dans cette histoire, on a voulu faire porter le chapeau à la FECAFOOT. Et moi, je n’étais pas d’accord. Je me suis battu pour que cette sanction soit levée afin que les Camerounais comprennent que ce n’était pas de la faute de la fédération. Ce n’est pas elle qui est à mettre en cause dans cette histoire. »
Africafoot: Monsieur l’ambassadeur a l’air satisfait… Vous n’avez pas pensé à vous-même en recevant cette médaille, mais à votre pays ?
Roger Milla : tout à fait, parce que c’est notre pays qui a été attaqué. Il a été traîné dans la boue depuis l’annonce de cette sanction. Il a fallu que nous réagissions pour que les choses reviennent à l’ordre. Personnellement, j’aimerai remercier tout le continent africain à travers toutes ses fédérations, le président Blatter et le comité exécutif de la FIFA, ainsi que les fédérations du monde entier qui ont plaidé en faveur du Cameroun. Je remercie également les dirigeants camerounais ici présents, qui ont soutenu cette démarche.
Africafoot : Des footballeurs et non des moindres, ont soutenu votre démarche. Le brésilien Roberto Carlos s’est montré indigné par la décision de la FIFA à l’encontre du Cameroun…
Roger Milla : J’aimerai également remercier les footballeurs qui nous ont soutenus en affichant clairement leur désaccord vis-à-vis de cette sanction. Au Cameroun, nous sommes «fair play.» Nous préferonsque notre équipe soit éliminée sur le terrain, que sur une décision qui avantageait nos adversaires. Maintenant que nous sommes à égalité avec nos adversaires, c’est à nos joueurs de saisir l’occasion, et de prouver que la FIFA a eu tord de sanctionner le Cameroun. C’est à nous de relever le défi. Je suis convaincu que nos joueurs vont se mettre au travail, et qu’ils vont apporter au Cameroun, sa fierté de toujours.
Africafoot: Au Cameroun, c’est la liesse générale. Mais ne pensez-vous pas qu’il est temps d’assainir le football camerounais ?
Roger Milla : Nous allons essayer de tenir une réunion avec les autorités camerounaises, enfin de marteler encore une fois aux autorités du pays, de laisser à la seule fédération, le soin de gérer le football. La FIFA ne voudrait pas d’ingérence du politique dans le football. Le gouvernement peut gérer le football sur le plan administratif. L’aspect sportif doit être l’exclusivité de la fédération. Ainsi en cas de problème, on saura exactement qui en sont les responsables. Parce que dans cette histoire, on a voulu faire porter le chapeau à la FECAFOOT. Et moi, je n’étais pas d’accord. Je me suis battu pour que cette sanction soit levée afin que les Camerounais comprennent que ce n’était pas de la faute de la fédération. Ce n’est pas elle qui est à mettre en cause dans cette histoire.
Africafoot: Pensez–vous que la fédération puisse se prendre en main elle-même ?
Roger Milla : Il faut que les gens comprennent que nous sommes là pour travailler pour le pays. Pour apporter des infrastructures au pays. Mais sans mandat, nous ne pouvons rien faire. Il faut que les gens comprennent une chose. Je ne travaille pas pour me faire un nom. J’ai déjà une réputation assise. Je travaille pour la jeunesse de mon pays. Cela s’est encore prouvé lors du congrès de la FIFA (au Carrousel du Louvre). Je fais ceci pour le Cameroun, et sa jeunesse.
Africafoot: A propos de votre intervention au Louvre. Monsieur Blatter ne l’attendait pas. D’où son allusion à l’ambassadeur qui est venu délivrer un message diplomatique.
Roger Milla : J’ai apporté un message du Cameroun. Un message adressé par le chef de l’état. J’avais confiance en la FIFA, en Monsieur Blatter. Je n’ai pas voulu délivrer ce message depuis. J’ai attendu le moment opportun pour le délivrer. Je pense que le président Biya doit être tranquille maintenant. Il sait qu’il peut compter sur moi, ainsi que sur la jeunesse de son pays.
Africafoot: Le chef de l’état souhaitait que tout soit réglé avant le 20 mai (fête nationale). Or, la décision de la FIFA est tombée le 21.
Roger Milla : On espère quand même qu’il a passé une bonne fête. Mais ce qui compte, c’est qu’il sache qu’il peut compter sur nous. Nous avons une grande foie en ce que nous faisons.
Africafoot: Alors, on écarte la polémique, et on laisse place au football…
Roger Milla : Tout à fait. Les gens au Cameroun réagissent sans vraiment bien s’informer. Avant toute chose, il aurait fallu s’informer auprès de la fédération, pour comprendre le problème. Au lieu de cela, ils ont tiré sur tout le monde, et dit n’importe quoi.
Propos recueillis par Jacques Roux, Africafoot