La tension monte dans le Kpa Kum. Le congrès annoncé pour la première quinzaine de novembre parviendra-t-il à ramener l’ordre dans le club le plus huppé du Cameroun? La défaite du Canon de Yaoundé (0-2) face à l’Usma dimanche dernier en match comptant pour la 4e journée de la ligue des champions africains 2003 au stade de la Réunification à Douala a réveillé les vieux démons de la bataille pour la prise de la direction générale du club phare de la capitale.
Il est reproché à Théophile Abéga, ancien capitaine du Canon et directeur général (0g) du club, depuis le 21 mars 1993, un certain nombre de choses : la vente des joueurs, la gestion floue du club, le manque de visibilité des retombées du partenariat avec Lokeren et la suffisance qu’afficherait Abega aux yeux de certains.
A en croire M. Akono Ndengue, membre du Canon et proche collaborateur de Théophile Abéga, “Ceux qui l’accusent n’ont pas l’honnêteté de reconnaître le travail qu’il a abattu en quelques années. Je peux même vous dire qu’il est victime de son bilan”. De la vente des joueurs, M. Akono Ndengue indique que “le Canon n’a pas vendu de joueur ces dernières années. A la première année de son contrat avec Lokeren (2001-2002), le Canon n’a donné aucun joueur. La majorité des joueurs de Canon ont fait des tests non concluants.” Pour ce qui est du cas Eric Ekounga, il est parti en Europe, embarqué dans une histoire de club qui a mal tourné. Abandonné dans un hôtel, il a fallu l’intervention d’Abega pour convaincre les dirigeants de Lokeren de le tirer de là en payant les 10 millions de Fcfa pour son coéquipier Békono et lui. Pour ce qui est de Ngon A djam qui venait de faire le voyage en Europe, c’est un membre de l’encadrement technique qui l’aurait envoyé en Norvège. Après cet échec, il est revenu en Belgique. Alors qu’il se préparait à signer un contrat, le club qui l’avait mis dans un hôtel s’est retrouvé avec une ardoise de 5 millions de francs cfa de frais de téléphone. Une fois payé, on l’a refusé. Il ne lui restait qu’à revenir au Cameroun.
Un Canon de problèmes
Abéga aura de la peine à convaincre les supporters du Canon de sa bonne foi par rapport à la gestion des fonds. Même comme Willy Verhoost, manager général de Lokeren confiait au reporter du journal Le Messager il y a quelques mois qu’il est “Je suis satisfait de la gestion des fonds par Abéga. Il y met même son propre argent. S’il n’est pas à la tête du club, le contrat est annulé” Beaucoup pensent que Abega détourne l’argent des joueurs. Ce qui a même poussé ces derniers à observer une grève il y a quelques semaines. Les adversaires de Abega pensent que le club n’a pour seul souvenir des belges que le bus, la réfection du stade malien, l’occupation d’un siège en location.
Il faut aussi dire que la brouille Abega-Ndjili Pierre a laissé des traces. Affecté chez les Mekok Me Ngonda par le Minjes, le coach Ndjili devait percevoir 800.000 fcfa des primes de qualification pour le second tour. Une fois que cet argent est tombé entre les mains d’Abega, il a commencé à le restituer au compte-gouttes. L’entraîneur a saisi le ministre Bidoung Mkpatt, chose qui ne pouvait que brouiller leurs relations. Abega a compris qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier. Ainsi s’est-il engagé à se rapprocher de Lion de Yaoundé. Qu’il entend être le président au cas où… M. Akono Ndengue trouve encore là, une justification : “ Lion de Yaoundé est le deuxième démembrement du Canon après la naissance de Tonnerre en 1933. Le père d’Abega y avait même joué. Il fut l’un des créateurs de cette équipe qui entretient d’excellents rapports avec le canon. Lors du jubilé d’Abega, Lion avait joué au stade Mbida Adolphe de Nkomo (stade Abega). On a vu des anciens coéquipiers du père d’Abega évoluer” .
Des luttes de positionnement
Les batailles de positionnement dans le canon ne datent pas d’aujourd’hui. En 1979, on a noté deux fortes batailles entre Eteme et Koungou Edima. Il y avait des radicaux de part et d’autre. Eteme ayant comme partenaire Ateba Eyene, il se dit que le président Ahidjo qui soutenait le Canon a sifflé la fin des tiraillements. Les deux ténors mis de côté, c’est alors Ndongo qui a été choisi comme l’homme du consensus alors qu’il était trésorier. En 2001, Ossomo Alain qui avait contacté les Belges est entré en rébellion face à la gestion d’Abega. Soutenu en cela par Emmanuel Mvie. En son temps, on voyait la bataille entre Koungou Edima alors ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation et Pca du Feicom, parrain d’Abega, et Emmanuel Gérard Ondong Ndong directeur du Feicom et principal soutien de Emmanuel Mvie.
Deux ans après, les conflits reviennent en surface. On se bat dans un camp comme dans l’autre, pour gérer le club dont l’histoire donne indubitablement de la consistance aux dirigeants. Le canon est l’équipe la plus titrée et la plus connue du Cameroun. Seulement, les résultats de 1966 à 1984 ont été obtenus avec l’aide de dirigeants qui avaient de hauts postes de responsabilité. Bien plus, le canon avait, tout autour, des dignitaires craints et respectés avec des grands moyens financiers. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Plus de conseil d’administration, le comité des sages a aussi disparu. Le canon dont s’ouvrira le congrès à la première quinzaine du mois de Novembre, a mal à ses dirigeants.
Sandeau Nlomtiti