A quelques jours du démarrage de la phase finale du prestigieux tournoi prévu cette année en Tunisie, le président de la République désavoue publiquement son ministre de la Jeunesse et des Sports et permet le retour triomphal de Patrick Mboma au sein de l’équipe des Lions indomptables…
12-Janvier 2004 : C’est l’événement majeur de l’actualité nationale. Patrick Mboma, qui avait été écarté du groupe des joueurs présélectionnés pour la prochaine coupe d’Afrique des nations de Tunisie, rejoint enfin ses camarades. Après d’intenses négociations et, surtout, grâce à l’intervention du premier sportif camerounais, le président Paul Biya. Comme il le fit pour son actuel ambassadeur itinérant, Roger Milla, en 1990, lors de la coupe du monde d’Italie, Paul Biya offre à Patrick Mboma une occasion appropriée pour faire étalage de ses aptitudes et confondre ses détracteurs. Aux premiers rangs desquels, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Pierre lsmael Bidoung Mpkatt qui, selon des sources bien informées, aurait usé de son influence auprès de l’entraîneur allemand pour empêcher que soient sélectionnés nombre de joueurs considérés par lui comme « indisciplinés et dangereux pour le moral des troupes ». Dans cette catégorie de joueurs, figurait en bonne place l’attaquant et buteur de race Patrick Mboma. Lequel n’a pas vu son nom sur la dernière liste de joueurs présélectionnés pour la Can 2004. En pleine forme et prêt à donner le meilleur de lui-même pour son pays, Patrick Mboma a compris que le moment était venu de frapper à toutes les portes. Comme un bon chrétien qui a lu les Saintes Ecritures et bien assimilé le passage évangélique: Frappez, on vous ouvrira ! Demandez on vous donnera… , Patrick Mboma a recouru à la personnalité indiquée pour sa situation. C’est-à-dire l’ambassadeur itinérant Roger Milla, ancien Lion indomptable, qui fut traité lui aussi en son temps avec mépris. Qui, mieux que Roger Milla, un des principaux auteurs de l’épopée des Lions indomptables au « Mondiale 90 » d’Italie, pouvait comprendre l’injustice dont Patrick Mboma faisait l’objet? Interlocuteur privilégié du président de la République en matière de football, Roger Milla a su mener à bien sa mission et permis à Paul Biya de prendre une décision sage et légitime.
Camouflet infligé au Minjes.
Le retour de Patrick Mboma en sélection nationale était déjà le vœu d’une large partie de Camerounais. En infligeant un véritable camouflet à son ministre de la Jeunesse et des Sports, Paul Biya, en fin politicien, donne l’impression d’être à l’écoute du peuple. Un peuple constitué de millions d’électeurs dont il aura besoin pour se faire réélire au scrutin présidentiel d’octobre prochain. Le président de la République ne pouvait plus prendre le risque de se taire ou de rester indifferent face aux frasques et aux conduites désobligeantes du Minjes en ce début d’année 2004. Année électorale par excellence, car une mauvaise prestation des Lions indomptables à la coupe des nations de Tunisie peut avoir des répercussions politiques non négligeables! En matière de football, le président de la République sait que le Cameroun a une autorité incontestable qu’il convient de maintenir et de renforcer par un meilleur usage de nos talents, de nos performances et de nos victoires. Or, le joueur Patrick Mboma fait partie d’un dispositif essentiel permettant à l’équipe nationale du Cameroun de défendre le trophée continental qu’il détient. N’oublions pas que les Lions indomptables, toutes catégories confondues, ont toujours prouvé qu’ils étaient les meilleurs ambassadeurs du pays lorsqu’on leur fait confiance, lorsqu’on leur donne leur chance.
Comme nous l’avons souvent dit, Ces jeunes gens tirent leur force de leur talent individuel, de leur solidarité agissante, de leur générosité environnante, de leur énergie débordante, de leur patriotisme ardent, de leur travail d’équipe de leur orgueil national et de leur esprit de vainqueur, de leur foi en la victoire, de leur moral de fer et du sentiment d’appartenance sans discrimination aucune à la même famille, à la même nation: le Cameroun.
Au-delà de la récupération…
Toute action ou mesure visant à écarter un ou plusieurs éléments du groupe pour des raisons extra sportives doit être dénoncée avec la dernière énergie. Au-delà de la récupération politicienne qui caractérise la gestion du sport au Cameroun en général et la gestion du football en particulier, il est urgent de redéfinir les prérogatives des différents acteurs et intervenants. Il n’est pas sérieux de laisser un ministre de la Jeunesse et des Sports se comporter comme un ministre chargé du football au détriment des autres sports. Plus grave, de laisser pourrir une situation qui aurait pu être rapidement sauvée si les excès et les abus ne restaient pas impunis. En d’autres termes, les désaveu public du Minjes par le président de la République ne doit pas seulement se traduire par la réintégration de Patrick Mboma au sein de l’équipe des Lions indomptables. Le chef de l’Etat doit aller plus loin et procéder à un véritable nettoyage. Quand des responsables ne connaissent plus ni la honte ni le ridicule, ils font désormais partie du fléau que Paul Biya a appelé l’inertie. Les laisser ruiner les espérances de ceux qui veulent construire un avenir meilleur pour la nation, c’est se faire complice d’une tragédie programmée.
EDMOND KAMGUIA K