L’usage au Cameroun depuis la fin des années quatre-vingt est de conjurer le sort pour s’effacer devant ses responsabilités, responsabilités devant l’avenir de nos enfants. En effet, la crise économique qui a longtemps miné l’économie de notre pays est entré dans les réflexes les plus conservateurs tant pour montrer son incapacité que pour justifier ses lacunes.
Pourtant, s’il y a un domaine qui a su se tenir à l’écart de ce phenomène cyclique, c’est bien le football. Notre pays a continué à participer à son lot de compétitions internationales, et à rafler ses juteuses primes de participation. Depuis 1990, les Lions Indomptables ont été sur tous les fronts en termes de participations : 4 en coupes du monde, 1 aux Jeux Olympiques, des dizaines de matchs amicaux et de prestiges.
L’on se serait attendu à ce que le résultat se transpose dans les infrastructures, objet de développement pour l’avenir. Et pourtant, il n’en a rien été.
Responsabilités?
Les responsabilités des uns et des autres restent à être établies tant la structure fondamentale de la gestion du football camerounais est calamiteuse. Le focus fait aux hommes politiques devrait cependant s’étaler sur l’ensemble de l’intelligentia camerounaise qui se doit de rivaliser d’ingéniosité pour redonner de la valeur à nos sportifs.
De malversation en mauvaise gestion, de tripatouillage en lutte d’influence, les responsables successifs du ministère de la Jeunesse et des Sports se sont illustrés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos frontières avec brio.
Et désormais, le Cameroun est célèbre pour ses frasques administratives, pour sa gestion approximative. Comment comprendre que dans chaque compétition où est nous sommes représentés, nos administrateurs sont toujours plus nombreux que nos athlètes? Un confrère canadien nous rappelait dernièrement l’épopée camerounaise lors des Jeux de la francophonie. Le Cameroun avait dans son staff pléthorique deux personnes qui avait comme titre ceux de chargé de la discipline des garçons et des filles respectivement, sans compter un effectif extra sportif deux fois supérieur aux compétiteurs.
Les histoires de primes non payés n’émeuvent plus aucun d’entre nous tant il est présent dans nos vies; mais plusieurs ignorent que la finale des Jeux Olympiques 2000 a faillit ne jamais se jouer et que les primes des joueurs ont été versées à 9 heures au matin du jour de la finale alors que le coup d’envoi allait se donner trois heures plus tard.
Bien évidemment, les résultats probants nous font croire que certains cousins des Dieux sont camerounais.
Ne revenons pas inutilement sur la calamité japonaise qui a complètement étalé l’incompétence et les lacunes de nos dirigeants et qui appelait à un questionnement profond qui semble ne pas avoir été fait; même si les autorités ont ciblé et écarté injustement certains leaders de la sélection. Mais un effort des instances sportives, aussi moindre soit-il s’impose; à cela dépend l’avenir de notre football et la capacité d’étendre l’éclosion des talents.
Que dirons-nous aussi de la fédération de football, qui semble s’être éclipsé devant ses responsabilités, laissant ainsi le champ libre au ministère de gérer comme bon lui semble le football?
Si aujourd’hui, l’on salue la trêve entre les deux instances et les caisses de la fédérations qui semblent bien garnies, fruit de la gestion correcte des dirigeants actuels, l’on ne pourra cependant pas se satisfaire de la qualité des championnats nationaux et provinciaux, du manque de compétitivité de nos équipes, des conditions de travail des joueurs du terroir qui pour la plupart se font abuser par leur dirigeants et ayant droits.
La gestion des stades devraient échoir au club pour leur permettre de mettre en place une véritable politique de marketing, de développer les entrées au stade, d’offrir de la visibilité aux sponsors et partenaires et de transformer ainsi le format de fonctionnement de nos clubs, de l’associatif au lucratif. Nos équipes se doivent de générer des profits pour assurer leur survie.
La fédération devrait maintenir la pression sur le ministère pour faire cesser les pratiques qui sont en place depuis les années 60 et les adapter aux modes de fonctionnement modernes. Sans marketing, il ne peut y avoir de véritable planification financière pour ces équipes qui continueront à compter sur des bienfaiteurs périodiques déguisés en président omnipotent et qui fonctionnent, pour certains en véritables despotes, cumulant sans dire leur nom les postes de président, entraîneur, masseur, thérapeute, psychologue, et plusieurs autres encore.
L’administration autour du football camerounais est malade, très malade, et seule une pleine volonté de changement des hauts administrateurs peut l’extirper de l’impasse où il s’est empêtré. Sauront-ils mettre de côté leur divergences égoïstes pour se consacrer à l’édification d’un empire de football fort et digne? Le Cameroun est riche en talent; et ni la Turquie, quart de finaliste au dernier mondial, ni l’Allemagne malheureux finaliste ne peuvent rivaliser d‘arguments si les Lions sont placés dans des conditions optimales de préparation. L’exemple de la dernière Coupe des Confédérations en fait foi. Aurait-il été une erreur de casting dans l’atmosphère tumultueuse de l’entourage des Lions? L’avenir nous le dira.
JC Mimb
redaction@camfoot.com